La coutume des bonnes résolutions remonte à l’Antiquité, il y a plus de 4000 ans. Chaque passage à leur nouvelle année, les Babyloniens promettaient à leurs dieux de payer leurs dettes et de rendre les objets agricoles qu’ils avaient empruntés, afin de repartir sur des bases saines. La tradition a été reprise par les Romains qui faisaient des promesses à Janus, dieu des transitions, jusqu’à perdurer aujourd’hui, où elle est synonyme de bilan introspectif et de nouveau départ.
Preuve qu’on ne les respecte guère, les résolutions d’aujourd’hui sont plus ou moins les mêmes qu’hier. La première des Français pour 2022 reste de pratiquer une activité physique régulière (33%), selon une récente enquête Ipsos. La pandémie ayant réduit les possibilités de faire du sport, le désir est un peu moins ardent que l’an dernier (-4), mais il surclasse la résolution de passer plus de temps en famille (26%) et celle de se réserver de vrais moments de détente (23%). Viennent ensuite faire des économies, voyager plus, manger mieux, lancer un projet ou encore être plus écoresponsable. Que de belles intentions… qui restent à concrétiser. Voici comment.
Bien choisir ses résolutions pour ne pas s’éparpiller
Cernez vos désirs. « Une résolution, c’est trouver une solution à un sujet particulier, donc la bonne résolution, elle vient d’abord de soi », explique Nathalie Renard, coach en développement personnel et professionnel, co-auteure du cahier d’exercices Tenir ses bonnes résolutions (éd. ESF, 2017). « Pour mieux préparer le futur, il est essentiel de sonder le passé en faisant un bilan de l’année : ce qui a été important, difficile, oublié… Avec l’objectif de faire émerger toutes les idées qui nous feraient du bien. Toutes nos envies, nos passions, ces projets qu’on a dû mettre de côté. »Ne dites plus « Il faut que ». Pour plus de résultats, et pour votre santé mentale, il convient d’ignorer les diktats de performance qui polluent les bonnes résolutions. « Si vous prenez une résolution en vous basant sur les injonctions des uns des autres ou de la société, elle sera difficile à tenir car elle ne correspondra pas à votre personne, à vos besoins ou envies du moment », prévient la coach. « Pour que la décision s’installe dans la durée, tout est question de volonté profonde, donc prenez des résolutions "J’ai envie de" plutôt que "Il faut que". » A noter d’ailleurs que, selon des chercheurs suédois, une résolution « positive » (je commence la musculation) a 12 % de plus de chances de réussir qu’une résolution « négative » (j’arrête la junk food).
Soyez réalistes. « Une fois le plein d’idées, n’en retenez que trois, celles qui vous feraient le plus de bien. A la fois des grandes résolutions, qui demandent beaucoup d’efforts, et des petites, qui exigent moins de sacrifices », recommande la spécialiste. Et bien sûr, évitez si possible d’avoir les yeux plus gros que le ventre... Si vous n’êtes pas grand lecteur, mettez-vous en tête de lire un livre par mois plutôt que de promettre d’en dévorer six. Avant de devenir végétarien, essayez d’abord de manger moins de viande. Une minuscule résolution tenue, c’est mieux qu’une ambitieuse résolution avortée.
S’organiser pour ne pas procrastiner
Commencez (!). Pour que résolution ait lieu, il faut toujours une première fois. Les premiers euros mis de côté pour un voyage, la première mouture de projet rédigée ou le premier matin sans cigarette. « L’important est de se mettre dans la logique de l’action : quelle est la première action, le plus petit pas que je puisse faire aujourd’hui pour amorcer ma résolution ? », explique Nathalie Renard. Un premier pas, donc : avant de vous lancer dans un marathon, commencez par un petit jogging en douceur. Vous voulez réduire votre consommation de sucre ? Bannissez à jamais le pire produit de vos placards, mais pas tous ! Pas encore.Allez-y par étapes. « Il faut faire de sa résolution un film, avec des étapes clés pour marquer les avancées de sa transformation », selon la coach. Vous vous êtes promis que cette année, vous n’organiserez pas vos vacances au dernier moment ? D’abord, regardez des photos sur Internet de lieux qui vous font rêver, la semaine d’après choisissez une destination, la suivante regardez les billets d’avion, un mois plus tard achetez-les, puis réservez les hôtels… Le but est de « faire à chaque fois un peu plus pour le projet » – quitte à ce que ce soit seulement une traction supplémentaire par rapport à la veille.
Notez vos progrès dans un agenda. « C’est le meilleur moyen de rendre la résolution tangible et d’en finir avec la procrastination. En se fixant par écrit des rendez-vous avec son propre projet, il a plus de chances d’aboutir », assure Nathalie Renard. « Une idée reste invisible tant qu’elle n’est pas matérialisée, et l’écrire dans un journal de bord, c’est déjà la matérialiser car on peut alors la modifier, la compléter, la faire mûrir. » Ça fonctionne aussi en illustrant ses résolutions par des dessins, à afficher sur son frigo ou dans son bureau.
S’entourer pour ne pas craquer
Parlez-en avec vos proches. « L’échange est toujours créatif, selon la coach. Parler de votre résolution à votre famille ou à vos amis peut aider à la respecter, car votre démarche, vos doutes, vos difficultés seront au centre des débats. » Et puis, merci la pression sociale, vous n’aurez plus vraiment le choix d’aller courir le matin dès lors que vous l’avez promis à répétition toute la soirée de la veille ! Mieux : certains pourraient vous suivre dans votre défi. « En étant challengé, l’intérêt est d’avoir une pression positive, mais il ne faut pas voir ça comme une compétition avec les autres, ni avec soi-même. » Pour profiter de cette force du collectif, il y a même des périodes de l’année qui sont consacrées à des résolutions de sevrage, comme le mois de novembre sans tabac ou le Dry January (janvier sans alcool).Aidez-vous d’applis. Si c’est en mode solo que vous souhaitez tenir votre résolution, vous pouvez quand même vous entourer d’applications dédiées à votre projet. Comme Couch25K, qui propose une méthode graduelle pour sortir de son canapé et courir quelques kilomètres, Quit Now, pour en finir avec la cigarette, ou encore 90 jours, pour devenir un parfait écolo en trois mois. Le site internet « stickK », créé par des professeurs de l’université Yale, permet même de passer un contrat avec d’autres personnes et de parier de l’argent sur la tenue de votre résolution. En cas d’échec, votre mise sera reversée à la personne que vous aurez choisie, par exemple une association contraire à vos valeurs…
Prendre des habitudes plutôt que des résolutions
Si une résolution est tenue sur le long terme, c’est d’abord parce que celui ou celle qui l’a prise a réussi à changer ses habitudes. Une étude publiée dans la revue European Journal of Social Psychology en 2009 a montré qu’il ne fallait pas plus de 66 jours pour adopter une nouvelle habitude ou en abandonner une ancienne. Pour avoir une chance d’être respectée en janvier, une bonne résolution devrait ainsi commencer dès la fin du mois d’octobre…Pour en finir avec les mauvaises habitudes, il faut peut-être en instaurer de nouvelles. « Remplacer le sucre par du miel, le sel par des épices, manger un fruit tous les matins, faire quelques minutes de yoga le soir avant de dormir… L’idée est d’adopter une nouvelle petite routine quotidienne, à l’heure qui vous sied », conseille Nathalie Renard. Et l’avantage, avec les habitudes, c’est qu’on peut se décider à les prendre à tout moment de l’année, pas seulement au Réveillon. Il n’y a pas de date pour devenir meilleur.