- Mieux Vivre Santé : Gagne-t-on à réunir les enfants, parents et grands-parents pendant les vacances ?
Marie Danet : Oui, parce que c'est l'opportunité de passer plus de temps ensemble. En dehors des vacances, hormis lors d'un déjeuner ou d'un week-end, les moments que l'on peut partager avec les grands-parents sont assez restreints. Partir en famille permet de vraiment profiter, d'être les uns avec les autres, et ça crée des souvenirs.
Aussi, pendant les vacances avec les grands-parents, les tâches de la maison et la prise en charge des enfants sont partagées, ce qui soulage un petit peu les parents.
- Quels conflits les vacances avec la famille au complet peuvent-elles générer ?
Deux visions différentes risquent de se télescoper. Il est possible que les grands-parents laissent passer certaines choses aux petits-enfants : ça va quand ils sont seuls avec eux, mais ça peut agacer les parents lorsqu'ils sont là. En parallèle, ces derniers peuvent ressentir la crainte d'être jugés ou attaqués dans leur parentalité, étant donné que les grands-parents ont déjà eu l'expérience d'avoir des enfants – même s'ils peuvent donner des conseils intéressants et utiles.
Il faut aussi prendre en compte le fait qu'entre les générations, la conception de l'éducation et la perception des enfants ont évolué : quand ils étaient parents, les grands-parents se posaient beaucoup moins de questions que ceux d'aujourd'hui. Puis, il existe désormais énormément d'injonctions sociétales autour de la parentalité. Donc, plus que des habitudes éducatives, la différence générationnelle entre en compte.
- Comment gérer ces différends ?
Généralement, les conflits apparaissent lorsqu'il y a des difficultés relationnelles à l'origine entre les parents et les grands-parents. En conséquence, avant de partir, il me semble qu'il faudrait se mettre d'accord sur le fait que chacun a sa propre place et que l'idée n'est pas d'être dans le jugement de ce que font les autres. La clé est de communiquer avec bienveillance pour que tout le monde passe des bons moments et que les vacances ne virent pas au drame familial.
- Quelle place chacun devrait-il adopter ?
Les parents devraient garder leur rôle et leur place de parents. En revanche, je pense que les grands-parents sont là pour faire office de tiers médiateurs entre eux et leurs enfants : ils apportent un petit peu de souplesse et de nouveauté dans leur quotidien, avec la proposition d'une organisation différente et d'autres activités. C'est sympa pour tout le monde, car, même s'ils sont en vacances, les parents ont tendance à garder des réflexes de leur routine habituelle. On le voit surtout avec les repas, chaque famille ayant ses habitudes alimentaires.
- Comment résoudre un conflit qui porte sur l'éducation des enfants ?
Je pense qu'il faut que les parents et les grands-parents en discutent, mais surtout pas devant les enfants. L'idée est que chacun puisse exposer son point de vue, expliquer pourquoi il l'a adopté : c'est assez sain d'avoir des échanges sur ces sujets, ça peut amener les parents à se remettre en question et à prendre du recul par rapport à leur façon de faire, qui mérite parfois d'être revue. Néanmoins, même si les parents peuvent gagner à être à l'écoute des conseils des grands-parents, c'est à eux d'avoir le dernier mot.
Plus précisément, c'est une problématique très variable selon les familles. Certaines sont extrêmement soudées et proches, avec les grands-parents qui font déjà partie du quotidien des enfants toute l'année, tandis que chez d'autres, les grandes vacances peuvent être l'occasion de resserrer les liens. Forcément, ce n'est pas la même adaptation. Par exemple, quand les grands-parents s'occupent des enfants tous les mercredis ou vont les chercher à l'école, d'autres questions se posent. Parfois, c'est presque plus difficile puisque des habitudes ont été prises dans la vie de tous les jours. Puis, ça peut être délicat : comme ils rendent fréquemment service, les parents mettront peut-être un petit peu plus d'eau dans leur vin.