Un Français sur quatre a consommé davantage de produits locaux en 2020, d'après un sondage Ipsos. Puisqu'ils ne font l'objet d'aucune classification officielle au niveau européen ni à l'échelle française, le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation considère que la notion de distance géographique permettant le caractère "local" varie d'un consommateur à l'autre. "C'est du bon sens, estime Hélène Lemaire, diététicienne nutritionniste. La proximité dépend de là où on habite. Par exemple, si l'on est en ville, le premier champ se trouvera peut-être à une trentaine de kilomètres. Plutôt qu'une distance, on pourrait envisager de se repérer en fonction du temps de transport, comme établir une limite à deux ou trois heures".
Par ailleurs, l'alimentation de proximité est à distinguer du circuit court, défini par le gouvernement comme "un mode de commercialisation des produits agricoles qui s'exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu'il n'y ait qu'un seul intermédiaire entre l'exploitant et le consommateur" . Ici, il n'existe pas de critère de distance géographique entre la production et la commercialisation. Ainsi, un produit vendu en circuit court ne sera pas nécessairement local, et inversement. Dans cet article, nous nous concentrons sur l'alimentation de proximité.
"La fraîcheur des produits est très intéressante"
Elle présente plusieurs intérêts. D'abord, la saisonnalité. "Qu'il s'agit des fruits et légumes, du fromage, ou de la viande et du poisson, la fraîcheur des produits est vraiment très intéressant" , assure Hélène Lemaire, en citant notamment les fromages de chèvre dans le Sud, commercialisés du mois de février à celui d'octobre. Prenons l'exemple des fruits et légumes : lorsqu'ils sont de saison, ils sont consommés à leur plein potentiel de vitamines et de minéraux. En outre, l'aspect écologique est loin d'être négligeable, puisque l'alimentation de proximité est synonyme d'une réduction du transport mis en œuvre pour acheminer les produits.
"Il en est de même pour les méthodes de production" , ajoute la diététicienne nutritionniste. Elle évoque le cas de la Bretagne, la région qui produit le plus de tomates, même en hiver. "On est loin de l'alimentation méditerranéenne... Et, surtout, on utilise des serres chauffées, enregistrées polluantes pour les cultiver" , reprend l'experte. Enfin, l'alimentation de proximité est synonyme de traçabilité, qui garantit notamment la qualité des produits. "C'est d'autant plus vrai lorsque l'on passe par le circuit court de proximité , précise Hélène Lemaire. Voir l'exploitant ou son intermédiaire permet de savoir d'où vient ce que l'on achète" .
La présidente de l'AMAP (Association pour le maintien d'une agriculture paysanne) Moulin de Redon, dans les Bouches-du-Rhône, est catégorique : les vertus de l'alimentation de proximité sont telles qu'il vaut mieux la préférer aux produits bio non locaux. "D'où l'intérêt du circuit court : on peut demander plus facilement les traitements utilisés , souligne-t-elle, en mettant également en avant les retombées économiques pour les agriculteurs et les éleveurs. C'est aussi une question de solidarité".