- Mieux Vivre Santé : Avec l’arrivée des beaux jours, vient le traditionnel nettoyage de printemps. Si l’on comprend son intérêt pratique, pourquoi faire le tri, ranger ses affaires, peut-il être bon pour le moral ?
Pascal Neveu : On peut « endosser » cette fête de différentes manières. Pour certains, le printemps à une connotation religieuse liée à Pâques, donc à une renaissance. Mais faire le tri, ranger, jeter est salutaire à la fois pour le moral, pour la physique mais aussi pour sa santé.
Un récent sondage montre que plus de 70% de Français réalisent un nettoyage de printemps… mais comment ? Car faire un « nettoyage intégral » c’est quoi ? Sans doute avant tout penser à soi, sans égo. Et alors se mélangent les tri, c’est-à-dire celui de ses affaires mais aussi de ses amis. Nous avons besoin de trier, de tuer, d’aimer… Nous avons besoin de mettre dans des cases. Nous avons besoin de dire oui ou non face à notre vie.
Autre exemple révélant l’importance de ce nettoyage de printemps : une enquête Ipsos a montré que 59 % des Canadiens font un ménage « du » printemps chaque année, et qu'un Canadien sur quatre, soit 26 %, le fait plus vigoureusement en raison de la pandémie. Par ailleurs, presque tous les Canadiens (94 %) qui font un ménage de printemps disent ressentir un fort sentiment d'accomplissement une fois cet entretien annuel terminé et près de 9 sur 10 (89 %) estiment qu'il est important de faire un nettoyage printanier chaque année.
- Outre son aspect psychologique, faire un grand ménage de printemps n’est-il pas également un très bon réflexe anti-allergie ?
Stéphane Gayet : Comme la plupart des traditions, celle du grand nettoyage de printemps a du sens. La saison froide nous oblige à vivre enfermés pour nous protéger du froid, des intempéries et des virus respiratoires saisonniers. L’hiver est source d’humidité à cause du phénomène de la condensation : plus il fait froid, moins l’air peut contenir d’humidité, ce qui se traduit par le dépôt de microgouttelettes sur les surfaces, y compris les zones non couvertes de notre corps (cuir chevelu, visage, oreilles, cou, mains, avant-bras…).
En d’autres termes, quand il fait froid, l’air est sec, mais les parois sont humides : notre visage et nos mains font partie de ces « parois » et c’est pourquoi nous ressentons de l’humidité. Cette condensation sur toutes les surfaces de notre intérieur favorise la prolifération des acariens et des champignons microscopiques ou moisissures (sur nos tapis, nos moquettes, nos canapés, nos fauteuils, nos coussins, notre literie…). À moins d’avoir un logement particulièrement bien isolé sur le plan thermique et de dépenser beaucoup d’énergie afin de maintenir son intérieur bien chauffé, le froid hivernal produit une augmentation de la condensation dans toutes les habitations. A contrario, quand il fait chaud, il se produit le phénomène inverse : l’air aspire l’humidité des parois, car il peut en contenir davantage; c’est le phénomène d’évaporation.
Par ailleurs, pendant la saison froide, on évite en général d’aérer notre intérieur pour empêcher qu’il ne se refroidisse. Il s’ensuit un domicile souvent chargé en acariens et en moisissures à la fin de l’hiver. Sans compter le fait que lorsqu’il fait froid, on a peut-être moins tendance à dépenser de l’énergie pour le nettoyage, étant donné que le chauffage est déjà une source de grosses dépenses énergétiques.
Pour répondre à la question posée, le grand nettoyage de printemps permet en effet d’éliminer une grande quantité de ces acariens et moisissures qui contribuent à polluer, sur le plan microbien, notre environnement intérieur et qui sont des agents sensibilisants et allergisants. Donc, c’est en effet un bon réflexe, d’autant plus que l’aération qu’il comporte généralement permet d’éliminer les polluants gazeux et de faire entrer de l’oxygène en abondance.
- Dans ménage de printemps il y a le mot ménage : l’ordre est-il synonyme d’un esprit plus calme, plus apaisé ? Qui dit espace encombré dit-il forcément vie plus stressée ?
Pascal Neveu : Le tri et le printemps permettent de tourner une page, de passer dans une sorte d’autre âge qui nous permet de devenir un autre et donc de nous grandir.
Plus particulièrement, toujours selon le sondage canadien 37 % des personnes interrogées indiquent que le ménage du printemps les fait se sentir bien, 29 % qu'elles se sentent en confiance, 25 % qu'elles se sentent inspirés et 21 % qu'elles ont hâte de commencer. À l'inverse, un quart admettent se sentir dépassées, 20 % sont stressées par le simple fait d'y penser et 17 % sont anxieuses face à la tâche.
Pour beaucoup, une maison propre signifie avoir un esprit clair. En effet, ce sont 92 % des répondants qui affirment se sentir plus détendus lorsque leur maison est propre. Et 90 % des auditionnés croient qu'il est important d'avoir un logement propre pour leur santé mentale, 89 % pensant de même pour leur santé physique.
- Comme l’affirme Pascal Neveu, 90% des Français tissent un lien direct entre un logement propre et une bonne santé mentale. Mais, comment s’assurer que son logement soit réellement propre ? S’agit-il simplement de bien tout dépoussiérer ou faut-il aller plus loin ?
Stéphane Gayet : Le ménage de printemps est une bonne occasion de changer ses oreillers et de laver ses couettes. Ce sont d’importants réservoirs d’acariens et de moisissures. En plus du lavage des draps, taies d’oreiller et housses de couettes, il convient de dépoussiérer les matelas, couvre-lits, canapés, fauteuils, tapis et moquettes.
Il est vivement conseillé d’utiliser un aspirateur puissant équipé d’un micro-filtre à très haute efficacité (HEPA) « anti-allergie ». Pour les structures épaisses telles que les matelas, canapés et fauteuils, l’usage d’un nettoyeur à vapeur est bénéfique : il permet de tuer beaucoup de microorganismes, en plus de la qualité du nettoyage qu’il opère.
Il ne faut surtout pas se laisser aller à la tentation des produits chimiques (désodorisants, anti acariens, anti-moisissures, antibactériens, etc.) qui ajoutent de la pollution chimique à la pollution microbienne. C’est certainement un marché assez prospère, auquel il faut savoir résister. Il y va de notre santé.
Par ailleurs, faut-il préciser que le nettoyage de printemps consiste aussi à faire du tri et du rangement, et à éliminer tout ce que l’on a accumulé pendant l’hiver et qui encombre nuisiblement notre intérieur. L’encombrement est bien sûr l’ennemi de la propreté.
- Si du point de vue de l’hygiène on comprend l’importance du nettoyage de printemps, sur le plan psychologique n’est-ce pas également un excellent allié anti-stress ?
Pascal Neveu : Faire le ménage participe également à calmer des « humeurs », contribue à ce qu’un patient qui souffre de Troubles Obsessionnels Compulsifs (TOC) gère ses angoisses inconscientes, mais surtout quand on questionne les gens… qu’ils fassent du tri, du ménage… ils disent tous que cela les soulage et que cela rend leur environnement plus propre à leurs yeux.
Certains précisent même que c’est l’équivalent de donner des coups de points dans un punching-ball ! Donc oui, il y a une vertu anti-stress.
Par ailleurs, tout en nous permettant de lutter contre le stress, le nettoyage de printemps nous permet d’être plus productif. En effet, chacune des personnes interrogées a précisé que ce nettoyage de printemps lui avait insufflé une nouvelle dynamique, comme sortir d’une période d’hibernation.
Cela est lié au soleil et les hormones « estivales » réveillées, et une humeur collective que l’on peut remarquer dans la rue. Faire le ménage c’est prendre soin de soi et se revitaliser pour être en forme dans sa vie personnelle, professionnelle, sociale, affective.
- Enfin, d’un point de vue de l’hygiène, faire un grand ménage une fois par an suffit-il ? En somme, en plus du ménage quotidien, ne faudrait-il pas faire un grand rangement et un nettoyage à chaque changement de saison (au moins) ?
Stéphane Gayet : Le printemps est la saison idéale pour ranger et nettoyer notre intérieur. C’est presque une entreprise naturelle. Pour celles et ceux qui partent en vacances, il est d’usage de procéder à ce rangement et ce nettoyage avant de partir ou parfois au retour.
L’automne est une autre saison qui pousse à ce type d’action, de façon à préparer l’hiver. On est moins actif, moins entreprenant pendant la saison froide. Traditionnellement, celles et ceux qui se chauffent au bois, surtout dans les villages, reconstituent leur provision de bois à l’automne.
Un grand rangement et un grand nettoyage deux fois par an, semblent un minimum. L’être humain est un être social. Chaque fois que nous recevons des personnes, surtout pour les héberger pendant une ou plusieurs nuits, c’est une bonne occasion d’effectuer un rangement et un nettoyage plus poussés que d’habitude parce que nous tenons à montrer et à offrir un intérieur ordonné, propre et soigné, pour le confort et l’esthétique. Cela fait partie de l’hospitalité et du respect de nos hôtes. Plus on reçoit et plus on prend soin de son habitation.