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Qualité et sécurité alimentaire : comment s'y retrouver dans la jungle des labels ?

Nutri-Score, AOC, commerce équitable, Nova… Les labels et logos alimentaires prolifèrent sur les emballages des produits de supermarché. Que veulent-ils dire ? Sont-ils tous sérieux et garanties de qualité ? Comment repérer un label simplement "marketing" ? On vous aide à faire le tri pour ne pas vous perdre dans les rayons.

Qualité et sécurité alimentaire : comment s'y retrouver dans la jungle des labels ? Goran13 / iStock

  • Publié le 03.12.2021 à 12h00
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Trop d’infos tuent l’info ? En plein boom depuis les années 2000, les labels, censés certifier les qualités nutritionnelles, environnementales ou éthiques des aliments, se bousculent désormais sur les étiquettes des produits de grande distribution. Répondant à l’exigence de transparence des consommateurs, les emballages rivalisent d’informations : origine du produit, vertus biologiques, impact écologique, slogan marketing... Au risque parfois d’être contre-productifs et de perdre le consommateur: si les Français disent repérer facilement les différents sésames sur les produits, ils n’en connaissent pas toujours le sens, révèle un récent sondage de l’association UFC-Que Choisir. Afin d’y voir plus clair, on peut distinguer les labels en fonction de leur domaine de prédilection (nutrition, bio, provenance, environnement…).

Nutri-Score : quel apport nutritionnel ?

« C’est de loin la meilleure des certifications », estime Olivier Andrault, de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir. Le Nutri-Score, instauré en France en 2017 (mais facultatif), est un mode d’étiquetage qui note les produits de A (vert foncé) à E (orange foncé) en fonction de leurs qualités nutritionnelles. Pour faire simple : il compte, pour 100 grammes de produit, d’un côté les fibres, protéines, fruits et légumes, et de l’autre les calories, graisses saturées, sucres et sel. Inutile de préciser quels nutriments sont à favoriser et lesquels sont à limiter... Au vu des notes attribuées, le consommateur peut ainsi comparer les produits d’un même rayon ou un même produit de différentes marques.

« Plus qu’un label, c’est une classification qui fait consensus scientifique, reprend le spécialiste. L’intérêt du Nutri-Score est d’avoir simplifié toutes les informations nutritionnelles qui, par obligation européenne, figurent déjà sur l’emballage, mais qui étaient jusque-là illisibles pour le consommateur lambda. » A l’heure où, selon la Ligue contre l’obésité, près d'un Français sur deux est en surpoids ou souffre d’obésité, « ce système vient en réalité pallier la démission des pouvoirs publics sur la question de l’alimentation et de son impact sur la santé des gens », estime le spécialiste.

Preuve que le Nutri-Score ne peut que gagner en légitimité dans les années à venir, les Français sont aujourd’hui 85 % à considérer la qualité nutritionnelle comme un critère dans leur choix d’alimentation, selon une enquête de Santé publique France de 2019. Les députés européens ont d’ailleurs récemment fait la proposition d’étendre un « étiquetage nutritionnel simplifié obligatoire » (à l’image du Nutri-Score) à tous les pays de l’Union européenne d’ici à 2024, contre seulement six aujourd’hui.

L’origine géographique : d’où vient ce que vous mangez ?

Plusieurs labels dits officiels, c’est-à-dire avec une valeur juridique au niveau national ou européen, se fondent sur des critères géographiques. L’Appellation d’origine protégée (AOP) ou contrôlée (AOC, en France) atteste ainsi que la production, la transformation et l’élaboration du produit doivent se faire dans une zone géographique précise, tandis que l’Indication géographique protégée (IGP), elle, garantit un lien entre l’aliment et un territoire. Les sigles « Viandes de France » assurent également une certaine traçabilité du produit.

« C’est une manière de ne pas confondre les authentiques produits du terroir (sel de Guérande, camembert de Normandie...) avec les contrefaçons », selon Olivier Andrault. Un autre label de ce type, Spécialité traditionnelle garantie (STG), est en revanche moins fiable : il atteste de la recette du produit, mais pas de sa provenance.

Le bio : votre assiette est-elle saine ?

C’est un des plus connus sur le marché : le label Agriculture Biologique (AB) garantit un produit composé à 95 % d’ingrédients biologiques, exempt de traces de pesticides et d’OGM (moins de 0,1%), et qui prend en compte la biodiversité, la préservation des ressources naturelles et le bien-être animal. Son équivalent européen est Eurofeuille. « C’est un label à privilégier, il respecte tous ses engagements et fait l’objet de nombreux contrôles », explique l’expert d’UFC-Que Choisir. Moins répandus, d’autres sésames comme Bio Cohérence, Nature & Progrès ou encore Demeter vont encore plus loin en termes de critères de qualité : zéro OGM, 100 % bio, interdiction de l’huile de palme…

Les labels « à part » : qualité supérieure, santé, environnement, éthique...

D’autres labels garantissent avant tout des critères de goût, de qualité, de santé, d’environnement ou encore éthiques. Parmi les plus connus, le Label Rouge est un signe français qui identifie les produits alimentaires de qualité supérieure à la moyenne des autres produits similaires, du fait d’un cahier des charges très spécifique. Le label « Bleu Blanc Coeur », de l’association éponyme, réintroduit quant à lui des produits riches en oméga 3 et 6 dans l’alimentation du bétail, garantissant ainsi des aliments meilleurs pour la santé de l’homme. D’autres industriels apposent des labels précisant l’absence d’additifs comme le logo « sans nitrite de sodium » sur des jambons ou « sans sucres ajoutés » sur les compotes.

Du côté des produits estampillés « éthiques », plusieurs labels se démarquent : Pêche durable MSC, Fairtrade Max Haavelar… Enfin, certains sigles mettent en avant les qualités environnementales de l’aliment, comme Rainforest Alliance. En attendant la généralisation d’un éventuel Eco-Score, actuellement testé par certains industriels, qui calcule l’impact écologique du produit.

« Il faut d’abord se poser la question : qu’est ce que je recherche ? », assure le médecin nutritionniste Patrick Serog. « Si vous cherchez un produit de terroir, comme le jambon, alors regardez les labels de terroir. Si vous voulez manger moins sucré, moins gras ou moins salé, regardez le Nutri-Score. Et si c’est l’écologie qui vous taraude, tournez-vous vers les labels environnementaux. »

Les "autodéclarés" : attention aux faux labels !

Ils vous ont sûrement déjà fait de l’œil : les labels « Elu produit de l’année », « Reconnu saveur de l’année » signifient seulement que le produit a été choisi par un jury de consommateurs sollicités par les marques. D’autres s’auto-déclarent même « écolo » ou « éthiques » alors qu’il n'ont aucune certification officielle, comme les labels agricoles « Agriculture durable » ou « Sans résidus de pesticides ». Dépourvus de contrôle et pensés comme des outils de communication par les industriels, ces labels privés ne garantissent en aucun cas la qualité, la saveur ou la provenance d’un produit. « Il faut simplement les ignorer », résume Patrick Serog.

Les applications : Yuka, Siga…

De nombreuses applications permettent désormais de guider le consommateur dans les rayons des supermarchés. C’est le cas de Yuka, qui scanne le code-barre des produits alimentaires et décrypte leur impact sur notre santé, mais aussi de Siga et Nova, qui évaluent le niveau de transformation des aliments et vous proposent les plus bruts, les plus naturels. Sauf que « personne ne fait ses courses avec des scanners à la place des yeux », nuance le médecin nutritionniste Arnaud Cocaul. « Avec tous ces labels, on infantilise un peu les gens en surmédicalisant l’alimentation. Le plaisir de manger devient sujet d’inquiétude, ce qui peut à terme créer du stress et être contre-productif. »

Mais le meilleur label, finalement, ne serait-il pas soi-même ? « La meilleure garantie de qualité, c’est d’apprendre à lire la composition d’un produit pour connaître la liste des ingrédients, la quantité de sucre, de graisses saturées, les ajouts d’additifsEt ce dès l’école, pour former les enfants à traduire le langage industriel. » Une petite révolution qui ne serait pas si compliquée, car « cela relève souvent du bon sens : moins il y a d’ingrédients, meilleur le produit est. » Simple !

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