- Mieux Vivre Santé : Que désigne réellement la date de péremption d’un produit alimentaire ?
Béatrice de Reynal : La loi européenne, et donc par extension la loi française, oblige les fabricants de produits alimentaires à doter leurs produits d’un mode d’emploi, c’est-à-dire d’une date de péremption. Celle-ci désigne la date au-delà de laquelle le produit n’est plus propre à la consommation.
Maintenant, sous l’appellation de date de péremption, on regroupe deux catégories de dates limites : la DLC (date limite de consommation) et la DDM (date de durabilité minimale) que l’on appelait auparavant la DLUO (date limite d’utilisation optimale).
Ce changement d'appellation a été effectué pour limiter les gaspillages car de nombreux consommateurs confondaient la DLUO avec la DLC et jetaient donc des produits qui n’avaient pas besoin de l’être.
- Qui détermine les différentes dates de péremptions ? Comment sont-elles calculées ?
Ces estimations basées sur l’expérience des professionnels sont ensuite validées par des analyses microbiologiques puisque, par exemple, certains aliments sont plus sensibles aux pollutions et aux contaminations bactériennes que d’autres.
Par exemple, une viande hachée et ce, même si elle est fraîche et achetée chez le boucher ne sera bonne que pendant 48 heures alors qu’un filet de bœuf durera bien plus longtemps.
Ensuite, les produits secs comme le sucre ou la farine seront toujours plus stables (sucre, farine..) que les produits riches en eau.
Et enfin, le système de conservation des aliments est aussi à prendre en compte : un aliment conservé dans du sucre ou du sel aura une durée de vie bien plus longue.
- Comment bien différencier les deux catégories de dates limites ?
Il est essentiel de bien différencier la DLC, date limite de consommation, et la DDM (anciennement DLUO), la date de durabilité minimale.
La DLC est présente sur les denrées les plus périssables et indique une date butoire au-delà de laquelle il faut absolument jeter les produits. On la trouve, par exemple, sur les plats cuisinés en vente au rayon traiteur d’un supermarché. Bien entendu, si on la dépasse d’un jour, cela ne veut pas dire que l’on va s'empoisonner mais il est important d’y faire attention.
La DDM concerne des denrées moins périssables comme des produits secs ou stérilisés et n’a pas le même caractère impératif. C’est-à-dire que passée la date indiquée les produits peuvent toujours être mangés. Par exemple, si la DDM d’une boîte de conserve de haricots, indique le 15 janvier 2023, passée cette date et si l’emballage n’est pas altéré, les légumes peuvent toujours être mangés.
- S’il n’y a pas de danger particulier à manger un produit dont la DDM serait dépassée, ne risque-t-il pas néanmoins d’avoir perdu ses qualités nutritionnelles ?
Si, effectivement. Tout d'abord, lorsque l’on attend trop longtemps avant de consommer un produit, il perd une partie de sa teneur en eau, se déshydrate (c’est pour ça que les fruits se rident).
Mais ça n’est pas le plus grave. Ce à quoi il faut faire attention, c’est à l’évolution de la contenance en vitamines (notamment en vitamine C). Plus la date de la récolte est lointaine, plus la contenance en vitamines sera basse. D’un point de vue nutritionnel, on sera toujours perdant si l’on attend trop longtemps. Par exemple, manger une boîte de conserve de légumes six mois après la DDM n’est pas dangereux, mais leur apport nutritionnel sera moindre et leur couleur aura changée, ils seront moins savoureux…
Par contre, et par principe de précaution, si vous avez des enfants très jeunes, vivez avec des parents âgés ou avec des personnes en convalescence ou qui souffrent d’une déficience immunitaire, ne jouez pas avec le feu et évitez de consommer des produits périmés. En effet, ils risqueraient d’ingérer la toxine du botulisme, laquelle fait régulièrement des morts.