Mardi 23 février, les tumeurs cérébrales de deux agriculteurs morts ont été reconnues comme maladie professionnelle en lien avec l’utilisation de certains pesticides. Concrètement, cela permet aux familles des victimes de toucher une aide financière d’à peu près 7000 euros par an.
Ces deux décisions, encore exceptionnelles, ont été justifiées par le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) de Nantes et le le TGI de Rennes.
"Une avancée pour toutes les victimes"
"C’est une avancée pour toutes les victimes. La décision judiciaire est un premier pas vers la reconnaissance officielle du lien entre l’exposition aux pesticides et l’apparition de tumeurs cérébrales. Et pourquoi pas vers d’autres pathologies hors tableau, pour lesquelles la présomption d’imputabilité ne s’applique pas", se félicite dans l’Obs Claire Bourasseau, chargée de mission d’aide aux victimes au sein de l’association Phyto-Victimes.
La cohorte Agrican, qui inclut 180 000 participants affiliés à la MSA, "montre des risques de tumeurs du système nerveux central plus élevés chez les utilisateurs de pesticides sur certaines cultures (pommes de terre, tournesol et betteraves)", souligne dans l’Union Isabelle Baldi, épidémiologiste à l’université de Bordeaux. "De plus, des liens ont été mis en évidence avec des insecticides, des herbicides et des fongicides du groupe des pesticides carbamates". L’enquête Agrican pointe ainsi un risque qui peut être multiplié par 3 ou 4 selon les pesticides utilisés et les tumeurs concernées.
Le rapport de l'Inserm sur les pesticides
En 2013 en revanche, l’Inserm a publié un rapport qui n’associe pas directement les pesticides et les tumeurs cérébrales. "Concernant les autres localisations cancéreuses étudiées, l’analyse de l’ensemble des études reste difficile. Plusieurs raisons peuvent être évoquées : une incidence faible (cancer du testicule, tumeurs du cerveau et maladie de Hodgkin) ou l’existence d’un facteur de confusion important (comme par exemple, l’exposition aux ultras violets de la population agricole, facteur de risque reconnu pour le mélanome)", écrivaient à l’époque les experts.
En revanche, "il semble exister une association positive entre exposition professionnelle à des pesticides et certaines pathologies chez l’adulte: la maladie de Parkinson, le cancer de la prostate et certains cancers hématopoïétiques (lymphome non Hodgkinien, myélomes multiples)", note le rapport. Par ailleurs, les expositions aux pesticides intervenant au cours de la période prénatale et périnatale ainsi que la petite enfance semblent être particulièrement à risque pour le développement de l’enfant.