Il n’est jamais trop tard pour arrêter de fumer. Quel que soit l’âge, il existe toujours un bénéfice à l’arrêt du tabac rappelle la Haute Autorité de santé qui indique que le tabagisme est responsable de 73 000 décès prématurés par an en France. « Arrêter de fumer à 40 ans améliore l’espérance de vie de 7 ans, arrêter à 60 ans améliore l’espérance de vie de 3 ans ».
Mais quelle est la meilleure stratégie ? La Haute Autorité de Santé (HAS) a fait le point aujourd’hui. Ce n'est pas la révolution : pas de nouveaux traitements, et sur la cigarette électronique, la HAS reste sur la défensive. « Rien ne permet de valider aujourd’hui l’allégation d’aide au sevrage tabagique de ces produits. On ne dispose pas de données scientifiques valides montrant un effet sur la réduction du tabagisme ni l’abstinence au tabac ». Mais, si un fumeur en parle à son médecin, la HAS recommande au médecin de ne pas lui interdire…
Ecouter le Dr Cedric Grouchka, membre de la HAS : « Nous recommandons au médecin de ne pas dissuader les fumeurs qui voudraient passer ou qui sont passés à la cigarette électronique, pourvu que ce soit temporaire et dans l’intention d’arrêter de fumer. »
L'aide d'un professionnel de santé, un gage de succès
Il n’existe pas de méthode unique pour arrêter de fumer. Mais, une tentative a deux fois plus de chances de réussir si elle est accompagnée par un professionnel de la santé. Pour cette raison, la HAS s’adresse aux médecins généralistes pour qu’ils deviennent plus pro-actifs notamment auprès des personnes qui ne viennent pas les consulter en première intenton pour leur tabagisme. « L’objectif principal de ses recommandations, c’est de faire en sorte qu’il soit le déclencheur quel que soit le motif de consultation des fumeurs qui viennent le voir, explique le Dr Cédric Grouchka, membre du collège de la HAS.
Ecouter le Dr Cédric Grouchka : « Il ne faut pas que les fumeurs arrêtent seuls et sans traitement. Dans ce cas de figure, seul 3 % des personnes arrivent à arrêter. »
Un des piliers du sevrage est l’accompagnement psychologique. La motivation est déterminante pour arrêter de fumer. On compte cinq à sept tentatives en moyenne, avant l’arrêt définitif - ce qui montre bien qu’il ne faut pas se décourager en cas d’échec, mais au contraire prendre le temps de se remotiver. Faire plusieurs tentatives de sevrage tabagique ne constitue pas un signe de faiblesse de caractère. Cela démontre au contraire une envie sincère, qui finira par aboutir. « Les consultations longues ne sont pas toujours faciles à organiser en pratique de médecine générale, décrit le Dr Cedric Grouchka. Il est intéressant dans ce cas de proposer plusieurs consultations dédiées d’environ 20 minutes, qui permettent au patient d’être accompagné dans la construction de sa motivation ».
L’accompagnement psychologique est aussi fondamental pour éviter les risques de rechute, notamment celles des femmes après l’accouchement : les données montrent que 80 % des femmes sevrées en cours de grossesse rechutent au cours de l’année suivant l’accouchement et que 30 % rechutent juste après l’accouchement.
Des substituts oui, mais avec quel dosage ?
Pour accompagner le sevrage, une aide médicamenteuse peut aussi être précieuse. Et pour la HAS, les traitements nicotiniques de substitution (TNS) sont les médicaments à prescrire en première intention. « Patchs, gommes, comprimés, inhaleurs… Leur efficacité est démontrée dans une littérature très abondante et très sérieuse », souligne le Dr Cedric Grouchka. Quel dosage choisir pour ces TNS ? Une cigarette égale 1 mg de nicotine. Certains professionnels utilisent cette équivalence pour savoir à quel dosage débuter le traitement. Mais la HAS rappelle que cette équivalence « n’est pas démontrée et est donnée à titre indicatif ». Il est tout à fait possible de débuter avec un autre dosage. Il ne faut pas oublier que le nombre de cigarettes fumées ne définit pas le niveau de dépendance. Pour ajuster plus finement le dosage, la HAS propose « d’associer des formes orales aux patchs, comme par exemple la prise de gommes à la demande, pour atteindre le niveau de nicotine suffisant et ne plus ressentir les signes de sous-dosage ».
Augmenter la prise en charge financière du sevrage
Après les TNS, seuls deux médicaments sont validés par la HAS : la varénicline et le bupropion. « La varénicline est supérieure au placebo pour l’arrêt du tabagisme à 6 mois et au bupropion pour l’arrêt du tabagisme à 12 semaines, rapporte la HAS. Cependant, la varénicline n’a pas montré de supériorité par rapport aux TNS et notamment aux patchs nicotiniques, ni à une combinaison de TNS. » Autre point important, les deux médicaments, en raison des risques de dépression et de suicide, font partie de la liste des 27 médicaments qui font l’objet d’une surveillance renforcée.
Dernier point, la HAS milite pour que la prise en charge de l’arrêt du tabagisme soit « totalement couverte », quelle que soit la situation du fumeur et le choix de la thérapie. « Ce n’est pas la première fois que nous demandons aux décideurs d’augmenter la prise en charge financières des traitements qui ont montré leur efficacité », indique Cedric Grouchka.
Ecouter le Dr Cedric Grouchka : « Plus la prise en charge financière du sevrage est importante, et notamment les dispositifs de tiers payant, plus l’efficacité des aides au sevrage, médicamenteuses ou non, sera importante. »
Jusqu’à présent, l'assurance maladie ne prend en charge sur prescription médicale que les traitements par substituts nicotiniques (patch, gomme, pastille, inhalateur... ) à hauteur de 50 euros par année civile et par bénéficiaire. Pour les femmes enceintes, ce montant est porté à 150 euros.