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L'avis de l'experte

Rencontres "coup d'un soir" : déculpabilisez !

Par Floriane Valdayron

Limités par les restrictions liées à la crise sanitaire, les "coups d'un soir" sont à nouveau possibles avec la réouverture progressive des lieux de rencontre et l'assouplissement du couvre-feu. Alexia Bacouël, sexothérapeute et autrice des "Dessous du plaisir" nous explique l'intérêt que peuvent présenter ces rapports éphémères.

Sjale/iStock

- Pourquoi est-il important de déculpabiliser le coup d'un soir ?

Alexia Bacouël : D'une part, pour déconstruire les stéréotypes de genre, mais aussi parce que les coups d'un soir sont intéressants d'un point de vue sexuel. Quand ils se passent dans de bonnes conditions, avec bienveillance, ils donnent lieu à une rencontre avec son propre corps, son désir. Ils favorisent une meilleure connaissance de soi, permettent de savoir ce dont on a envie et ce que l'on préfère, puisqu'ils constituent une bonne manière de s'éclater, de se faire plaisir, d'expérimenter la sexualité. Néanmoins, attention : cela vaut pour les personnes déculpabilisées sur la question, qui lèvent davantage leur inhibition dans un contexte où il n'y a pas d'enjeu amoureux. Pour beaucoup, le plaisir ne sera pas forcément au rendez-vous pendant un coup d'un soir, car ils ont besoin de davantage d'attachement.

- Il arrive que le coup d'un soir soit suivi de regrets. Pourquoi ?

Je pense qu'ils sont liés au contexte dans lequel on a accepté le rapport sexuel. Par exemple, ces derniers ont souvent lieu pendant une soirée bien arrosée. De fait, avec l'alcool, on donne son consentement parce que l'on est désinhibé : finalement, notre personnalité est un petit peu différente de celle que l'on a d'ordinaire. De la même manière, il est possible de tomber sur quelqu'un pour qui on n'avait aucun attrait et avec qui le rapport sexuel n'était pas forcément plaisant. Dans ce cas-là, il n'y a pas de "rendement". Par ailleurs, quand on accepte un coup d'un soir, c'est généralement parce que la personne nous plaît physiquement. Donc c'est plutôt agréable sur le moment, mais il peut suffire de quelques instants, le lendemain, ou après le rapport, pour se rendre compte qu'elle n'était pas si chouette, finalement.

- Dans ce cas, pourquoi recommence-t-on ?

Parce que l'on continue de boire ! Plus sérieusement, le fait est que l'on est dans la rencontre avec l'autre. Même si elle est éphémère, elle est intéressante et crée un certain lien social : en tant qu'êtres sociaux, on en a besoin. Ainsi, si quelqu'un nous plaît un soir, une autre personne nous plaira peut-être la semaine suivante. Et ce n'est pas parce que l'on regrette avec l'une que l'on regrettera avec l'autre, donc on teste. C'est de l'expérience pure et simple. Par ailleurs, l'aspect de la séduction d'un soir est quand même attrayante : c'est plutôt très agréable de plaire. Puis, n'oublions pas que l'on peut rencontrer quelqu'un avec qui la relation durera, quelle que soit sa forme.

- Ces motivations concernent-elles également les personnes qui éprouvent le besoin de "collectionner" ? 

Non, au-delà de la quête d'une certaine légèreté, d'une volonté d'être dans la séduction, il existe différents types de comportement en lien avec des rapports récurrents, voire très récurrents. C'est propre à l'histoire de chacun. D'abord, certains ne supportent pas d'être seuls et ont toujours besoin d'avoir quelqu'un, peu importe qui. Puis, j'ai aussi souvent remarqué que de nombreuses personnes – notamment les femmes – qui ont vécu des violences sexuelles sont dans une sorte de revanche sur leur sexualité. Elles la prennent en main et ont besoin que ce soient elles qui choisissent et décident, ce qui peut parfois être une certaine forme d'autodestruction.

- Y a-t-il un pendant négatif au coup d'un soir ?

J'en vois un, particulièrement. Il est lié au fait que l'on se laisse un petit peu porter par le jeu de séduction, par le désir d'avoir l'autre, de le posséder, d'une certaine manière. À un moment de la soirée, il peut arriver qu'un élément "casse" un petit peu cette envie. Dans ce cas, même si on ne veut plus forcément aller au bout, on se retrouve dans une espèce d'engrenage où l'on se sent obligé – que l'on soit un homme ou une femme – notamment par le poids des codes sociétaux. Il est alors impératif d'apprendre à s'écouter et à exprimer clairement son non-consentement pour ne pas vivre une expérience traumatisante. 

- Le "plan cul" peut-il être une alternative intéressante ?

Oui, tout à fait ! Quand on trouve quelqu'un avec qui les rapports sont agréables et que l'on partage la même envie de ne pas se mettre en couple, le plan cul permet de retrouver l'aspect "exploration" du coup d'un soir, tout en évitant l'injonction à aller au bout si l'on n'en a pas envie, de par son caractère récurrent, "anticipé". Cependant, attention : il arrive souvent que l'un des deux partenaires tombe amoureux et espère davantage. Le risque, c'est qu'il finisse par souffrir de la situation.