- Mieux Vivre Santé : D’où vient la méditation ?
Christine Lambert : Les premières origines sont retrouvées en Inde, au Tibet et dans certains pays d’Asie. Un héritage important provient de l’Inde qui ne fait pas de dissociation entre le yoga, la méditation, l’ayurveda. Depuis 15 ou 20 ans, la méditation est de plus en plus présente dans le monde entier, dont l’Europe.
- En quoi consiste-t-elle ?
Cette pratique consiste à se relier à soi dans l’instant présent. Beaucoup de personnes sont affectées par leurs pensées récurrentes. En méditant, elles vont pouvoir prendre du recul, car leur esprit est conscient mais leur corps n’est pas actif. Pour faciliter le détachement, on peut se concentrer sur ce qu’il se passe à l’intérieur de notre corps, par exemple les battements du cœur, la circulation des fluides, la fraîcheur, les endroits où l’air rentre et sort. En même temps, on fait l’état des lieux, on essaye de voir quand nos pensées liées au passé ou au futur arrivent.
- Que se passe-t-il dans le cerveau lorsque l’on médite ?
Quand on médite, on met en veille le cerveau gauche. Il est le plus sollicité dans notre société, car il se charge d’organiser les tâches et de générer les pensées. Cela va favoriser la détente. Ainsi, le cerveau droit est innervé. Il permet de se relier à notre être profond, de lâcher prise, de se détacher des blocages. Plus on l’active, plus on va pouvoir équilibrer les deux hémisphères et se reconnecter à soi-même.
- Dans quel cas la méditation est-elle conseillée ?
Toute personne qui cherche à améliorer son bien-être et son quotidien peut méditer. Cette pratique est vivement préconisée en cas de maladies psychosomatiques. Chez les personnes stressées, anxieuses ou présentant des troubles du sommeil, cette pratique va activer la détente cérébrale. Elles seront donc plus sereines, ce qui va favoriser l’endormissement. Pour les adultes souffrant de fibromyalgie, la méditation aide à mieux gérer les douleurs, car elle permet d’avoir une vision plus haute des choses et de relativiser. En outre, la technique de visualisation améliore la gestion de la douleur.
- En pratique, comment ça marche ?
Il est recommandé de méditer tous les jours pour que ce soit efficace. Pour réussir à le faire, on conseille de s’asseoir au sol, par exemple sur des coussins, ou sur une chaise dans une pièce calme afin de sentir son ancrage. Il faut que le bassin soit bien rehaussé pour éviter toute tension, que la colonne vertébrale et les omoplates soient bien alignées et que le sommet de son crâne soit bien érigé. Cela permet aux énergies de passer correctement. Les bras doivent être détendus, les mains posées sur les cuisses ou dans le giron, à savoir une partie du corps allant de la ceinture aux genoux en position assise. Le regard est baissé. En clair, il ne faut pas fermer les yeux, mais les laisser entrouverts pour ne pas sombrer dans la somnolence, qui est un état de non-vigilance. La bouche doit aussi être un peu ouverte. Quant au menton, on le rentre pour aider à l’alignement du rachis.
La première séance peut être particulière, car on peut faire face à des douleurs articulaires, des blocages psychologiques, une envie de se gratter ou encore à son impatience. Cela peut nous décourager à méditer. Afin d’éviter cela et d’atteindre une relaxation profonde, il est conseillé de se concentrer sur notre respiration, à savoir notre énergie vitale. Pour cela, on se focalise sur les va-et-vient de notre souffle et sur la manière dont on respire afin de se détacher de ses pensées. Autre option : écouter une musique spécifique afin de se connecter aux sons.
- À quelle fréquence doit-on méditer ?
Quand on débute, il ne faut pas se mettre trop la pression et ne pas culpabiliser. Pour que cette pratique soit efficace, il convient de méditer quotidiennement. On peut le faire pendant seulement trois minutes tous les jours puis de plus en plus longtemps. Il vaut mieux avoir recours à la méditation cinq minutes par jour que 30 minutes une fois par semaine.
Il faut savoir que, pour méditer, il n’est pas obligatoire de s’asseoir au sol ou sur une chaise. Par exemple, les personnes peuvent le faire lorsqu’elles se brossent les dents en se concentrant ce qu’il se passe dans leur bouche, quand elles font la vaisselle en se focalisant sur la mousse, le bruit de l’eau ou les déchets éliminés. Autres moments possibles : sous la douche, en étant attentif à la température de l’eau, ou lors d’un repas, en mâchant doucement et en analysant comment la nourriture passe dans le corps.
- Comment réussir à méditer si l’on est trop terre-à-terre ?
Si une personne cartésienne fait la démarche de venir, cela signifie qu’il y a une ouverture et qu’elle est curieuse. S’il n’y a aucune volonté, la méditation ne marchera pas, mais elle peut se tourner vers la sophrologie ou le qi gong par exemple.
- Dans ce cas, faut-il avoir recours à des applications de méditation ?
C’est un bon départ. Beaucoup de personnes se sont mises à la méditation grâce à l’application Petit Bambou, car elle est simple et les séances durent uniquement cinq minutes par jour. Dès qu’une application propose des séances longues et compliquées, il vaut mieux arrêter de l’utiliser. Après avoir médité plusieurs fois à l’aide d’une application, on peut chercher un groupe et un professionnel.
- Vous donnez des cours de méditation aux tout-petits. On le sait : les enfants se lassent et sont vite distraits. Comment faites-vous pour capter leur attention ?
Les enfants ont un avantage : ils ont moins de pensées récurrentes. En général, pendant deux minutes de sonothérapie, à savoir une thérapie par le son et les vibrations, je leur demande de s’allonger. Ils écoutent les sons des gongs ou des bols tibétains qui les intriguent et captent dont leur attention. Ensuite, je leur dis de se concentrer sur leur souffle et leur ventre qui se gonfle, ce qui les fait rire. Comme pour les adultes, les tout-petits peuvent profiter des bienfaits de la méditation s’ils le font tous les jours.