Contrairement aux Etats-Unis, la France n’est pas encore parvenue à éliminer la rougeole de son territoire. Et le risque d’épidémies de rougeole mais aussi d’oreillons persiste. C’est ce qui ressort des deux enquêtes nationales 2008-2010 publiées ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire. « La proportion de sujets réceptifs vis-à-vis de la rougeole, des oreillons et de la rubéole parmi les moins de 30 ans reste élevée en France, permettant la survenue d’épidémies de rougeole ou d’oreillons », alertent les chercheurs de l’Institut de veille sanitaire.
Une politique vaccinale renforcée
La précédente enquête de séroprévalence datait de 1998 et montrait déjà une vulnérabilité des enfants et des adolescentes vis-à-vis de ces trois maladies infantiles. Pour enrayer la circulation de ces trois virus, les autorités sanitaires ont pris des mesures : abaissement de l’âge de la 2ème dose de vaccin ROR à 13-24 mois et vaccination de rattrapage pour les personnes nés après les années 80. L’objectif à atteindre en 2010 était clair : que seulement 15% des moins de 5 ans soient réceptifs vis-à-vis de la rougeole et de la rubéole. Autrement dit que 85% soient protégés de la maladie grâce à la vaccination ou parce qu’ils ont fabriqué naturellement des anticorps en ayant été en contact avec la maladie. Pour les 5-10 ans, l’objectif était fixé à 10% et pour les plus de 10 ans, à 5%. Restait à savoir si ces mesures avaient porté leurs fruits et le but atteint.
Les 10-30 ans, les plus vulnérables
Globalement, la politique vaccinale a fonctionné chez les enfants de moins de 10 ans. Mais entre 10 et 30 ans, trop de personnes sont encore vulnérables par rapport à ces maladies. En effet, plus de 20 ans après l’introduction du vaccin trivalent ROR, il y a « une proportion encore trop élevée de sujets réceptifs chez les moins de 30 ans », analysent les auteurs du BEH. Entre 10 et 29 ans, plus de 7% des Français n’ont aucun anticorps de la rougeole. Pour la rubéole, ce taux grimpe à plus de 8%. L’objectif des moins de 5% de personnes vulnérables n’est donc pas atteint. Et ce sont les 20-29 ans qui sont les moins protégés. Or, ce sont aussi des jeunes parents.
Enfin, la séronégativité vis-à-vis des oreillons, autrement dit le fait de n’avoir aucun anticorps contre cette maladie, était plus fréquente à tout âge que pour la rougeole ou la rubéole. Ce qui confirme que la vaccination contre les oreillons est moins efficace que les autres. Ce bilan en demi-teinte doit être tempéré. Les experts de l’INVS estiment en effet que suite à l’épidémie de rougeole et à l’élargissement du rattrapage vaccinal, la situation en 2013 devrait s’être encore améliorée, et la menace d’épidémie un peu repoussée.