Le café, bon ou mauvais pour la santé ? Pas un mois ne s’écoule sans qu’une étude scientifique ne vienne vanter les vertus de ce breuvage corsé ou au contraire mettre le grand public en garde contre lui. D’après une nouvelle étude présentée début novembre lors du congrès du National Cancer Research Institute britannique à Glasgow (Royaume-Uni), le café diminuerait le risque de développer un carcinome hépatocellulaire (CHC). Il s’agit du cancer du foie le plus courant : c’est la 5e cause de cancer dans le monde et la 3e cause de mortalité par cancer. Les résultats de ces travaux sont parus dans le British Journal of Cancer.
Pour en arriver à ces conclusions, les chercheurs la Queen’s University de Belfast (Royaume-Uni) ont examiné les habitudes de consommation de 471 779 personnes enregistrées dans la Biobank britannique. Plus des trois quarts des participants à l’étude ont déclaré boire du café. Globalement, les buveurs de café étaient relativement plus âgés, de sexe masculin, issus de zones moins défavorisés et présentaient un niveau d’éducation supérieur, ont remarqué les chercheurs. Ils avaient également tendance à consommer beaucoup d’alcool, à être fumeurs ou anciens fumeurs et à avoir plus de cholestérol.
Après avoir pris en compte tous ces facteurs, les scientifiques ont réalisé que les buveurs de café avaient en moyenne 50% de risque en moins de développer un carcinome hépatocellulaire que ceux qui n’en buvaient pas.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires
Le CHC est un cancer primitif du foie : il se développe à partir des cellules du foie. Entre 5 000 et 7 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année en France et la maladie survient généralement chez les personnes dont le foie est déjà endommagé par une maladie chronique. Si ses causes les plus fréquentes sont l’hépatite B, l’hépatite C, l’intoxication alcoolique et stéatohépatite non alcoolique (NASH), le diabète et l’obésité sont également des facteurs de risque.
“C’est l’une des premières études à étudier le risque de cancers digestifs selon différents types de café, et nous avons constaté que le risque de CHC était tout aussi faible chez les personnes qui buvaient principalement du café instantané, le type de café le plus consommé au Royaume-Uni. Nous avons besoin de beaucoup plus de recherches pour déterminer les raisons biologiques possibles de cette association”, explique le Dr Úna McMenamin, co-autrice de l’étude.
“Les personnes qui boivent du café pourraient trouver qu'il est bon de garder cette habitude pour leur santé. C’est notamment parce que le café contient des antioxydants et de la caféine, ce qui pourrait protéger du cancer. Cependant, boire du café n’est pas aussi protecteur contre le cancer du foie que le fait d’arrêter de fumer, de réduire sa consommation d’alcool ou de perdre du poids”, nuance toutefois Kim Tu Tran, principal auteur de l’étude. Les chercheurs n’ont d’ailleurs pas retrouvé cet effet protecteur contre le risque d’autres cancers digestifs comme celui de l’intestin ou de l’estomac.
Attention aux excès de caféine
Le café est un breuvage très étudié par les chercheurs qui ont du mal à s’accorder sur ses bienfaits ou au contraire ses dangers. D’après des récents travaux, il aurait des vertus contre l’accumulation de graisses. En effet, ses sous-produits (deux composés phénoliques, l'acide protocatéchoïque et l'acide gallique) activeraient les mitochondries dans les tissus adipeux, ce qui accélèrerait la fonte des graisses. Il serait donc bénéfique pour les personnes sujettes à l'obésité, au diabète de type 2 et aux maladies cardiovasculaires.
En revanche, selon une autre étude parue en août dans le American Journal of Medicine, boire trois tasses de café par jour ou plus pourrait entraîner des maux de tête dans les heures ou les jours qui suivent.
C’est donc l’excès qui serait dangereux ? D’après une autre étude parue dans The European Journal of Epidemiology où les chercheurs ont étudié les données de 4 millions de participants, consommer deux à quatre tasses de café (même décaféiné) par jour serait associé à un risque réduit de mortalité (-17% de risques de décès de maladies cardiaques, -24% de risques de décès liés au diabète et -4% de risques liés au cancers). Cette conclusion rejoint une méta-analyse réalisée en 2017 selon laquelle boire trois à quatre tasses quotidiennes de café réduirait le risque de décès par maladie cardiaque. Attention toutefois à ne pas aller au-delà. D’après des chercheurs de la South Australian University, boire plus de cinq cafés par jour accroit de 22% le risque de maladies cardiovasculaires. En cause : l’excès de caféine, qui favorise l’hypertension artérielle.