L'arrivée d'une nouvelle année s'accompagne très souvent d'un lot de bonnes résolutions. Mais peu d'entre elles tiennent au-delà de quelques semaines. La psychologue Johanna Rozenblum, auteure du livre "Déconditionnez-vous" (Ed : Courrier du Livre), nous aide à comprendre le phénomène et à faire perdurer notre envie de changement.
Pourquoi Docteur : Pourquoi sommes-nous si nombreux à prendre de bonnes résolutions au Nouvel An ?
Johanna Rozenblum : Nous prenons des résolutions en début d’année, car ce moment symbolise un renouveau, propice à l’introspection et au changement. C’est une tradition ancrée dans l’histoire et les cultures, renforcée par un besoin humain de progression personnelle. Bien pensées et réalistes, les bonnes résolutions peuvent motiver et structurer nos objectifs. Cependant, si elles sont irréalistes ou forcées, elles risquent de mener à l’échec.
Bonnes résolutions : “Les plus difficiles à tenir sont souvent celles qui impliquent des changements profonds et durables”
Quelles sont les bonnes résolutions les plus fréquentes ? Et les plus difficiles à relever, selon vous ?
Les résolutions les plus fréquentes tournent autour de l’amélioration personnelle et du bien-être : faire plus de sport, perdre du poids, mieux manger, arrêter de fumer, économiser de l’argent, apprendre une nouvelle compétence, passer plus de temps en famille ou réduire le stress.
Les plus difficiles à tenir sont souvent celles qui impliquent des changements profonds et durables dans les habitudes, comme arrêter de fumer ou transformer son mode de vie. Cela s’explique par la force des routines, la baisse de motivation ou des objectifs mal définis.
Changement : "Pour réussir, il faut du réalisme, de la répétition et une approche progressive"
Il semble que transformer les bonnes résolutions en habitudes soit difficile. Comment expliquer ce taux d'échec important ?
Le taux d’échec des bonnes résolutions s’explique par des objectifs souvent trop ambitieux ou mal définis, un manque de préparation et de discipline, ainsi que la difficulté à maintenir la motivation sur le long terme.
Psychologiquement, le cerveau privilégie le confort des habitudes existantes et résiste au changement, perçu comme une dépense énergétique importante. L’absence de résultats rapides ou de renforcement positif amplifie ce mécanisme, conduisant à l’abandon. Pour réussir, il faut du réalisme, de la répétition et une approche progressive qui valorise les petites victoires tout en travaillant sur la gestion de ses pensées et sa tolérance à l’effort.
"Être indulgent avec soi-même en cas de difficulté permet de garder un état d’esprit positif"
Quels sont vos conseils pour tenir ses bonnes résolutions 2025 ?
Pour tenir ses bonnes résolutions, il est important de se fixer des objectifs clairs, réalistes et mesurables, en les reliant à des motivations profondes. Il faut intégrer ces changements progressivement dans sa routine, en se concentrant sur une résolution à la fois pour éviter la dispersion.
La répétition régulière aide à ancrer de nouvelles habitudes, et il est essentiel de célébrer chaque petit progrès pour maintenir sa motivation.
Être indulgent avec soi-même en cas de difficulté permet de garder un état d’esprit positif et de persévérer malgré les obstacles. Enfin, partager ses objectifs avec un proche ou utiliser des outils de suivi peut renforcer l’engagement.
Consulter un psychologue peut aussi être un excellent “outil de suivi”, surtout pour des résolutions impliquant des changements profonds comme mieux gérer ses émotions, améliorer sa confiance en soi ou arrêter une addiction. Un psy aide à identifier les freins inconscients, à comprendre les mécanismes de résistance au changement et à développer des stratégies adaptées pour tenir ses engagements. Il offre également un soutien émotionnel et une forme de responsabilisation. Ce qui peut renforcer la persévérance et la motivation dans la durée.
Bonne résolution en groupe : "Il est important de respecter les limites et le cheminement de chacun"
Parfois des amis ou des couples décident de prendre la même résolution - comme arrêter de fumer ou de se remettre au sport - dans l’espoir de se motiver ensemble. Est-ce une bonne idée ? À quoi faire attention si on fait cela ?
Prendre une bonne résolution en groupe peut être très efficace, car cela crée un soutien mutuel, une motivation collective et un sentiment de responsabilité partagée. Le fait de s’engager avec un proche ou un groupe renforce l’engagement, réduit le risque d’abandon et rend l’expérience plus agréable grâce à la dimension sociale. Cela permet aussi de partager des conseils, de célébrer les progrès ensemble et de se soutenir en cas de difficulté.
Cependant, il faut faire attention à certaines choses. Les attentes et les rythmes peuvent différer entre les membres du groupe. Ce qui peut créer des tensions ou démotiver. Il est important de respecter les limites et le cheminement de chacun, sans se comparer excessivement ou imposer une pression inutile. Enfin, l’engagement ne doit pas dépendre uniquement des autres, car chaque personne reste responsable de sa propre démarche.