La cigarette électronique est-elle une porte d’entrée vers le tabac ? Ses détracteurs l’affirment mais disposent-ils, pour autant, d’études pour le prouver ? Dans le rapport qu’il doit remettre ce mardi au ministre de la Santé, le Pr Bertrand Dautzenberg devrait, en tout cas, faire mention d’une publication dont il est co-auteur (1). Cette étude, menée dans le cadre d’une vaste enquête, avait permis d’interroger sur cette question 3409 enfants parisiens âgées de 12 à 19 ans au cours du premier trimestre 2012.
8 % des jeunes reconnaissent avoir déjà utilisé la ce-cigarette. Ce taux moyen augmente naturellement avec l’âge : 6,4% chez les 12-14 ans, 11,8 % pour les 15-16 ans.
Mais surtout, l’enquête souligne que, parmi ceux qui ont essayé la cigarette électronique, 33 % sont des non fumeurs. Les autres sont des fumeurs quotidiens (40,4 %), occasionnels (23 %), ou des ex-fumeurs (3,6%). Les auteurs concluaient que la e-cigarette est un moyen pour permettre aux ados d’arrêter de fumer mais aussi un produit d’initiation à l’usage de la cigarette.
Si les chiffres n’ont pas été mis en doute, certains spécialistes ont contesté le lien de causalité établi dans ce travail entre la cigarette électronique et l’incitation au tabac.
Mais face à un risque potentiel, la ministre de la Santé pourrait bien interdire la vente des cigarettes électroniques aux mineurs dans les magasins spécialisés. Aujourd’hui, nombre d’entre eux ont déjà appliqué cette mesure qui relève de l’usage et non de la loi. Reste à savoir si Marisol Touraine décidera ou non d'augmenter la taxe sur ce produit pour rendre son prix dissuasif pour les jeunes.
(1) Bertrand Dautzenberg, Pierre Birkui, Maryvonne Noël, Johanna Dorsett, Monique Osman, Marie-Dominique Dautzenberg
