« Les extraits de plantes, par exemple, c’est puissant. On appelle ça d’ailleurs des drogues végétales », rappelle la naturopathe Cécile Chausson. « Il faut bien comprendre que la plupart des médicaments sont à l’origine issus de plantes, d’organismes issus de la nature. La différence, c’est que dans le médicament on va trouver le principe actif seul, isolé, alors que dans les remèdes naturels, c’est un tout : il y a le principe actif qui nous intéresse, mais aussi plein d’autres molécules qui vont travailler en synergie. » A noter bien sûr qu’il n’est pas question, ici, de soigner une fracture, une pneumonie ou une quelconque pathologie grave avec les seuls remèdes naturels. « La médecine naturelle ne remplace pas la médecine allopathique, elle la complète », précise la spécialiste.
Ces « drogues végétales » sont aujourd’hui en vogue parmi la population. D’après une étude Harris Interactive de 2019, les médecines douces sont jugées utiles par 87 % des Français, à tel point que près des trois quarts (71 %) y ont déjà eu recours. Même certains médecins les prescrivent fréquemment chez 11 % de leurs patients, selon une enquête menée en 2017 par Anne Bonifacio à Grenoble. Au programme : instillation d’eau salée dans les narines lors d’un rhume, exercices d’étirement pour les lombalgies, bain de bouche au bicarbonate pour des soucis buccaux, ou encore utilisation d’un remonte-pieds de toilettes pour la constipation. C’est un bon début, mais quels autres remèdes maison peut-on encore « prescrire » pour gérer les petits tracas quotidiens ?
« J’ai la tête en carafe » : bain de pieds chaud et menthe poivrée
Il y aurait autant de migraines que de migraineux, et une solution efficace pour l’un ne le sera pas nécessairement pour l’autre, mais il existe plusieurs remèdes à tester. La naturopathe Cécile Chausson recommande par exemple un traitement par le chaud-froid : « Mettez de la glace sur vos tempes ou l’endroit où vous avez mal, et en même temps, mettez vos pieds dans une bassine d’eau chaude. Cela va faire « dériver » le mal, car le froid chasse le « volume » du crâne, qui est attiré vers la chaleur du bas du corps. »Autre catégorie de remèdes susceptibles de chasser la migraine sans chimie : les huiles essentielles, à prendre par voie orale (non diluées) ou cutanée (diluées dans de l’huile végétale : amande, coco, olive…). « Une des plus efficaces est la menthe poivrée, qui a un effet antalgique. Appliquez une goutte sur les tempes et massez : le côté rafraîchissant va atténuer la douleur », assure la naturopathe Julia Monnier. Selon la spécialiste, c’est aussi une botte secrète contre la fameuse « gueule de bois » au lendemain des soirées mouvementées : « Une ou deux gouttes à avaler avec une cuillère à café de miel et de citron. »
« J’ai mal au ventre » : anis étoilé et huiles essentielles
Un mal de ventre peut être dû à mille raisons, mais certains remèdes naturels peuvent soulager à coup sûr ou presque. Vous souffrez de douleurs spasmodiques ? « Prenez de la badiane, ou anis étoilé, infusée dans de l’eau chaude, de préférence avant de vous coucher. Elle facilite la digestion car elle permet de limiter la formation des gaz dans les intestins et de favoriser leur évacuation », selon Cécile Chausson.Sa consœur Marine Le Gouvello, auteure de Naturopathie, le guide complet au quotidien (éd. Rustica, 2018) recommande de son côté les huiles essentielles de camomille noble et d’estragon, « à appliquer autour du nombril dans le sens horaire, à savoir le sens du transit », et toujours mélangées à de l’huile végétale. En cas de diarrhée, préférez plutôt « la tisane de thym ou de fenouil, pour leurs propriétés carminatives, c’est-à-dire contre les ballonnements ». Si c’est la constipation qui vous gêne, en revanche, vous pouvez opter pour « l’huile essentielle de basilic tropical, voire un procédé plus… mécanique : la douche rectale », détaillée ici.
« J’ai un coup de mou… » : des litres de tisanes
Elle surgit souvent sans prévenir et en particulier l’hiver : la fatigue. Si les naturopathes vous diront d’abord de vous reposer et d’adopter une meilleure hygiène de vie, surtout en cas de fatigue chronique, ils ont néanmoins quelques tours dans leur sac pour lutter contre le petit coup de mou passager. D’après Julia Monnier, « oubliez le réflexe du café, qui va s’avérer à terme contre-productif, et remplacez-le par une tisane de romarin, avec du gingembre ou du citron. Cela vous donnera un petit coup de fouet, idéal pour les fonctions cognitives, la concentration… ». Dans le même esprit, Marine Le Gouvellan, elle, préconise une « décoction de réglisse, cannelle et cardamone, avec un peu de miel pour faire passer : le côté sucré va booster les glandes surrénales [qui sécrètent notamment les hormones du stress et qui, lorsqu’elles sont trop sollicitées, sont à plat]. » Ou encore une « infusion d’ortie ou de sarriette des jardins, des plantes particulièrement toniques et bonnes pour les reins ».« Aïe, les courbatures ! » : huile des sportifs et glucides
Si boire suffisamment d’eau et s’étirer avant le sport n’ont pas suffi à les prévenir, comment bien soulager des courbatures ? « Le meilleur remède aux douleurs musculaires est l’huile essentielle de Gaulthérie, réputée pour ses vertus analgésiques et anti-inflammatoires. C’est l’huile essentielle des sportifs », relève Cécile Chausson, qui conseille également le baume du tigre, « très efficace en cas de douleurs ligamentaires ». Même prescription de la part de Julia Monnier, qui vante les « auto-massages avec des huiles essentielles anti-inflammatoires comme le lavandin ou des huiles de massage comme l’arnica ».De son côté, Marine Le Gouvello miserait d’abord sur la nutrition pour faire passer les courbatures. « Pendant l’effort, hydratez-vous avec de l’eau riche en minéraux ou en bicarbonate. Par exemple, de l’eau au citron et au miel peut très bien faire l’affaire », explique la naturopathe. « Après l’effort, évitez les protéines animales et les légumineuses (pour ne pas produire trop d’acide lactique), préférez une alimentation riche en glucides et en protéines végétales. »