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Pas si fou ...

Se parler à soi-même : les bienfaits insoupçonnés du soliloque

Par Aude Solente

Vous at-on déjà dit que vous avez l'air fou pour la simple et bonne raison que l'on vous avait surpris en pleine discussion, à voix haute, avec... vous-même ? Oui ? Et bien rassurez-vous, non seulement ça n'a absolument rien de bizarre mais en plus, c'est un signe d'intelligence.

junce/iStock

Imaginez cette scène : vous vous baladez tranquillement dans la rue et croisez quelqu'un qui débat, avec lui-même, à voix haute. "Allez, tu peux y arriver, un peu de courage !" murmure-t-il. Surpris, vous le dévissez et vérifiez s'il échange avec quelqu'un d'autre ou bien s'il discute au téléphone. Et alors que vous comprenez qu'il est réellement en pleine conversation solitaire, vous pensez : "Il n'est pas un peu fou, lui". 

Ne dites pas que cela ne vous est jamais arrivé, on ne vous croira pas. Peut-être, vous êtes-vous d'ailleurs déjà vous-même surpris en train de soliloque, à voix haute, en pleine rue, ou au supermarché. Après un instant d'égarement, vous êtes alors sévèrement auto-flagelé : « Chut, mais quel idiot, pourquoi je parle tout seul ». 

Ca vous parle davantage ? Eh bien, rassurez-vous, ni vous, ni la pauvre personne dont vous êtes moqué dans la rue, n'êtes bizarres. Au contraire, vous êtes plutôt en parfaite santé.

Se parler à soi-même : un signe de bonne santé 

Vous avez bien lu, pas d'inquiétude à avoir : se parler à soi-même, préférablement à voix haute, est un très bon choix. En effet, selon Linda Sapadin, docteure en psychologie, coach et auteure d'un papier sur la question, « se parler à soi-même est un signe de bonne santé mentale »

Elle s'explique : « La plupart des gens s'imaginent que se parler à soi-même, à voix haute, est synonyme de folie mais cela ne veut certainement pas dire que vous êtes fou surtout si vous avez l'habitude de le faire pour vous calmer et pour, in fine, prendre de meilleures décisions ». 

En ce sens, la psychologue donne un exemple : « Si vous vous dites 'c'est bon, ce n'est rien de grave, les choses vont s'arranger, réfléchit au problème, tu n'as pas besoin de prendre une décision dans la minute, peut-être peux-tu parler à X ou Y…' c'est une manière de se calmer et cela nous aide à prendre de meilleures décisions »

Se parler à voix-haute permet de clarifier ses idées et de résoudre, mais efficacement, d'éventuels problèmes. Et pas seulement. D'après l'experte, soliloquer a quatre applications pratiques : « Se parler à soi-même est particulièrement utile pour s'auto-féliciter (« C'est bien, tu as fait du bon boulot »), pour se motiver (« Allez ! Tu vas y arriver"), pour prendre les bonnes décisions ("Dois-je faire ceci ou plutôt cela") et pour se fixer des objectifs ("Aujourd'hui il faut que je pense à…") » .  

Mais alors, d'où vient la nécessité de le faire haut et fort ? « On le fait tous de manière silencieuse, mais lorsque l'on se parle à haute voix, c'est comme un double message : non seulement on dit quelque chose, mais en plus on s'entend le dire. Cet effet doublon est ce qui rend la technique plus efficace . D'autre part, alors que nombreuses sont les pensées qui envahissent notre esprit en permanence, en formuler une à voix haute permet de lui conférer plus d'importance. Ce n'est plus une pensée passagère, mais une pensée à part entière » explique la thérapeute. 

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Vous l'avez compris : plus besoin de réprimer vos envies soudaines de sololoque, à l'inverse, embrassez-les. Embrassez-les, mais attention tout de même : se parler à soi-même c'est tout bénéf', mais uniquement si vos paroles sont positives. 

Et pour cause, met en garde la spécialiste, « si vous avez tendance à vous parler de manière négative, alors ces soliloques marcheront contre vous ». En clair, insiste-t-elle : Se parler à voix haute est une bonne technique, utile à tous, sauf pour ceux qui sont très durs envers eux-mêmes , ils ne sont pas justes envers eux-mêmes et deviennent, par conséquent , leur pire ennemi » .  

En revanche, continuez la coach : « Si vous vous dites 'tu es vraiment un imbécile, comment peux-tu être si bête', vous pouvez vous reprendre rapidement et transformer le négatif en positif en disant, par exemple, 'tu n'aurais pas dû faire ça, mais c'est bon, tu vas y arriver'. De cette manière, l'insulte devient un encouragement » .

On l'a dit, et l'auteure insiste sur ce point, "se parler à soi-même rend plus intelligent si, plutôt que d'en faire usage pour se réprimander, cela nous permet de mettre les choses en perspective, de bien réfléchir » . Et comme tous les soliloques ne se valent pas, pour bien les mettre à profit, il est bon de respecter certaines règles. 

Voilà la marche à suivre, selon Linda Sapadin : « Les soliloques les plus efficaces commencent avec un compliment ou un encouragement comme, par exemple, 'tu sais que tu peux le faire. Tu es intelligent, tu as toutes les ressources nécessaires. Certes, pour le moment tu es perdu, tu ne sais pas quoi faire, mais tu vas prendre la bonne décision, calme-toi, réfléchis et tu y arriveras'”

En d'autres termes, l'idée est de se calmer et, s'il s'agit par exemple d'un autre problème à résoudre, de réfléchir à un plan : à qui puis-je faire appel ? Quels sites internet puis-je aller consulter ? Une fois que la démarche est claire alors on l'applique plus facilement, et notre problème trouvera rapidement sa solution. 

Quand dois-je m'inquiéter docteur ?

Maintenant que l'on l'a réhabilité le soliloque, une question demeure : il y a-t-il un moment à partir de doit s'inquiéter si on le pratique trop souvent ? La réponse est, généralement, non. 

"Quand on a l'habitude d'user de cette technique dans un endroit privé, alors y avoir recours régulièrement n'a rien d'inquiétant", tranche l'experte. Comprenez : conserver avec soi-même en public n'a rien de dramatique, simplement, vous risquez d'avoir l'air un peu ridicule. 

Par contre, si ces soliloques ne vous aident pas, vous perturbent ou sont à l'origine de pensées négatives alors, dans ce cas précis, il est sans doute temps d'arrêter.

Effectivement, l'experte estime que, s'ils provoquent l'effet inverse, « il est sûrement temps de parler à quelqu'un d'autre . Cette personne peut-être un thérapeute, un ami, mais aussi, un membre de votre famille, quelqu'un qui vous apporte son deuxième sur un problème à résoudre, etc. » . En somme : se parler à soi-même, c'est bien, mais c'est comme tout : ça s'apprend !