Il est 16h ce mardi lorsque Philippe Rizzo m’accueille dans son cabinet à Paris. Mes pieds ont souffert de la journée en baskets et du trajet en métro, prêts à être détendus par le réflexologue pendant une heure. Si l’on en croit les vertus de cette médecine douce, ce ne sont pas seulement mes petons qui vont être détendus, mais bien tout mon corps. En stimulant certaines zones précises des pieds, la réflexologie promet en effet de soulager les petits maux chroniques, diminuer l’anxiété, favoriser le sommeil, éliminer les toxines... et plus globalement, rééquilibrer l’organisme. Ancestrale en Asie ou en Égypte, cette thérapie naturelle connaît de plus en plus d’adeptes dans le monde occidental. Je ne demande qu’à tester pour y croire. Je suis a priori entre de bonnes mains avec Philippe Rizzo, qui touche des pieds depuis maintenant 22 ans.
Le spécialiste appuie, masse, tire, pince, triture, malaxe. Le pied droit d’abord, car « on commence toujours par le pied droit et on finit par le gauche, pour suivre le sens du transit intestinal » – le côlon ascendant est à droite, le côlon descendant à gauche. Le massage est vigoureux mais pas douloureux. Contrairement à ce que j’avais entendu, la réflexologie ne doit pas faire mal pour être efficace. « L’idée est de parler avec les organes comme on parle avec les gens, avec douceur et gentillesse. Il faut mettre son cœur dans ses doigts, une oreille sur le pied pour écouter les tissus, et l’œil sur le visage car les mimiques vont nous aider. » Et si une zone est douloureuse, cela signifie simplement que vous avez « des blocages énergétiques ou des toxines à éliminer ». Philippe Rizzo décrit ce qu’il voit sous ses doigts : « On sent que la peau est dure, tendue, qu’il y a une résistance. Ça fait comme des grains de sable ou des bulles, et c’est à moi de les faire disparaître. C’est quelque chose qu’on apprend avec l’expérience, ça devient un sixième sens. »
En creusant un peu mes pieds, Philippe Rizzo multiplie les révélations. Il avait déjà deviné que je fumais dès que je m’étais assis sur sa chaise, il voit maintenant que mon sommeil est chaotique (surtout ces jours-ci) : « Vous vous réveillez souvent la nuit, non ? Quand vous étiez jeune, vous aviez du mal à trouver le sommeil ? ». Ce qui me renvoie à mon enfance et à tous ces nuits de dimanche à lundi où l’insomnie me guettait. Il détecte également d’éventuelles migraines, qu’il m’arrive d’avoir au niveau des tempes : « Ça peut être les yeux, à cause de l’écran, ou d’origine digestive : vous êtes sûr que vous avez un bon transit intestinal ? » A peu près sûr, oui, même si j’admets que mon alimentation n’est pas toujours très saine... Plus surprenant encore, il va jusqu’à déceler un trait de ma personnalité : « Vous êtes un émotif. Et secret, vous pensez tout le temps et vous gardez tout pour vous. » Il a plus ou moins raison, c’est dans ma nature. « Vos pieds ne mentent pas », sourit le réflexologue, qui s’attelle maintenant à celui de gauche. Je sens le droit chauffer drôlement, et je me laisse un peu aller à la rêverie.
Sur le chemin du retour, j’ai l’impression d’être dans un cocon, je perçois le métro comme un décor lointain, je suis dans mon monde, serein. Brusque retour à la réalité lorsque l’envie de miction me prend quelques minutes avant d’arriver chez moi (son aspect est normal, je suis presque déçu). Le soir, la soirée se fait un peu au ralenti, et je me couche tôt ! Trois jours après, je dors mieux et je n’ai pas ressenti de gêne aux lombaires malgré beaucoup de sport. Il va sans dire que mon anxiété ne s’est pas totalement évaporée (plusieurs séances sont sûrement nécessaires, et de toute façon, je suis anxieux de nature), mais je me sens davantage en phase avec moi-même.
Ouverte « de 0 à 99 ans » selon Philippe Rizzo (« Je suis même des bébés »), la réflexologie s’adresse à toutes celles et ceux qui souffrent de petits maux récurrents, de stress chronique ou qui veulent simplement se relaxer efficacement. Si la discipline n’est pas encore reconnue par la Sécurité sociale, elle commence à être remboursée par certaines mutuelles, preuve que la médecine douce gagne en légitimité en France. Pour trouver un bon praticien, vous pouvez faire confiance à l’annuaire de la Fédération française des réflexologues, dont Philippe a été le président honoraire. Comptez entre 50 et 80 euros la séance d'une heure, selon les praticiens. En attendant, vous pouvez vous faire une auto-séance de réflexologie palmaire (de la main) avec cette vidéo.
7 200 terminaisons nerveuses
Après une brève discussion sur ma santé personnelle, il me fait asseoir sur une confortable chaise longue qui surélève les pieds au-dessus du cœur, « pour une question de circulation sanguine ». Assis entre mes pieds, il leur applique une crème bio et commence à les travailler avec ses doigts. « En reptation, comme une chenille qui se déplace », explique le réflexologue. « Mon rôle est de donner un stimuli à la peau, qui va envoyer un message au cerveau, pour ensuite le renvoyer à la partie du corps qui a besoin d’être rééquilibrée. Or chaque pied est doté de 7200 terminaisons nerveuses, c’est la partie du corps où il y en a le plus. » Comme un miroir, à chaque parcelle du pied correspond à un organe ou une zone. « C’est dans la logique du corps humain : les orteils correspondent à la tête, le métatarse au thorax, la voûte plantaire à l’abdomen, le talon au bassin, le dessus du pied au dos... » Et bien sûr, le pied gauche correspond au côté gauche du corps, le pied droit au côté droit.Le spécialiste appuie, masse, tire, pince, triture, malaxe. Le pied droit d’abord, car « on commence toujours par le pied droit et on finit par le gauche, pour suivre le sens du transit intestinal » – le côlon ascendant est à droite, le côlon descendant à gauche. Le massage est vigoureux mais pas douloureux. Contrairement à ce que j’avais entendu, la réflexologie ne doit pas faire mal pour être efficace. « L’idée est de parler avec les organes comme on parle avec les gens, avec douceur et gentillesse. Il faut mettre son cœur dans ses doigts, une oreille sur le pied pour écouter les tissus, et l’œil sur le visage car les mimiques vont nous aider. » Et si une zone est douloureuse, cela signifie simplement que vous avez « des blocages énergétiques ou des toxines à éliminer ». Philippe Rizzo décrit ce qu’il voit sous ses doigts : « On sent que la peau est dure, tendue, qu’il y a une résistance. Ça fait comme des grains de sable ou des bulles, et c’est à moi de les faire disparaître. C’est quelque chose qu’on apprend avec l’expérience, ça devient un sixième sens. »
« Les pieds ne mentent pas »
Ah, il tombe justement sur un point sensible (aïe) qui correspond « au bas du dos, aux lombaires, surtout la L5 », et puis sur un autre (aïe-aïe), relié « aux cervicales ». Deux zones où j’ai fréquemment une gêne à force d’être assis devant l’écran une bonne partie de la journée. « C’est d’ordre musculaire », m’apprend (à moitié) le réflexologue. Petite séance de respiration pendant qu’il appuie fermement dessus « jusqu’à ce que ce ne soit plus douloureux » : on inspire profondément par le nez, on expire par la bouche, etc. Quelques autres zones sensibles ici et là (comment ? ne suis-je donc pas en forme olympique ?!) que le masseur entreprend de dénouer pour « tout remettre en place ». Du moins commencer, car il faut souvent « deux ou trois séances pour parvenir à agir en profondeur ».En creusant un peu mes pieds, Philippe Rizzo multiplie les révélations. Il avait déjà deviné que je fumais dès que je m’étais assis sur sa chaise, il voit maintenant que mon sommeil est chaotique (surtout ces jours-ci) : « Vous vous réveillez souvent la nuit, non ? Quand vous étiez jeune, vous aviez du mal à trouver le sommeil ? ». Ce qui me renvoie à mon enfance et à tous ces nuits de dimanche à lundi où l’insomnie me guettait. Il détecte également d’éventuelles migraines, qu’il m’arrive d’avoir au niveau des tempes : « Ça peut être les yeux, à cause de l’écran, ou d’origine digestive : vous êtes sûr que vous avez un bon transit intestinal ? » A peu près sûr, oui, même si j’admets que mon alimentation n’est pas toujours très saine... Plus surprenant encore, il va jusqu’à déceler un trait de ma personnalité : « Vous êtes un émotif. Et secret, vous pensez tout le temps et vous gardez tout pour vous. » Il a plus ou moins raison, c’est dans ma nature. « Vos pieds ne mentent pas », sourit le réflexologue, qui s’attelle maintenant à celui de gauche. Je sens le droit chauffer drôlement, et je me laisse un peu aller à la rêverie.
« Je dors mieux »
Quand Philippe Rizzo en a terminé avec mes pieds, j’ai l’impression d’avoir fait une nuit de 10h. Je peine à sortir de la chaise et je marche sur des nuages, un peu hagard. C’est « normal », le réflexologue m’avait prévenu que je risquais de me sentir « fatigué » après la séance. « Il faut boire beaucoup d’eau pour éliminer toutes les toxines de notre corps » – c’est d’ailleurs la raison pour laquelle vos urines peuvent avoir une couleur ou une odeur inhabituelle. Pendant trois jours, mieux vaut éviter les soins énergétiques ou l’ostéopathie, « afin de laisser la séance s’installer » (ce qui nécessite « entre 14 et 21 jours »). En revanche, le sport n’est pas contre-indiqué. Mais je n’ai que moyennement envie d’aller faire des tractions après un tel moment de détente.Sur le chemin du retour, j’ai l’impression d’être dans un cocon, je perçois le métro comme un décor lointain, je suis dans mon monde, serein. Brusque retour à la réalité lorsque l’envie de miction me prend quelques minutes avant d’arriver chez moi (son aspect est normal, je suis presque déçu). Le soir, la soirée se fait un peu au ralenti, et je me couche tôt ! Trois jours après, je dors mieux et je n’ai pas ressenti de gêne aux lombaires malgré beaucoup de sport. Il va sans dire que mon anxiété ne s’est pas totalement évaporée (plusieurs séances sont sûrement nécessaires, et de toute façon, je suis anxieux de nature), mais je me sens davantage en phase avec moi-même.
Ouverte « de 0 à 99 ans » selon Philippe Rizzo (« Je suis même des bébés »), la réflexologie s’adresse à toutes celles et ceux qui souffrent de petits maux récurrents, de stress chronique ou qui veulent simplement se relaxer efficacement. Si la discipline n’est pas encore reconnue par la Sécurité sociale, elle commence à être remboursée par certaines mutuelles, preuve que la médecine douce gagne en légitimité en France. Pour trouver un bon praticien, vous pouvez faire confiance à l’annuaire de la Fédération française des réflexologues, dont Philippe a été le président honoraire. Comptez entre 50 et 80 euros la séance d'une heure, selon les praticiens. En attendant, vous pouvez vous faire une auto-séance de réflexologie palmaire (de la main) avec cette vidéo.