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Endométriose

Endométriose : "Le symptôme maître est la douleur, mais celle-ci est extrêmement variable d'une patiente à l'autre"

Par Youssra Khoummam

Le Professeur Charles Chapron, expert en gynécologie, a récemment détaillé l'impact de l’endométriose lors d’une session dédiée à cette maladie bénigne, lors des Journées Nationales de Médecine Générale, notamment sur les patientes atteintes.

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L'endométriose, une maladie gynécologique chronique, touche une femme sur dix (au moins) et peut entraîner des douleurs intenses et une infertilité, affectant profondément la qualité de vie des patientes.
Malgré des avancées médicales, le diagnostic de l’endométriose reste long et complexe, avec un retard moyen de 7 ans, en partie à cause d'une méconnaissance généralisée de la maladie.
À ce jour, seuls les traitements hormonaux ou la chirurgie offrent une réelle solution pour soulager les symptômes et améliorer la qualité de vie des patientes.

L'endométriose est une maladie complexe, souvent associée à des symptômes variés et polymorphes. "Cette maladie, l'endométriose, est à la fois multifocale, hétérogène et inflammatoire, avec des troubles de l'immunité. Le diagnostic, quel que soit le système de santé, prend souvent entre cinq et dix ans, en raison de la diversité et de la complexité des symptômes. Le symptôme maître est la douleur, mais celle-ci est extrêmement variable d'une patiente à l'autre. Vous pouvez avoir des douleurs pelviennes chroniques, des dysménorrhées, mais également des signes digestifs ou urinaires qui sont souvent méconnus", a expliqué le Professeur Charles Chapron, chef du service de gynécologie de l’hôpital Cochin (Paris).

Cystites interstitielles et syndrome du côlon irritable : des comorbidités fréquentes

L'une des caractéristiques importantes de l'endométriose est son association avec d'autres pathologies douloureuses. "Aujourd'hui, on sait que les femmes atteintes d'endométriose ont un risque significativement plus élevé de développer des cystites interstitielles, avec un risque accru de 3 à 4 fois par rapport à la population générale", explique le Professeur Chapron. Il ajoute également que cette pathologie, fréquemment diagnostiquée chez les femmes atteintes d'endométriose, contribue grandement à l'altération de leur qualité de vie.

Le syndrome du côlon irritable est une autre comorbidité fréquemment associée à l'endométriose : "Il est indispensable de prendre en charge le syndrome du côlon irritable chez ces patientes", précise-t-il. Ces troubles intestinaux viennent aggraver les douleurs pelviennes et compliquent encore plus le diagnostic et la prise en charge globale de la maladie.

Le diagnostic de l’endométriose se doit d’être rapide et adapté

Le diagnostic de l'endométriose reste un véritable enjeu de santé publique, souvent retardé de 5 à 10 ans. Les symptômes variés et parfois asymptomatiques rendent l'interrogatoire et l'imagerie quasi incontournable pour classifier les patientes et orienter le traitement.

Il existe bel et bien des cas d'endométriose totalement asymptomatiques. Le professeur l’a rappelé : "Certaines femmes peuvent être porteuses d'endométriose sans éprouver de douleurs ou de symptômes. Cela complique encore le diagnostic et nécessite une vigilance accrue." Ainsi, de nombreuses femmes vivent avec la maladie sans même le savoir, ce qui peut entraîner des complications à long terme, notamment sur le plan de la fertilité et des organes affectés.

Face à cette pathologie aux multiples visages, le gynécologue a insisté sur l'importance d'un diagnostic précoce et précis. Des outils comme l'interrogatoire clinique peuvent être très efficaces pour repérer les patientes à risque, et l'imagerie médicale permet aujourd'hui de mieux cibler les types d'endométriose, y compris chez les adolescentes. De plus, le spécialiste insiste sur le fait qu'il n'y a plus lieu de pratiquer des coloscopies diagnostiques en 2024, préférant les techniques non invasives combinant interrogatoire et imagerie (cf : l’endotest qui sera bientôt sur le marché français et remboursé dès 2025).

Pour conclure, le professeur a évoqué les différentes options thérapeutiques disponibles : "Nous disposons de traitements hormonaux qui bloquent la menstruation et soulagent les douleurs, ainsi que de la chirurgie, qui reste efficace pour traiter la douleur, les hémorragies et améliorer la fertilité. Enfin, la procréation médicalement assistée (PMA) offre les mêmes chances de succès que la chirurgie pour les patientes souhaitant avoir un enfant."