Tout automobiliste a déjà vécu une situation anxiogène au volant, celle qui nous fait sortir de nos gonds à défaut de notre voiture. Une queue de poisson, un coup de klaxon, un geste obscène ou encore des embouteillages interminables : que l’on soit victime d’un chauffard ou tout simplement du trafic, force est de constater que nos comportements ont tendance à changer lorsque nous nous retrouvons derrière un pare-brise. Dans l’Hexagone, près de 74 % des conducteurs avouent ainsi se mettre en colère au moins une fois par mois au volant, selon un sondage du cabinet Atomik Research publié en 2020. Il faut dire qu’avec en moyenne 23 heures par an passées dans les bouchons (65 pour les habitants d’Ile-de-France), ils ont tout le temps de râler.
Problème, s’énerver au volant est mauvais pour la santé. Pour la vie tout court, d'abord : s'agacer contre un élément extérieur peut vous déconcentrer jusqu'à vous faire perdre le contrôle du véhicule. Une altercation verbale ou gestuelle peut rapidement dégénérer et se conclure par un accident. Mais s'énerver est aussi dommageable sur le long terme, puisque cela augmente le risque d’accident cardio-vasculaire et cérébral, sans compter la fatigue et l'anxiété. Autant de raisons qui devraient nous inviter à jouer la carte de l’apaisement sur la route.
« »D’emblée, il y a donc un rapport au mouvement et à la liberté, autrement dit à la volonté de ne pas être enfermé. On voit cela chez les animaux qui ont plusieurs sorties dans leurs terriers, au cas où. En voiture, cette sensation d’enfermement (et donc le désir de se libérer) est en quelque sorte "activé" régulièrement par tous les événements extérieurs. » Comme des embouteillages, ou ce cycliste fou qui vous a contraint à piler avant de vous faire un doigt d’honneur sans complexe. Bon, le danger est passé, plus de peur que de mal : pourquoi donc avez-vous quand même envie de lui faire manger son casque ?
Touchant certes, mais ce n'est pas toujours joli. Cela vous est-il déjà arrivé, l’espace d’un instant, d’imaginer foncer dans le pare-chocs de celui qui vient de vous griller la priorité à droite ? Ou d’imaginer renverser le cycliste mentionné plus haut ? Ces pensées intrusives (heureusement très rarement mises à exécution) peuvent se traduire chez certaines personnes par des « phobies d’impulsion ». C’est-à-dire des troubles psychiatriques qui se caractérisent par une peur de commettre des actes graves, comme faire du mal à soi-même ou aux autres, et ce par inadvertance. « La crainte de passer à l’acte malgré soi, d’être pris d’un coup de folie, pousse certaines personnes à refuser même de prendre le volant, selon Catherine Aimelet-Périssol. Convaincus que conduire est sujet à tensions, ils deviennent phobiques de leurs potentielles réactions. » Des troubles qui peuvent se soigner grâce aux thérapies cognitives et comportementales, l'hypnose ou la méditation. Mais pour la plupart des conducteurs sur les nerfs, pas besoin d'aller jusque-là.
D’autres méthodes que vous pourriez trouver ici et là sur des blogs et les réseaux sociaux tiennent plutôt du bon sens, mais pourquoi pas : si vous sentez la moutarde monter, prenez une grande inspiration, cela permettre à votre corps de se détendre, ou encore, coincé dans les bouchons, entrez en contact visuel avec les autres conducteurs, souriez même, pour rétablir la communication. Dernier conseil pour la route, un peu plus « psy » : essayez de prendre conscience que la situation n’est qu’une affaire de circonstances et qu’elle ne vaut pas le coup de vous mettre dans cet état. « Dire qu’un "fou furieux a failli nous rentrer dedans", c’est une projection de l’esprit, abonde la psychothérapeute. Cela relève du mental, de "ce qui aurait pu ou pourrait arriver si". Mieux vaut se brancher sur la volonté du corps à rester en sécurité, sur son désir viscéral de rester vivant. Trouvez ce qui vous correspond le mieux pour vous sentir vivant ! »
C’est peut-être Martin E.P. Seligman, le père de la « psychologie positive », qui propose la meilleure astuce pour garder son sang-froid sur la route. Dans son livre Changer oui c’est possible (éd. J’ai lu, 2014), il écrit : « Faites, si possible, preuve d’humour. Par exemple : un conducteur dangereux vient de vous faire une queue de poisson. Vous freinez et vous vous exclamez : ‘’Quel trou du c... !’’ Représentez-vous alors une paire de fesses au volant de la voiture devant vous. Décorez-les de quelques plumes en leur centre. Appréciez le tableau. » Si c'est un professeur en psychologie qui le dit...
Problème, s’énerver au volant est mauvais pour la santé. Pour la vie tout court, d'abord : s'agacer contre un élément extérieur peut vous déconcentrer jusqu'à vous faire perdre le contrôle du véhicule. Une altercation verbale ou gestuelle peut rapidement dégénérer et se conclure par un accident. Mais s'énerver est aussi dommageable sur le long terme, puisque cela augmente le risque d’accident cardio-vasculaire et cérébral, sans compter la fatigue et l'anxiété. Autant de raisons qui devraient nous inviter à jouer la carte de l’apaisement sur la route.
La voiture, une bulle qui protège... et enferme
Pour parvenir à garder son sang-froid, il faut d’abord comprendre pourquoi on a tendance à plus facilement le perdre quand on est au volant. « Il y a une réalité extrêmement basique et en même temps très singulière. A savoir que la voiture est à la fois un espace qui protège (c’est une bulle que l'on contrôle, toujours plus solide et plus sécurisée) et un espace clos dans lequel le corps est enfermé. Conduire, c’est devoir composer avec cette dualité : on est protégé mais on est coincé », explique la psychothérapeute Catherine Aimelet-Périssol, auteure d’Emotions, quand c’est plus fort que moi – Peur, colère, tristesse : comment faire face (éd. Leduc, 2017).« »D’emblée, il y a donc un rapport au mouvement et à la liberté, autrement dit à la volonté de ne pas être enfermé. On voit cela chez les animaux qui ont plusieurs sorties dans leurs terriers, au cas où. En voiture, cette sensation d’enfermement (et donc le désir de se libérer) est en quelque sorte "activé" régulièrement par tous les événements extérieurs. » Comme des embouteillages, ou ce cycliste fou qui vous a contraint à piler avant de vous faire un doigt d’honneur sans complexe. Bon, le danger est passé, plus de peur que de mal : pourquoi donc avez-vous quand même envie de lui faire manger son casque ?
« On s’énerve pour pallier l’impossibilité de fuir »
« En temps normal, reprend la spécialiste, devant la peur d’un danger, le corps se met spontanément en mode fuite : il évite, il court, il fait un pas de côté... Mais face à un danger auquel il ne peut échapper, comme une queue de poisson, il doit s'adapter. Donc il va faire avec ce qu’il peut pour se détourner du danger, et souvent cela signifie s'énerver ! On s’énerve pour pallier l’impossibilité de fuir. C'est un moyen d’extérioriser la décharge d’énergie procurée par la sensation de danger ou d’impuissance que l’on est en train de vivre. » Le résultat, vous le connaissez : on insulte l’autre automobiliste, on tape sur le volant, on fait un geste déplacé, on soupire bruyamment, on crie sur les enfants assis derrière... « Votre corps va littéralement se défouler. Avec l’objectif d’essayer, malgré tout, de faire quelque chose face à la situation, bien que celle-ci soit de toute façon inéluctable. C’est presque touchant ! », sourit la psychothérapeute.Touchant certes, mais ce n'est pas toujours joli. Cela vous est-il déjà arrivé, l’espace d’un instant, d’imaginer foncer dans le pare-chocs de celui qui vient de vous griller la priorité à droite ? Ou d’imaginer renverser le cycliste mentionné plus haut ? Ces pensées intrusives (heureusement très rarement mises à exécution) peuvent se traduire chez certaines personnes par des « phobies d’impulsion ». C’est-à-dire des troubles psychiatriques qui se caractérisent par une peur de commettre des actes graves, comme faire du mal à soi-même ou aux autres, et ce par inadvertance. « La crainte de passer à l’acte malgré soi, d’être pris d’un coup de folie, pousse certaines personnes à refuser même de prendre le volant, selon Catherine Aimelet-Périssol. Convaincus que conduire est sujet à tensions, ils deviennent phobiques de leurs potentielles réactions. » Des troubles qui peuvent se soigner grâce aux thérapies cognitives et comportementales, l'hypnose ou la méditation. Mais pour la plupart des conducteurs sur les nerfs, pas besoin d'aller jusque-là.
Des astuces pour les nerfs
La clé de la zen-attitude, selon Catherine Aimelet-Périssol, serait dans l’action. Pas n'importe laquelle : « Au lieu de s'énerver une fois la surprise passée et le danger écarté, il faut se mettre en rapport avec le réel, être plus participatif et conscient de sa présence dans la voiture. Par exemple, reprendre le dialogue avec ses passagers, fredonner sur sa chanson préférée, faire une pause à l’aire d’autoroute, faire un jeu avec ses enfants, ou encore mieux, chanter. L’objectif est que le corps soit actif, mobilisé pour agir : qu’est-ce que je peux "faire", au sens premier du verbe ? C’est pour cela que chanter est plus efficace qu’écouter de la musique, un acte trop passif. »D’autres méthodes que vous pourriez trouver ici et là sur des blogs et les réseaux sociaux tiennent plutôt du bon sens, mais pourquoi pas : si vous sentez la moutarde monter, prenez une grande inspiration, cela permettre à votre corps de se détendre, ou encore, coincé dans les bouchons, entrez en contact visuel avec les autres conducteurs, souriez même, pour rétablir la communication. Dernier conseil pour la route, un peu plus « psy » : essayez de prendre conscience que la situation n’est qu’une affaire de circonstances et qu’elle ne vaut pas le coup de vous mettre dans cet état. « Dire qu’un "fou furieux a failli nous rentrer dedans", c’est une projection de l’esprit, abonde la psychothérapeute. Cela relève du mental, de "ce qui aurait pu ou pourrait arriver si". Mieux vaut se brancher sur la volonté du corps à rester en sécurité, sur son désir viscéral de rester vivant. Trouvez ce qui vous correspond le mieux pour vous sentir vivant ! »
C’est peut-être Martin E.P. Seligman, le père de la « psychologie positive », qui propose la meilleure astuce pour garder son sang-froid sur la route. Dans son livre Changer oui c’est possible (éd. J’ai lu, 2014), il écrit : « Faites, si possible, preuve d’humour. Par exemple : un conducteur dangereux vient de vous faire une queue de poisson. Vous freinez et vous vous exclamez : ‘’Quel trou du c... !’’ Représentez-vous alors une paire de fesses au volant de la voiture devant vous. Décorez-les de quelques plumes en leur centre. Appréciez le tableau. » Si c'est un professeur en psychologie qui le dit...