- Comment définir avec précision l’insomnie ? En quoi se différencie-t-elle d’un trouble du sommeil ?
Sylvie Royant-Parola : L’insomnie se caractérise soit par des problèmes d'endormissement, soit par des problèmes d’éveil dans la nuit, soit par un réveil trop précoce le matin. De plus, ces symptômes doivent également être associés à un fort retentissement le lendemain : difficultés de concentration, fatigue importante, mal-être… Se faisant, la notion d’insomnie, tout en étant précise, est assez subjective.
Lorsqu’un ou plusieurs de ces symptômes se présentent au moins trois nuits par semaine, sur une période supérieure à trois mois, on parle d’insomnie chronique.
- Traditionnellement, comment prend-on l’insomnie en charge ? La prise de somnifère est-elle si courante qu’on peut le penser ?
Contrairement à l’idée reçue, on ne prescrit pas nécessairement de médicaments. Le traitement de l’insomnie est très codifié. Le thérapeute est censé faire le point, avec son patient, sur ce qui peut le conduire à souffrir d’insomnie puisque celle-ci a, à la fois, des facteurs déclenchants et un terrain propice.
Dans un premier temps, le traitement se constitue d’une thérapie comportementale et d’une thérapie cognitive. Concrètement, le thérapeute peut mettre en place un certain nombre de consignes : l’horaire du coucher peut être amené à être modifié, le temps passé au lit peut être changé, etc.
C’est uniquement si ces méthodes ne suffisent pas ou s’il y a une réelle notion d’urgence, de panique ainsi qu’un impact très lourd sur le quotidien du patient que des somnifères seront prescrits. Par ailleurs, puisqu’ils créent une accoutumance, ils ne sont généralement prescrits que sur des périodes courtes.
- Quelles sont les méthodes alternatives, en termes de thérapies et de traitements, qui peuvent être mises en place ?
Les techniques alternatives le plus fréquemment employées sont la méditation et la relaxation. Si leur efficacité a été prouvée, il convient tout de même de souligner qu’il s’agit bien de méthodes complémentaires : seules, sans thérapies comportementales et cognitives, elles ne suffiront pas.
En revanche, associées à un traitement traditionnel, elles peuvent réellement aider les patients à s’endormir. Il faut néanmoins toujours étudier ces méthodes au cas par cas, leur mise en place dépend vraiment de la personne concernée. En effet, la relaxation est globalement plus facile d’approche, puisque la méditation, d’un point de vue psychologique, ne convient pas à tout le monde.
En ce qui concerne les traitements alternatifs aux somnifères, par exemple, la mélatonine peut parfois être une solution. Puisqu’il s’agit d’une hormone, il est particulièrement intéressant d’en prendre lorsque l’on souffre d’un déficit de production. Cela concerne en particulier les personnes âgées et les jeunes adultes ou enfants qui présentent un trouble du développement.
De manière générale, pour la population lambda, ce n’est pas un traitement qui doit être pris à long terme. Effectivement, à court terme, la mélatonine peut avoir un effet inducteur du sommeil, mais à long terme elle peut modifier le rythme de sommeil, induire un réveil précoce ou encore causer des somnolences durant la journée. Ainsi, ce n’est pas parce qu’elle est en vente libre, qu’elle est sans effet secondaire et qu’on peut l’utiliser n’importe comment.
Enfin, tout ce qui relève du domaine de la phytothérapie n’a pas montré la preuve de son efficacité scientifiquement parlant. Cependant, puisque ce sont des substances qui ont un effet placebo, elles peuvent être intéressantes pour quelqu’un qui souffrirait d’insomnie débutante, sans trouble d’anxiété important. Dans ce cas précis, la phytothérapie peut avoir pour impact de rassurer le patient et, par là même, d’empêcher ses angoisses de croître et de prendre davantage le pas sur son sommeil.