Vous vous êtes aperçu que votre enfant remet en question son identité de genre, mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Première chose indispensable à avoir en tête : votre enfant n’est certainement pas trop jeune pour cela, donc ne sous-estimez pas ses ressentis. En effet, comme le rappelle le psychiatre pour enfants et adolescents, Dr Jason Lambrese, dans un article sur le sujet : “Sur le plan du développement, nous savons que les enfants dès l'âge de 3 ans commencent à comprendre et à reconnaître le concept de genre. Cela ne devrait donc pas nous surprendre qu'à un jeune âge, ils commencent à réfléchir à leur propre sexe.”
Ne pas confondre sexe attribué à la naissance et identité de genre
Cela peut sembler basique, mais il est essentiel de commencer par poser les bons mots pour parler à votre enfant, et de ne pas confondre l’identité de genre avec le sexe attribué à la naissance. Pour le second, cela dépend en grande partie de l’anatomie : le médecin déclare le bébé fille ou garçon selon qu’il présente un vagin ou un pénis. Mais en grandissant, ce sexe attribué peut ne pas correspondre avec l’identité de genre de l’enfant qui correspond en quelque sorte, à ce qu’il est à l’intérieur. “C'est la façon dont il conceptualise son propre genre comme étant masculin ou féminin, ou ni l'un ni l'autre, ou les deux”, précise le Dr Lambrese. Dans cette logique, les termes cisgenre, transgenre, non binaire ou encore genre non fluide doivent être évoqués. On rappellera ici que l’identité de genre n’est pas non plus liée à l’orientation sexuelle.
Montrer à son enfant qu’il est en droit de choisir son identité de genre
“Nous avons tendance, souvent inconsciemment, à classer les enfants en les poussant dans une certaine direction stéréotypée, vers des « choses de garçons » ou des « choses de filles », note le Dr Lambrese. Au lieu de cela, lorsque vous allez ensemble au magasin pour acheter un nouveau jouet par exemple, vous pourriez dire à votre enfant : ‘Tu veux regarder dans le rayon des camions ou dans celui des poupées ? Ou nous pourrions regarder les deux !’”. En clair, oubliez tous les stéréotypes liés au genre et encore trop véhiculés par la société. En laissant votre enfant choisir ce qu’il veut, vous l’aidez déjà à explorer son identité de genre.
Autre conseil : créez un environnement d’acceptation dans le cercle familial. Comment ? En parlant positivement des identités de genre et des orientations sexuelles à la maison. Le psychiatre insiste sur l’importance de normaliser toutes les identités queer. Il conseille également d’utiliser un maximum des termes non sexistes comme “amis” ou “gens” au lieu de “garçons” ou “filles”. N’hésitez pas également à prendre le temps de déconstruire avec votre enfant les clichés véhiculés par la société de type “les filles jouent aux poupées et les garçons aux voitures”, ou “les garçons ne pleurent pas”. “Il est important que vous ayez ce type de conversations de manière continue”, précise le spécialiste.
Amour et soutien, quoi qu’il arrive !
Plusieurs études, ici et là, montrent que les jeunes transgenres sont plus susceptibles que leurs pairs cisgenres de souffrir de problèmes de santé mentale comme la dépression, l'anxiété et les idées suicidaires, mais que le soutien parental peut faire une grosse différence. “Assurez-vous que votre enfant continue à entendre que vous le soutenez et que s'il veut parler de quelque chose, vous êtes là pour avoir ces conversations avec eux”, conclut l’expert.
Parler de façon bienveillante d’identité de genre et d’orientation sexuelle avec votre enfant est également un enjeu public : en 2023, les actes anti-LGBTQ+ ont augmenté de 13 % par rapport à 2022 en France. Il est donc plus que nécessaire d’éduquer nos enfants, qui ne l'oublions pas, feront la société de demain.