C’est une première mondiale. Au Japon, des chercheurs de l’université d’Osaka ont réussi la toute première transplantation de muscles cardiaques cultivés en laboratoire, rapportait le Japan Times le 28 janvier. Au lieu de remplacer le cœur entier du patient, ils ont placé des feuilles biodégradables composée des cellules musculaires cardiaques sur les zones abimées du cœur. Si la procédure se poursuit sans encombre, cette pratique pourrait être généraliser et, à terme, éliminer le besoin de transplantations cardiaques complètes chez de nombreux patients.
Pour cultiver les cellules du muscles cardiaques en laboratoire, les chercheurs ont utilisé des cellules souches pluripotentes induites (iPS) appartenant au malade. En les reprogrammant, ils les ont transformées en cellules du muscles cardiaques et les ont ensuite placées sur de fines feuilles biodégradables. En sécrétant une protéine, les cellules devraient aider à régénérer les vaisseaux sanguins et améliorer la fonction cardiaque du malade. Si tout se passe bien, cela devrait permettre une régénération suffisante pour éviter la transplantation cardiaque.
Les chercheurs prévoient désormais de surveiller le patient pendant un an et espèrent, à terme, pouvoir effectuer la même procédure sur neuf autres personnes au cours des trois prochaines années. Si les essais cliniques se déroulent correctement, les scientifiques devraient obtenir l’approbation du ministère de la Santé pour des applications dès que possible. La procédure pourrait finir par devenir une alternative courante aux transplantations cardiaques.
“J’ai rencontré de nombreux patients que je n’ai pas pu sauver”
Il est beaucoup plus facile de se procurer des cellules iPS que de trouver un cœur de donneur compatible. Qui plus est, le système immunitaire du patient est plus susceptible de tolérer des cellules souches qu’un nouvel organe, expliquent les chercheurs. “J’espère que [la greffe de cellules souches] deviendra une technologie médicale qui sauvera autant de personnes que possible, car j’ai rencontré de nombreux patients que je n’ai pas pu sauver”, a déclaré le Professeur Yoshiki Sawa, qui a dirigé l’étude, à la presse japonaise.
Le malade qui a bénéficié de cette avancée médicale souffrait de cardiomyopathie ischémique. Cette maladie cardiaque, qui touche 3,7% de la population en France et surtout des hommes, se caractérise par une insuffisance d’oxygénation du cœur due à un rétrécissement des artères coronaires par des plaques d'athérome (dépôt de graisse sur la paroi des vaisseaux). Le cœur est alors moins bien irrigué.
Quand une personne souffre d’insuffisance cardiaque, il arrive qu’elle se voit proposer une greffe cardiaque. Toutes les personnes ne peuvent toutefois pas être greffées, tels que les plus de 65 ans, les patients souffrant d’un cancer évolutif ou récent ou de certains problèmes rénaux ou hépatiques.
En France, 500 greffes cardiaques par an
Si le patient remplit les conditions nécessaires à une greffe, on l’inscrit sur la liste d’attente pour une transplantation. Dès lors, il doit “rester joignable 24h/24 et pouvoir arriver à l’hôpital dans les 2 heures suivant l’appel l’informant qu’un organe est disponible. La durée d’attente est très variable : l’appariement entre donneur et receveur est réalisé en fonction de la gravité du receveur, de la compatibilité de groupe sanguin, de morphologie et d’âge. Cet appariement est réalisé par l’Agence de biomédecine qui répartit nationalement les greffons”, explique la Fédération française de cardiologie sur son site.
L’intervention dure 4 à 8 heures, puis le transplanté reste entre 10 et 15 jours en réanimation, isolé afin d’éviter toute complication infectieuse. Il est ensuite admis en chirurgie cardiaque où les spécialistes équilibrent son traitement médicamenteux et vérifie que le cœur greffé n’est pas rejeté. Enfin, le patient part en centre de réadaptation.
Une fois sorti de l’hôpital, il pourra reprendre une vie normale avec un cœur sain et fonctionnel. Il devra cependant prendre un traitement médicamenteux et immunodépresseur tout sa vie afin de de réduire le risque de rejet. Chaque année en France, près de 500 personnes reçoivent une greffe cardiaque.