Les médecines douces sont en pleine explosion. En 2019, dans une enquête réalisée par Harris Interactive pour Santéclair, 86% des personnes interrogées déclaraient en avoir une bonne image et 71% disaient y avoir déjà eu recours.
Les thérapies alternatives les plus plébiscitées étaient alors l'ostéopathie, l’acupuncture et l’homéopathie. Rien de très original ? Peut-être. Mais ce que l’étude ne précisait pas, c’est que d’autres médecines douces, moins connues et quelque peu plus atypiques, rencontrent elles aussi, un fort engouement.
Quelles sont-elles, vous interrogez-vous ? Ah… le choix est vaste. Pourtant, l’une d’entre elles se démarque bel et bien et fait de plus en plus d’adeptes. J’ai nommé la sylvothérapie.
La Sylvothérapie qui, permettez-moi de le préciser pour les non-initiés, n'est autre que le bain de forêt ou encore le fait de se ressourcer au contact de la nature.
La sylvothérapie, source de bien-être
Faire un câlin à un arbre. Si l’on en croit les nombreux articles sur le sujet, c’est à cela que ressemble la sylvothérapie. Mais, que nenni, la sylvothérapie ne se limite pas à ce que les Anglais appellent le “tree hugging”.
Et pour cause, Jean-Marie Defossez, auteur de “Sylvothérapie : le pouvoir bienfaisant des arbres” la définit bien plus simplement. “Pour moi, la sylvothérapie c’est le fait de bénéficier de la présence apaisante et bienfaisante des arbres. Le simple fait d’être près des arbres, dans la forêt, c’est de la sylvothérapie” explique le docteur en biologie animale et spécialiste de la respiration.
Il poursuit, on peut y voir quelque chose “de symbolique, d’autres parlent d’énergétique, mais il n’y a pas besoin de mettre ses mains sur un arbre et de se fixer une intention pour en profiter”.
En effet, contrairement à ce que l’on pourrait croire, à tort, la sylvothérapie n’a rien d'ésotérique. Oui, elle est parfois associée à l'ésotérisme, mais non, elle n’y est pas restreinte.
En clair : si les thérapies énergétiques se l’approprient, elle existe bel et bien en dehors. Amis cartésiens réjouissez-vous, loin de la mouvance New Age, les bases de la sylvothérapie sont avant tout scientifiques.
Une pratique ancestrale
“C’est une réalité scientifique : on a besoin de la nature pour se sentir bien” tranche Jean-Marie Defossez. Et cette réalité, les Romains, l’avaient déjà comprise.
Ah, vous pensiez peut-être que la sylvothérapie était une invention des temps modernes ? Grave erreur, “certains écrits romains la mentionnaient déjà" souligne l’organisateur de stage en sylvothérapie.
Même en France, la pratique n’est pas nouvelle. Comme le rappelle Eric Brisbare, auteur du livre “Un bain de forêt” et accompagnateur en montagne, “au 19ème siècle, en France, on amenait les patients atteints de maladies pulmonaires et de tuberculoses au contact des arbres”.
En revanche, il est vrai qu’entre le 19ème et l’époque actuelle, la sylvothérapie avait été oubliée en France. Son retour sur le devant de la scène, elle le doit donc en partie, à une chose : les nombreuses études scientifiques faisant état de ses divers bienfaits.
Des bienfaits qui, tel que le précise Jean-Marie Defossez, ont été observés, entre autres, au Japon ou la sylvothérapie “a été institutionnalisée par le ministère de la Santé, en 1982, pour faire face à une importante vague de suicides”.
Drôle d’idée de combattre la dépression à coup de balade dans les bois ? Et bien détrompez-vous, pas du tout ! En outre, comme l’ont démontré le scientifique japonais Qing Li -membre fondateur de la société japonaise de sylvothérapie- et bien d'autres, les bénéfices santé de la sylvothérapie sont légions.
Une pratique aux vertus nombreuses
Lorsqu’il amène ses clients faire de courts séjours en forêt, Eric Brisbare n’a que des retours positifs. “Généralement, quand j'amène des clients faire un séjour de deux jours et une nuit en forêt, à la fin, ils me disent avoir l’impression d’avoir pris une semaine de congé” relate l’accompagnateur en montagne.
Et c’est normal puisque, tel qu’il le résume, passer du temps en forêt “repose instantanément l’esprit et procure une sensation de bien-être”. Mais, comment expliquer ce bien-être soudain ?
Tenez-vous bien, les raisons sont multiples. Dans un premier temps, se retrouver dans la forêt a un fort impact sur notre système nerveux. Dans notre vie quotidienne, notre système nerveux sympathique est en permanence activé par le stress ambiant alors, qu’à l’inverse, souligne Eric Brisbare, “le fait d’être en forêt augmente l'activité du système parasympathique” et a donc pour effet de nous apaiser.
Par ailleurs, continue-t-il, “les phytoncides, qui sont des molécules sécrétées naturellement par les arbres diminuent notre production de cortisol, l’hormone du stress”. Et côté stress, ça ne s’arrête pas là, renchérit Jean-Marie Defossez : “il y a également les senteurs auxquelles on réagit très positivement et la couleur verte qui est apaisante”.
C’est tout ? Non, non, toujours pas. “Les scientifiques ont établi que passer du temps en forêt aide, entre autres, au ralentissement du rythme cardiaque, permet de baisser la pression artérielle, renforce le système immunitaire, permet de lutter contre le diabète et met la respiration dans un état de moins grand stress. Or, une fois que l’on touche à la respiration, on touche au cœur, à la digestion, à l’activité des reins et à l’activité du cerveau” énumère le spécialiste de la respiration.
De plus, ajoute-t-il, “la proximité avec les arbres modifie l'architecture du cerveau. En ce sens, il a été découvert que les enfants qui grandissent près d’un espace vert ont un cerveau qui fonctionne mieux pour apprendre et pour mémoriser et que, quelle que soit l’architecture de notre cerveau, il sera plus efficace si l’on est en pleine nature”.
Une pratique accessible à tous
Vous l’avez donc compris, les bienfaits de la sylvothérapie sont vastes. Et l’avantage, c’est que pour en profiter : c’est assez simple. Pas besoin de dépenser des mille et des cents ni forcément de faire appel à un spécialiste. Il suffit de vous rendre dans la forêt la plus proche et de vous laisser guider par vos cinq sens.
Une excursion low cost qui, qui plus est, aura des retombées sur le plus ou moins long terme. Ainsi, Eric Brisbare explique qu’un séjour de “trois jours et deux nuits en forêt apporte des bienfaits sur un mois”. Dès lors, il conseille “d’intégrer le bain de forêt à son agenda comme on le ferait pour une séance de sport. C’est bien de faire trois bains de forêt d’une heure environ, trois fois par semaine. Le plus souvent possible sera le mieux”.
Dernier petit conseil de Jean-Marie Defossez, si vous vous aventurez seul en forêt pensez, quand même, à faire “attention aux tics et aux chenilles processionnaires, si on s’allonge à même sur le sol ça peut être très embêtant”.