120 mots par minute. C’est le niveau de vitesse de lecture que devraient atteindre tous les élèves de l’école élémentaire avant leur passage en 6ème, selon le ministre de l’Education nationale, Pap Ndiaye, qui devrait annoncer d'ici peu, selon France Info, un grand « plan orthographe » à base de dictées quotidiennes pour renforcer les capacités de « décodage ». La vitesse de lecture d’un adulte moyen est estimé à 300 mots par minute, contre 450 chez un étudiant et 675 chez un professeur d’université, selon un classement de Forbes. Les lecteurs dits rapides, eux, tournent à plus de 1.000 mots par minute, tel le champion de France Florian Manicardi, qui peut en lire « entre 800 et 1200 » en fonction du texte.
C’est aussi la raison pour laquelle il est nécessaire, devant un article par exemple, de bien lire les titres et les chapeaux qui résument le sujet et induisent déjà quelques informations au lecteur : quand on lit « les dotations publiques vont baisser », on a déjà en tête certaines questions (de combien, pourquoi, quand...), comme un guide de lecture. Or, à partir du moment où l’on connaît les questions, c’est plus facile de repérer les réponses dans l’article... On conditionne son cerveau à mieux anticiper la lecture à suivre.
- Mieux Vivre Santé : Qu’est-ce que la lecture rapide ?
Florian Manicardi : Contrairement à ce que l’on croit, la lecture rapide (LR) ne consiste pas à lire tous les mots très rapidement. L’objectif est de lire l’essentiel, les éléments les plus importants du texte. Il faut donc avoir un bon esprit de synthèse, ainsi qu’une bonne confiance en soi : il ne faut pas partir perdant et se dire que « si je ne lis pas tout je ne vais pas comprendre, si je survole je vais oublier », etc. Il faut se concentrer sur la lecture plutôt que sur un possible échec.- L'intérêt est donc avant tout fonctionnel. Est-ce que cela ne fait pas sortir du cadre de la littérature ?
FM : La LR est d’abord un outil de productivité, mais cela ne veut pas dire que les techniques de lecture rapide basiques gâchent le plaisir de lire. Je dois admettre que j’ai une certaine déformation professionnelle – ça aide lors de passages un peu longs ! Mais pour bien apprécier certains livres, je ne lis pas comme je lis en compétition, avec des techniques de lecture ultra-rapide qui permettent de balayer le texte, de lire seulement un mot sur trois ou quatre, voire une ligne sur deux. D’autant que cela peut sembler décourageant pour les non-initiés. On peut apprendre à lire plus efficacement, avec quelques astuces de base, sans jamais perdre le plaisir de la lecture.- Par quoi commencer ?
FM : Premier conseil, apprendre à lire des groupes de mots en un seul coup d’œil. Quand on lit en temps normal, on fait comme à l’école, mot à mot : on isole chaque terme pour les lire à la suite. Or en lecture rapide, on regroupe des mots qui vont généralement ensemble, qui sont cohérents. Prenez une boîte de médicaments, où il est écrit « voie - buccale » ou, plus long, « tenir - hors - de la vue - et de portée - des enfants » : chaque mot est habituellement associé à un autre. En lisant ainsi des groupes entiers de mots, la vitesse de lecture augmente de façon considérable. La preuve avec l’exercice du tachitoscope, un outil qui fait défiler les mots à grande vitesse, que je propose à mes élèves. Les étudiants doivent d’abord lire un texte dont les mots défilent un à un, à vitesse de 250 mots par minute. Puis ils doivent lire un autre texte équivalent, que l’on fait cette fois défiler trois mots par trois. Résultat, la vitesse de lecture augmente à 300 mots par minute, et ce alors même que la plupart des étudiants croient qu’elle a stagné voire ralenti. Sans s’en rendre, ils ont été plus rapides en lisant le texte par communautés de mots.- Comment identifier les mots plus essentiels ?
FM : Chacun sa méthode, car il s’agit de repérer les mots qui nous parlent plus que d’autres et les mots qui nous « polluent » la lecture. C’est ce que j’appelle développer son radar, qu’on a déjà tous en nous naturellement. On a en effet tendance à focaliser sur les verbes, les noms, certains adjectifs, et à sauter les conjonctions de coordination, les prépositions, les adverbes... En réalité, c’est comme avec des textes à trous ou des anagrammes : le cerveau sait combler les vides et déduire tout seul l’idée de la phrase. Avec la lecture rapide, on lit avec son cerveau et non avec ses yeux.C’est aussi la raison pour laquelle il est nécessaire, devant un article par exemple, de bien lire les titres et les chapeaux qui résument le sujet et induisent déjà quelques informations au lecteur : quand on lit « les dotations publiques vont baisser », on a déjà en tête certaines questions (de combien, pourquoi, quand...), comme un guide de lecture. Or, à partir du moment où l’on connaît les questions, c’est plus facile de repérer les réponses dans l’article... On conditionne son cerveau à mieux anticiper la lecture à suivre.