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Médecine naturelle

Douche froide : jetez-vous à l'eau !

L’eau froide, c’est bon pour la santé. A tel point que certains font le choix (courageux) de prendre régulièrement des douches, voire des bains à basse température. Avec l’aide d’un spécialiste, on vous présente le mode d’emploi pour y arriver sans rechigner, et tous les bénéfices que vous pourriez en retirer.

Douche froide : jetez-vous à l'eau ! VladOrlov / iStock

  • Publié le 13.05.2022 à 14h00
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L’utilisation de l’eau froide comme remède ne date pas d’hier. Au IVe siècle avant J-C, le Grec Hippocrate, père de la médecine, l’employait déjà pour soulager certains maux comme les fièvres ou l’arthrose. Pendant l’Antiquité, les bains froids étaient supposés fortifier le corps et l’esprit, contrairement à l’eau chaude qui les ramollirait. Au milieu du XIXe siècle, l’abbé Sebastian Kneipp, inspiré par les travaux du docteur Hahn, aurait même soigné sa tuberculose, dite incurable à l’époque, grâce à des immersions dans les eaux à 5°C du Danube, avant d’en tirer une méthode qui portera son nom. Aujourd’hui, on ne compte plus les braves qui font trempette en plein hiver dans le lac Léman, en Suisse, ni les adeptes des bains nordiques alternant eau glacée et sauna, ni encore les retraités qui s’adonnent au froid dans les spas et cures thermales (certificat médical de leur médecin sous le bras). A côté de ça, l’hydrothérapie, c’est-à-dire le soin par l’eau à température plutôt ambiante, c’est vraiment nager dans le petit bain !

Il faut dire que la science cautionne l'immersion dans les températures polaires : selon une récente étude (parmi tant d’autres) menée aux Pays-Bas en hiver, les travailleurs qui prenaient une douche froide d’au moins 30 secondes tous les matins pendant deux mois tombaient malades 30 % de jours en moins que celles ayant profité d’une douche brûlante, et même 54 % de moins s’ils pratiquaient en parallèle une activité physique régulière. Mais si c’est si bénéfique pour la santé, pourquoi tout le monde ne le fait pas ? Pour une simple (mais pas bonne) raison : acclimatés depuis toujours au réconfort des bains chauds, nous ne sommes pas conditionnés, ni physiquement ni mentalement, pour nous geler les cuisses de bon matin. « Notre réticence à l’eau froide est avant tout culturelle », résume Philippe Stéfanini, docteur en anthropobiologie et chercheur CNRS, coauteur de La santé par l’eau froide (éd. Jouvence, 2020). Heureusement, donc, nous pouvons apprendre de nouveaux rituels. Voici quelques conseils pour parvenir à vous jeter à l’eau sans en frissonner d’avance.

Degré par degré, goutte par goutte

Avant de vous lancer corps et âme sous l’eau glaciale, mieux vaut les préparer progressivement au choc thermique pour ne pas les décourager. Déjà, moralement : « Il ne faut pas vous dire que vous ne prendrez plus jamais de douches chaudes ! Deux à trois douches froides par semaine suffisent à avoir de l’effet », estime le spécialiste. Libre à vous d’augmenter la fréquence, l’important est de tenir sur la durée. Ce qui implique de bien choisir son moment pour entamer la cure (spoiler, pas en janvier !). « Le mieux, c’est de commencer à un changement de saison chaude, soit au début du printemps quand l’eau est froide mais se réchauffe, soit à l’entrée de l’automne lorsque est chaude mais refroidit. L’idée est que cela soit progressif : de plus en plus facile, ou de plus en plus difficile. » Toute la rédaction de Mieux Vivre Santé vous rappelle que le printemps est déjà là...

Pour que le froid vous morde moins, il est judicieux d’effectuer au préalable un travail de respiration dynamique ou abdominale : inspirez par le nez 5 secondes, gardez l’air 3 secondes ou plus, expirez par la bouche 5, puis retenez 3. Et ce, pendant 5 minutes (couvrez-vous, vous ne devez pas avoir froid). « Cela permet d’augmenter le taux d’oxygène dans le sang, et donc d’avoir une plus grande résistance au froid », assure Philippe Stéfanini. Autre travail du souffle, plus rigoureux : l’hyperventilation, vantée par les athlètes, qui consiste à faire des séries d’inspirations pleines et rapides et d’expirations lentes, avec de l’apnée en prime. « En plus de libérer les hormones du plaisir (dopamine, sérotonine, adrénaline...), cela permet d’optimiser les capacités physiques du corps, en particulier du cœur, qui "apprend" à pulser plus vite – chose qu’il est contraint de faire au contact de l’eau froide. » Une fois cet exercice terminé, vous pouvez même pousser l’échauffement en faisant 15 min ou plus d’activité physique avant la douche : « Vous ne ressentirez alors presque pas les effets de l’eau froide sur votre corps ! »

Pendant la douche froide (un supplice pour les non-initiés, soyons honnêtes), l’enjeu est d’y aller étape par étape, goutte par goutte. « Il faut privilégier l’exposition progressive et la répétition », selon l’anthropobiologiste. Par exemple, démarrer par les pieds, les jambes et les bras les premières douches, puis jusqu’au bassin les suivantes, avant la dernière étape, la nuque et la tête. Vous pouvez aussi rafraîchir l’eau au fur et à mesure de la douche, ou vous mettre au défi de prendre à chaque fois une douche un peu plus froide que la précédente. « Il y a des effets dès lors que la température de l’eau est inférieure à celle du corps, 37 °C, mais l’idéal se situe entre 0 et 18 °C. Plus l’eau est froide, moins l’application a besoin d’être longue pour être bénéfique. Une immersion de 10 min dans une eau à 14 °C équivalent à plus d’une heure de yoga. » Vous ne faites pas de yoga et aimez trop les douches brûlantes ? Alors « la douche écossaise est un bon compromis » : à l’eau chaude, sauf à la fin pendant au moins 15-30 dernières secondes. Ou le contraire, eau froide (vraiment froide) puis chaude, ou alterner les deux. Jusqu’au jour où vous déciderez de ne plus faire dans la demi-mesure : « Les gens commencent à s’habituer aux douches froides complètes au bout de 3-4 semaines. Après 4 mois, ils sont accros ! »

Après la douche, évidemment, c’est moins compliqué : vous êtes, de fait, soulagé d'être au chaud. Pas tant de conseils ici donc, hormis le classique « se sécher et se couvrir pour se réchauffer rapidement ».

Prévenir plutôt que guérir

Vous n’êtes pas encore très chaud pour passer à l’eau froide ? Attendez de connaître ses bienfaits sur le corps et l’esprit, ils pourraient bien vous motiver à passer le cap sibérien.

Elle booste l’afflux sanguin. « L’eau froide augmente la circulation sanguine du corps, ce qui accroît notre besoin en oxygène : nous inspirons automatiquement plus profondément, la fatigue s’estompe, le métabolisme est plus performant », détaille Philippe Stéfani. Ce qui explique pourquoi la douche froide est si efficace pour se réveiller après une nuit trop courte, avec une sensation de bien-être à la clé. « Le matin, la douche froide agit sur l’organisme comme quatre cafés, alors que la douche chaude a un effet sédatif. »

Elle stimule les systèmes immunitaire, respiratoire, musculaire... Réduction du risque de maladies cardiovasculaires, augmentation du souffle, réparation des muscles, stimulation du système endocrinien, hormonal... La liste est longue, retenez simplement que l’eau froide est un stimulant naturel pour le bon fonctionnement de tout l’organisme. « Il n’y a qu’à constater la meilleure résistance au froid que cela procure. »

Elle favorise le sommeil. « Lors d’une insomnie, le corps se réchauffe sous l’effet du stress engendré par la recherche du sommeil. A l’inverse, l’organisme refroidit quand on est sur le point de s’endormir. » Prendre une douche froide le soir, même juste avant de dormir, permet donc d’inciter le corps à se rafraîchir, et donc de tomber plus facilement dans les bras de Morphée. Sans compter que « votre sommeil sera plus réparateur, qualitatif, apaisé ».

Elle agit comme antidépresseur. « L’eau froide provoque un afflux électrique dans le cerveau qui sécrète les fameuses endorphines, lesquelles ont un effet antidépresseur. » Ce n’est pas tout : elle fait baisser le taux de cortisol et augmente celui de sérotonine, l’hormone de la bonne humeur. Autant de facteurs bien-être qui font de la douche glacée un remède pour les personnes souffrant d’anxiété chronique. « Une douche froide vers 18h sans mouiller la tête, pleine d’acide phosphorique (le déchet du cerveau) après une journée de travail, aura un effet détente immédiat », recommande le chercheur-baigneur du CNRS.

Elle soulage les douleurs. C’est tout le propos des travaux de l’abbé Kneipp, qui a listé plus de 120 types de douches/bains pour soulager des maux spécifiques, grâce à des applications localisées. Aujourd’hui, Philippe Stéfanini évoque « l’effet d’apesanteur sur les articulations » que ressentiraient certains seniors pratiquant les bains de mer. « La douleur peut vous soigner ! Que ce soit l’eau froide, le jeûne alimentaire ou l’activité physique, c’est douloureux mais efficace. C’est une médecine gratuite, préventive, prédictive et qui s’adapte à chacun. »

Elle aide à mincir. « L’eau froide stimule la combustion des graisses. Quelques minutes sous un jet d’eau froide permettent de brûler entre 200 et 300 calories », assure l’anthropobiologiste, qui évoque des « patients qui ont perdu une dizaine de kilos sans changer leurs habitudes alimentaires, en prenant simplement des bains froids ». Aussi douloureux, peut-être, mais plus efficaces qu’un jogging !

Elle est un atout pour la peau. Au-delà de la santé, l’eau froide a aussi des bienfaits esthétiques, puisqu’elle « resserre les pores et conserve l’élasticité et la fermeté de la peau », lui donnant ainsi un aspect plus lisse, alors que l’eau chaude tend à l’assécher. « En se douchant 3 fois par semaine à l’eau froide, on diminue le risque de devenir flasque avec l’âge. » Dans le même esprit beauté, se rincer les cheveux à froid « referme les écailles de la fibre capillaire », ce qui rend la chevelure plus brillante et soyeuse. Il paraît qu’il faut souffrir pour être beau...

« Je n’ai pas été malade cet hiver »

Orlando, 31 ans, est adepte des douches froides (et de quelques bains glacés) depuis 1 an : « J’ai commencé petit à petit, avec des douches écossaises, de plus en plus froides et de plus en plus longues, et des exercices de respiration en parallèle. J’ai mis à peu près un mois à m’habituer. L’été, c’est plus facile, bien sûr. En hiver, ce serait mentir de dire qu’on s’habitue, cela reste un calvaire ! Mais aujourd’hui je ne prends que des douches froides et les effets sont là. Déjà, en sortant de l’eau, on sent un boost d’énergie, on est "chaud" dans tous les sens du terme, physiquement et mentalement, mais on est aussi très détendu. Je suis très sportif et j’ai la sensation aussi que je récupère mieux musculairement après la douche froide suivant ma séance. A plus long terme, j’ai remarqué que ma tolérance au froid a clairement augmenté, je peux être en tee-shirt longtemps dehors en plein mois de janvier ! Je n’ai pas été malade d’un seul rhume cet hiver, et je suis plus en forme les lendemains de fêtes. Psychologiquement, aussi, cela fait du bien de se mettre au défi, de sortir de sa zone de confort. C’est dur sur le coup, mais on est content d’avoir été capable de le faire ! »
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