“Give yourself a hand” (NDLR donnez-vous un coup de main), tel est le nom d’une campagne publicitaire récemment lancée, sur les réseaux sociaux, par le département de la santé du Queensland, en Australie.
L’objet de cette campagne ? Au cas où vous n’auriez pas saisi le jeu de mot, on vous la fait simple : encourager la masturbation. En effet, en diffusant ce message sur Facebook et consorts, les autorités australiennes souhaitent en finir avec les tabous qui entourent la masturbation.
Ah.. on oubliait, petite précision supplémentaire : non la campagne n’est pas destinée aux hommes, lesquels culpabilisent rarement à ce sujet, mais bien aux femmes.
La masturbation féminine, toujours tabou...
Cela peut suprendre, mais c’est pourtant vrai : à l’heure où parler de sa sexualité en public, lire des romans érotiques ou regarder de la pornographie ne choque plus grand monde, la masturbation féminine demeure toujours tabou.
En effet, comme l’explique la sexothérapeute Laetitia Trindade, “la masturbation reste tabou chez les femmes. Cela s’explique notamment par la place qu’occupe toujours, directement ou indirectement, la religion dans les sociétés”.
Un point sur lequel appuyait également l’enquête réalisée, sur la thématique de la masturbation féminine, par l’IFOP pour The Poken Company, en septembre dernier.
En outre, le sondage établissait un lien entre l’influence de l’Eglise Catholique et la pratique de la masturbation. En d’autres termes, elle démontrait que les femmes vivant dans des pays encore imprégnés par l’idéologie catholique se masturbaient moins que celles habitant dans des pays où les idéaux religieux sont moins présents.
Mais le tabou recule..
Cependant, bien que toujours bien présent, il est indéniable que ce tabou perd du terrain. Et pour cause, toujours d’après l’IFOP, en Europe, les femmes ne se sont jamais autant masturbées qu’en 2021.
Et pour cause, 80% des 5 025 femmes sondées ont déclaré s’être masturbées au moins une fois dans leur vie. En 2017, elles n’étaient que 77%. Ainsi, dans chacun des pays concernés par l’enquête -le Royaume-Uni, l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie- les chiffres progressent.
Plus précisément, ils gagnent un point en Allemagne (83%), un point au Royaume-Uni (79%), 9 points en Italie (76%), 4 points en Espagne (85%) et 4 points également en France (78%°).
Une augmentation qui ne surprend pas Laëtitia Trindade : “Aujourd’hui, même mes clientes d’une cinquantaine d’années m’en parlent, alors qu'auparavant elles n’auraient jamais osé aborder le sujet. C’est naturellement plus marqué chez les jeunes femmes, chez qui c’est rentré dans les mœurs. Pour les 19/20 ans c’est naturel, certaines femmes hétérosexuelles ne prennent d’ailleurs plus aucun plaisir à faire l’amour avec un homme et préfèrent se masturber”.
Et les mentalités évoluent...
D’accord, mais si la tendance est bien réelle comment l’expliquer ? L’enquête de l’IFOP tout comme la sexothérapeute émettent plusieurs hypothèses. En premier lieu, tous deux établissent un lien direct entre “la progression de la pornographie, la hausse des ventes de sextoys et la masturbation”.
Effectivement, entre 2016 et aujourd’hui, rien que le nombre de Françaises disant regarder des films X a progressé de 7 points. Par ailleurs, elles sont désormais 46% a avouer avoir déjà utilisé un vibromasseur alors qu’elles n’étaient que 37% en 2012.
Deuxième explication logique à cette hausse significative du sexe pratiqué en solo, le confinement. Pour Laëtitia Trindade, l’impossibilité de sortir et donc d’avoir des rapports sexuels lorsque l’on est célibataire explique “la hausse des ventes de sextoys” et donc par extension le recours plus globale à la masturbation.
Dernière raison possible : la plus grande mise en lumière de la communauté LGBT. De fait, la spécialiste estime que “cette plus grande exposition médiatique d’une communauté plus à l’aise avec la sexualité, et parfois plus libérée, permet également aux femmes hétérosexuelles d’être plus ouvertes sur leur propre sexualité, de découvrir de nouvelles choses et d’en parler plus facilement”.