Depuis quelques années, le régime carnivore est en disgrâce. Manger des animaux alourdit votre bilan carbone, trop de viande rouge augmente le risque de mourir jeune…Récemment des chercheurs suggéraient même de la remplacer par des protéines végétales afin de réduire le risque de maladies cardiovasculaires. Mais si les personnes suivant un régime végétalien (Vegan, excluant absolument tous les produits animaux) ou végétarien ont moins de risque de développer une maladie cardiaque, elles sont en revanche plus susceptibles d’avoir un accident vasculaire cérébral (40 000 morts chaque année en France), selon une nouvelle étude publiée mercredi 4 septembre dans le British Medical Journal.
Pour en arriver à cette conclusion, des chercheurs de l’Université d’Oxford (Royaume-Uni) ont analysé les données de plus de 48 000 personnes sur 18 ans. Les participants, recrutés entre 1993 et 2001, n’avaient aucun antécédent de maladie cardiaque ou d’AVC. Les scientifiques les ont répartis en trois groupes : les carnivores, les pescatariens (végétariens qui mangent du poisson et des fruits de mer) et les végétariens/végétaliens.
Puis, en 2010, ils leur ont demandé s’ils avaient changé de régime alimentaire entre-temps et les ont interrogés sur leur consommation de tabac ou leurs habitudes sportives. Après avoir pris en compte ces facteurs, ils ont constaté que les pescatariens présentaient une diminution de 13% du risque de maladies cardiaques par rapport aux carnivores et que ceux qui suivaient un régime à base de plantes avaient 22% moins de risque.
Un manque de vitamine B12 dans l’alimentation des végétariens
"Nous avons observé des taux plus faibles de cardiopathie ischémique chez les pescatariens et les végétariens par rapport aux mangeurs de viande. Ce qui semble être dû en partie au moins à un indice de masse corporelle plus bas et à des taux plus bas d’hypertension, de cholestérol sanguin élevé, associés au diabète dû à ces régimes", notent donc les chercheurs.
En revanche, malgré le risque réduit de maladies cardiaques, ils ont remarqué que le taux d’AVC était 20% plus élevé que chez ceux qui mangeaient de la viande. Probablement à cause du faible niveau de vitamine B12 dans leur alimentation, avancent les chercheurs. Cette dernière est essentielle au bon fonctionnement de l’organisme. En effet, elle joue un rôle de synthèse ou de modification au niveau des globules rouges, des protéines, des acides gras, osseux, neuronal et de l’AD. Mais malheureusement pour les vegans, les végétaux et les champignons n’en contiennent pas : elle est seulement présente dans le règne bactérien et animal.
"Des travaux futurs devraient comprendre d'autres mesures des taux circulants de sous-fractions du cholestérol, de vitamine B12, d'acides aminés et d'acides gras dans la cohorte afin d'identifier les facteurs qui pourraient agir comme médiateurs des associations observées. Des études supplémentaires dans d'autres cohortes à grande échelle avec une forte proportion de personnes non carnivores sont nécessaires pour confirmer la généralisabilité de ces résultats et évaluer leur pertinence pour la pratique clinique et la santé publique", concluent-ils.
De l’importance pour la santé d’une alimentation variée
En attendant d’en savoir plus, ils recommandent à la population de se rapporter aux recommandations du Guide Eatwell du National Health Service. Ce dernier suggère de manger au moins cinq portions de fruits et légumes par jour, d’inclure des produits laitiers ou de remplacement dans son alimentation et de surtout bien penser aux protéines (viande maigre, poisson, fruits de mer, légumineuses, tofu, noix non salées…).
Les féculents quant à eux doivent constituer un peu plus du tiers de l’assiette, précise le guide qui recommande de choisir des variétés de fibres complètes telles que des pâtes de blé entier et du riz brun. Vous pouvez aussi laisser la peau des pommes de terre. Et bien sûr, limitez les aliments riches en matières grasses, en sucres et en sel.
Il y a environ un an, des chercheurs britanniques ont fait une découverte très importante concernant la vitamine B12. Se demandant comment l’apporter aux personnes vegan, ils ont fait cultiver un jardin à des écoliers dans lequel des molécules de la vitamine avait été plantées. Une semaine plus tard, les feuilles avaient absorbé la plante. A terme, ces résultats pourraient permettre de soigner les déficiences alimentaires dans des pays à majorité végétarienne comme l’Inde.