Il est 21h, le feu crépite dans la cheminée, la télévision tourne en fond, et une femme, la soixantaine bien tassée, tricote un pull avant d’aller se coucher. Voilà à peu de choses près ce à quoi vous associez le tricot ? Eh bien, détrompez-vous : tricoter n’est plus une affaire de personnes âgées. Non, tricoter est à la mode.
Prenez le métro et vous vous en rendrez rapidement compte. Il n’est pas rare d’y voir quelqu’un, généralement autour de la vingtaine, y passer le temps, pelotes de laine en main. Les temps ont donc changé. Autrefois activité réservée aux personnes plus ou moins âgées, le tricot est devenu un passe temps prisé de tous. Jeunes, moins jeunes, hommes, femmes, enfants.. tous semblent s’y être mis. Mais pourquoi donc ? Comment le tricot est soudainement revenu à la mode ? Une question à laquelle nous avons tenté de répondre en assistant à un cours donné dans le deuxième arrondissement parisien.
Le tricot, un passe-temps qui n’a pas d’âge
Lorsque nous pénétrons chez Lil Weasel, la “petite boutique de laines et de tissus” qui organise le cours de tricot auquel nous allons assister, il est 18 heures passé. Le cours organisé en face, dans le salon de thé Kalany Mia, va débuter dans une vingtaine de minutes et les participants en profitent pour acheter les dernières pelotes de laine et aiguilles à tricoter. C’est par exemple le cas de Coralie, venue acheter quelques pelotes avant le cours. Coralie, à l’instar des autres clients présents dans la boutique, n’a guère plus de trente ans. Bref, vous l’aurez compris, chez Lil Weasel, la moyenne d’âge est jeune.
Et, lorsque l’on quitte le magasin accompagné de Carine Revial, la fondatrice de Lil Weasel, pour arriver devant le salon de thé où sera donné le cours : le constat est le même ou presque. Bon, ici les âges sont un peu plus variés mais encore une fois, il y a de tout : des vingtenaires, des trentenaires et des cinquantenaires… “Le tricot n’est plus une activité de personnes âgées” nous confirme Carine Revial. Elle poursuit : “Lorsqu’elles ont leur premier enfant, les jeunes femmes se mettent souvent à tricoter pour préparer son arrivée. C’est un déclencheur pour se mettre au tricot”. Et d’ailleurs, les femmes ne sont pas les seules à s’y mettre.
Le tricot, une activité aussi bien féminine que masculine
Le tricot est à la mode, et qui dit à la mode, dit qu’il n’est plus réservé aux femmes. Non, l’époque à laquelle seules les femmes tricotaient est également révolue. Aujourd’hui, non seulement les jeunes s’y mettent, mais les hommes aussi.
D’ailleurs, revenons en arrière : lors de notre passage en boutique, il n’y avait pas que des femmes. Non, à la caisse se trouvaient deux jeunes hommes, tous deux la vingtaine. L’un était visiblement l’accompagnateur mais l’autre était bien acheteur. Il était ici pour parfaire son nécessaire à tricoter. Or, sa présence dans la boutique n’avait rien d’étonnant. Et pour cause, raconte la fondatrice de Lil Weasel : “Il y a énormément de messieurs qui viennent acheter de la laine en boutique. Ils viennent avec leur femme et leur bébé et c’est eux qui tricotent pour toute la famille”.
Par ailleurs, ils n’attendent pas forcément d’avoir une famille pour apprendre à tricoter, les célibataires s’y mettent aussi : “Ils achètent de la laine pour tricoter des pulls et des chaussettes”. En clair : le tricot n’est pas une affaire de genre ! Mais, s’il semble plaire à tous, comment expliquer que le tricot soit soudainement revenu sur le devant de la scène ?
Le tricot, le yoga 2.0
Lorsqu’on lui demande comment le tricot est brusquement devenu à nouveau “in”, Carine Revial n’hésite pas. Avec un sourire, elle nous répond : “Tricot, is the new yoga” (NDLR : le tricot est le nouveau yoga). Et si la formule amuse, il semblerait que la créatrice de Lil Weasel ait vu juste.
En effet, refaisons un tour dans notre cours de tricot. Sur les quatre participantes, deux ont passé la quarantaine et les autres ont entre vingt et trente ans. Si les deux premières ont appris à tricoter durant leur enfance, les deux plus jeunes ont débuté le tricot durant la pandémie de coronavirus. Et pourquoi s'être tourné vers le tricot ? Leur réponse en coeur : parce que ça détend.
Coralie nous en dit plus : “J’ai commencé à tricoter il y a deux ans, et j’ai appris toute seule grâce à des vidéos. Ca n’était pas évident, mais j’ai continué, parce que ça permettait de penser à autre chose, de s’occuper et de se détendre”.
Même schéma pour Camille. Celle qui n’a pas quitté son jacquard d’un œil durant les deux heures de cours confesse que “le tricot c’est bien, parce que ça vide la tête”. Comprenez : pour tricoter, il faut être concentré et qui dit concentration, dit qu’on ne pense pas à autre chose. D’ailleurs, cela semble être la règle d’or puisque point de papotage ni de distraction. Deux heures de cours de tricot, c’est deux heures de sérieux et de quasi silence.
Ainsi, cela ne fait plus de doute : la mode du tricot semble être là pour rester. Non seulement elle séduit les femmes comme les hommes, elle plaît à tous les âges mais en plus, le tricot rend zen. Et, si on en doutait encore, les deux heures de cours nous ont convaincu : quand le cours se termine, sur les visages, le stress de la journée semble avoir disparu. C’est avec un sourire radieux que les cinq femmes quittent les lieux. Et avec, on s’en doute, une envie de continuer. Car oui, elles nous l’ont toutes dit : “le tricot, c’est addictif”.