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Sophrologie : comment ça marche ?

Née dans un service de neuropsychiatrie en 1960, la sophrologie consiste à établir un meilleur rapport aux choses, à soi, à ses émotions, et, plus largement, aux phénomènes de vie. Elle demande un entraînement quotidien, qui s'appuie notamment sur des techniques de respiration, de relâchement du tonus musculaire et de futurisation. Mieux Vivre Santé fait le point.

Sophrologie : comment ça marche ? YuricBel/iStock

  • Publié le 25.05.2021 à 10h00
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Définie par son créateur, le neuropsychiatre Alfonso Caycedo, comme "une nouvelle école scientifique qui étudie les modifications de la conscience humaine", la sophrologie est née en 1960. Elle repose sur l'effacement des frontières entre le corps, le mental et les émotions. "C'est-à-dire qu'on ne les dissocie pas : on s'entraîne à être présents dans ce l'on vit, pas uniquement dans notre représentation mentale des choses, mais aussi dans leur sensation, dans l'émotionnel, et dans les sentiments", explique Anne Almqvist*, sophrologue et directrice de l'école supérieure de sophrologie appliquée (ESSA), à Vincennes. En somme, il s'agit d'entrer en congruence avec soi.

"Par exemple, si une personne a peur, qu'elle la ressent corporellement, et que, mentalement, elle se dit qu'elle n'a pas peur, cela ne marche pas", illustre-t-elle. Ainsi, la sophrologie consiste à établir un meilleur rapport aux choses, à soi, à ses émotions, et, plus largement, aux phénomènes de vie. Objectif : les accueillir en adéquation avec soi et répondre à des situations complexes, quelles qu'elles soient, du sport à la vie quotidienne, en étant au plus proche de ses besoins. Cette école repose sur la philosophie du "non-jugement", qui vise à développer un état d'esprit. "On parle de phénoménologie, une notion d'accueil et d'acceptation qui permet la résilience, précise Anne Almqvist. Nous sommes sur des nouveaux schémas de rapport à soi, autant dans le passé que dans le futur".

Les techniques employées

La sophrologie est basée sur des techniques de respiration, de relâchement du tonus musculaire, ainsi que sur des méthodes qui permettent d'être davantage en "présence à soi". "La visée n'est pas la relaxation, c'est un procédé, souligne la directrice de l'ESSA. Le relâchement musculaire et psychique constitue un outil pour se libérer de ses mécanismes habituels et pouvoir prendre du recul". Cela passe notamment par s'entraîner à poser un autre regard sur le passé, le revisiter avec bienveillance, et considérer les apports positifs d'un échec. 

La sophrologie utilise également la futurisation, qui consiste à se projeter entièrement – à la fois au niveau de ses émotions et corporellement – dans une réussite, un exploit, une guérison, ou encore un projet de vie. "Ce n'est pas de la visualisation, car elle reste uniquement dans le mental", différencie Anne Almqvist. Avec la projection, il est question d'évènements censés se réaliser. "Bien sûr, nous n'avons aucun contrôle sur le futur, mais nous travaillons autour du principe d'action positive, reprend la professionnelle. Nous entraînons le mental à être dans des formulations positives". Le but : s'approprier le futur tel que l'on a envie qu'il se produise.

Le public ciblé

La sophrologie s'adresse à un vaste public, allant des sportifs aux enfants, en passant par les personnes en quête de bien-être, à celles qui souffrent de troubles du sommeil. "En fait, elle est indiquée pour tous ceux qui souhaitent vivre mieux ce à quoi ils doivent faire face, résume Anne Almqvist, en prenant l'exemple de quelqu'un s'apprêtant à donner une conférence, et qui aimerait gagner en confiance en lui. C'est valable au quotidien, pour les personnes qui sont en train de se déprécier constamment"

Le déroulé des séances

En cabinet, la consultation dure une heure. Elle débute par un temps d'écoute, nécessaire pour identifier les besoins du patient. "Ensuite, on lui fait vivre une séance de sophrologie", poursuit l'experte. D'un individu à l'autre, elle sera très variée. Par exemple, quelqu'un souffrant de troubles du sommeil commencera par un exercice de respiration, puis s'adonnera à des étirements et des relâchements. "Nous travaillerons aussi sur le fait de porter un nouveau regard sur le sommeil, en lui demandant comment il aimerait le vivre, et d'imaginer le vivre pleinement, pour se le réapproprier, développe la sophrologue. On peut finir par une projection, suivie d'un travail sur le passé, sur la manière dont la personne dormait avant".

Il est également possible de se déplacer. Anne Almqvist prend l'exemple des joueurs de tennis qu'elle suit : en parallèle des séances dissociées du sport, en cabinet, elle les accompagne lorsqu'ils sont sur le terrain. "Je leur dis d'être présents aux sensations, à celles qui sont agréables dans le mouvement, de bien penser à synchroniser leur respiration avec leurs gestes", raconte-t-elle. Dans ce cas, c'est le présent qui compte. Ainsi, pour ne vagabonder ni dans le futur, ni dans le passé, le sophrologue aide le sportif à entraîner son mental à être dans ses sensations corporelles de l'instant. L'idée est qu'il puisse répéter seul cette dynamique durant un match.

Qu'elle se déroule en cabinet ou à l'extérieur, la séance se conclut par un nouveau temps d'écoute. "On demande à la personne comment elle l'a vécue, puis on formule son ressenti, explique Anne Almqvist. Ensuite, on lui donne des consignes d'entraînement pour chez elle". Il convient de le pratiquer tous les jours, pendant une quinzaine de minutes. "C'est comme une méditation : cela consiste à fermer les yeux, à s'accorder du temps, à revenir en contact avec soi, à s'entraîner à l'accueil de ses sensations, de ses émotions, de ses pensées, sans jugement", détaille la sophrologue. Cela peut aussi se traduire par s'entraîner à être présent dans ce que l'on vit, sans nécessairement avoir les yeux fermés, mais en prenant du recul, en se posant dans l'instant, dans son quotidien, pour le savourer.

La durée de l'accompagnement 

Il n'existe pas de durée type d'accompagnement : le professionnel l'adapte en fonction de son patient, de ses besoins, de sa problématique. "Je pense qu'il est important d'avoir un minimum de dix séances, vu que l'on parle d'entraînement, de méthodes à intégrer et à développer dans son quotidien, estime Anne Almqvist. Quel que soit l'apprentissage, les répétitions sont nécessaires".

Selon la directrice de l'ESSA, il est possible d'aller jusqu'à une vingtaine de séances, à raison d'une par semaine, idéalement. "Cela peut être un véritable accompagnement de vie, reprend-elle. Par exemple, c'est un petit peu plus long pour les personnes anxieuses, car l'anxiété est inscrite en elles : il faut qu'elles se libèrent d'un schéma. Réinitialiser quelque chose d'autre demande plus de temps".

* Anne Almqvist œuvre avec le syndicat des sophrologues professionnels (SSP) pour la reconnaissance de la sophrologie comme métier de santé. Objectif : travailler en collaboration avec les professionnels du secteur. "Cela permettrait d'intégrer dans la formation de médecin ces approches, pour que les personnels de santé puissent les conseiller à leurs patients, estime la directrice de l'ESSA. Il existe de nombreux témoignages de personnes atteintes d'un cancer disant qu'elles auraient aimé être suivies par un sophrologue, en parallèle des traitements comme la chimiothérapie".

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