- Mieux Vivre Santé : Comment maigrir ?
Faïza Bossy : Le corps étant composé à 60% d'eau, à 35% de muscles, puis à 15% de graisse et d'os, on ne peut jouer que sur les muscles et, surtout, sur la graisse, qui est stockée dans des petites cellules, les adipocytes. Quand elles augmentent en volume, la masse graisseuse explose. À l'inverse, lorsque l'on maigrit, leur volume diminue. Leur nombre, lui, ne change pas, car, à la base, l'être humain est un chasseur. Historiquement, il ne mangeait pas tous les jours, donc, dans son for intérieur, il a appris qu'en phase de disette, il devait stocker : c'est de là que nous vient la masse graisseuse. Ainsi, dès qu'un petit peu d'énergie nous arrive par l'alimentation, un phénomène de stockage se produit dans le tissu adipeux. Quoi que l'on fasse, cette base sera toujours présente : c'est pour ça qu'on ne peut jouer que sur son volume.
- Que se passe-t-il dans notre organisme quand on maigrit ?
Concrètement, quand on perd des kilos, notre corps répond en mobilisant les stocks de graisses, en libérant de l'énergie emmagasinée. En réponse, une sensation de faim accrue et une augmentation des comportements de récompense se manifestent. C'est toujours une étape un petit peu difficile, car, quand on commence à maigrir, la leptine – aussi appelée "hormone de la satiété", ndlr. – est disproportionnée par rapport à d'habitude. Elle nous dicte de nous rattraper de cette forme de disette en nous faisant nous diriger vers des aliments qui procurent de l'énergie facilement, donc qui sont gras, sucrés, ou salés. En d'autres termes, quand on essaie de perdre du poids, le tissu adipeux demande au cerveau de résister afin d'éviter une réduction des stocks de graisses : on a faim, on cherche des récompenses.
- Comment contrecarrer ces mécanismes ?
Pour compenser cette sensation de faim, il faut tromper le cerveau en mangeant des aliments qui complètent la satiété, qui remplissent. Il s'agit donc de produits riches en fibres et en protéines, comme la viande, le poisson, les œufs, les légumes fibreux, les lentilles, ou encore les pois chiches. Par ailleurs, il est important de continuer à consommer des graisses. Le cerveau n'est qu'électricité : il fonctionne grâce aux connexions neuronales. Si elles ne sont pas "graissées", au sens littéral du terme, on risque d'avoir des problèmes neurologiques.
- Le sport peut-il aider à maigrir ?
Oui, parce que c'est un bon moyen de brûler de l'énergie. En revanche, il ne faut pas compter dessus pour perdre du poids, c'est plutôt un stabilisateur. Par exemple, quand on pratique un sport à haute dose, on gagne de la masse musculaire, c'est pour ça que certains font des sèches en parallèle, pour perdre de la masse graisseuse. Soulignons que même si elle n'a pas de réel impact sur les chiffres qu'affiche la balance, l'activité physique a de nombreux bénéfices secondaires, notamment sur le psychique : lorsque l'on s'est engagé dans un régime, on passe par des phases de dépression ou de fluctuation d'humeur, pendant lesquelles on peut être irritable, énervé… Le sport aide à se calmer.
- Au fond, ne gagnerait-on pas à se détacher de la balance ?
Si, complètement! Elle est utile parce qu'elle fournit des chiffres et qu'il nous faut un poids de référence, ne serait-ce qu'au niveau du suivi pour accompagner les patients, afin qu'ils se rendent compte des efforts qu'ils ont accomplis. Pour eux, c'est important de pouvoir se situer. Néanmoins, il ne faut pas que la pesée devienne quotidienne, cela n'a aucun intérêt. L'idée est qu'elle reste une valeur de référence avec des mesures d'écart-type qui nous permettent de noter une progression, une stabilisation ou une reprise légère. On ne doit pas tomber dans un système de contrôle, plutôt accepter de lâcher un petit peu prise. Sinon, perdre du poids deviendrait invivable.
