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Troubles du sommeil de l’enfant : un apprentissage mais des rechutes

Troubles du sommeil de l’enfant : un apprentissage mais des rechutes

Le sommeil se modifie de façon profonde entre les premiers mois de la vie et l’adolescence. Les troubles du sommeil sont courants chez l’enfant mais une bonne acquisition du sommeil est indispensable à son développement cérébral.

Troubles du sommeil de l’enfant : un apprentissage mais des rechutes
demaerre / iStock
Publié le 17.11.2022

Troubles du sommeil de l’enfant : COMPRENDRE

Des mots pour les maux

Les troubles du sommeil de l’enfant correspondent à une diminution de la durée ou de la qualité du sommeil, avec un retentissement sur le niveau de vigilance du lendemain.
Le trouble du sommeil peut être « initial » lorsque l’enfant a du mal à s’endormir à l’heure du coucher. Il peut se manifester sous forme de « réveils nocturnes », comme lors d’un cauchemar. Il peut enfin être lié à une « parasomnie » comme une « terreur nocturne » ou un somnambulisme ou l’enfant de se réveille pas.
Dans tous les cas, le sommeil est « non réparateur » avec un trouble de vigilance le lendemain et des performances intellectuelles réduites à l’école ou au travail.

Comment s’explique le sommeil ?

L’alternance veille-sommeil, c’est-à-dire veiller le jour et dormir la nuit, est déterminée par une horloge biologique interne qui est modulée par des facteurs environnementaux.
L’horloge interne est sous la dépendance de l’activité de cellules de l’hypothalamus dans le cerveau. L’activité de ces cellules est génétiquement programmée sur une période légèrement supérieure à 24 heures. L’horloge interne régule notamment la température du corps qui, en s’abaissant, entraîne une baisse de vigilance. La « température corporelle » est au minimum vers 3-4 heures du matin et au maximum entre 16 et 19 heures.
Mais l’activité de ces cellules est aussi modulée par l’environnement, et en particulier les variations de la lumière et les rythmes de la vie sociale. Cette influence de l’environnement est nécessaire afin d’aider les hommes à s’adapter aux saisons (variations de la durée du jour) et au milieu extérieur (les prédateurs autrefois et l’école maintenant).
Comme chez l’adulte, le sommeil de l’enfant est organisé en cycles. Il commence par une phase d’endormissement, puis se succèdent des cycles de sommeil. Chaque cycle comporte deux types de phases : les phases de sommeil « lent », plus ou moins profond, durant lequel l’activité cérébrale diminue. Et les phases de sommeil « paradoxal » durant lesquelles le cerveau est aussi actif que pendant la journée. C’est durant ces phases de sommeil paradoxal que les personnes endormies rêvent et que l’on observe des mouvements oculaires rapides.
Une nuit comprend 4 à 6 cycles de sommeil, et chaque cycle est composé de phases lentes et paradoxales. La durée de ces cycles et la nature des phases varient selon l’âge de l’enfant.

A quoi sert le sommeil ?

Le sommeil est une fonction essentielle indispensable à la vie dans toutes les espèces animales. Malgré cela, les fonctions précises du sommeil restent encore à définir.
Durant le sommeil, plusieurs processus physiologiques s’accomplissent dans le corps : les muscles se reposent, la pression artérielle et la fréquence des battements du cœur diminuent, les tissus du foie et des muscles se régénèrent, la sécrétion des hormones de croissance est la plus élevée... Toutes ces variations obéissent à un cycle chronobiologique de 24 heures et sont articulées autour du sommeil.
Toutes les fonctions du corps en dehors de celles du cerveau pourraient se produire en absence de sommeil bien que probablement de manière moins efficace. En revanche, le sommeil est absolument indispensable pour le bon fonctionnement du cerveau.
Le cerveau profiterait du sommeil pour consolider la mémoire et éliminer ses déchets liés au fonctionnement. Au-delà de l’élimination des déchets, qui pourrait se faire par une sorte de système lymphatique spécifique et surtout actif pendant le sommeil, les études les plus récentes suggèrent que le sommeil joue un rôle-clé dans l’établissement et la consolidation des connexions entre les cellules nerveuses (les « neurones »).
Cette optimisation de la « connectivité neuronale » permettrait non seulement de consolider la mémoire par le renforcement des circuits neuronaux, elle mais faciliterait également « l’oubli » en éliminant les interactions indésirables.

Comment se synchronise le rythme du sommeil ?

Deux mécanismes sont importants pour resynchroniser l’horloge interne si nécessaire.
Le premier implique la « mélatonine », une hormone qui permet d’avancer ou retarder l’endormissement pour s’adapter aux changements saisonniers de luminosité. La rétine contient, en effet, des cellules sensibles à la luminosité et ces cellules transmettent l’information sur la luminosité à un noyau situé à la base du cerveau, dans l’hypothalamus. Celui-ci relaie l'information jusqu’à une petite glande, l’épiphyse ou glande pinéale, qui va sécréter, ou pas, la mélatonine. Dès que la lumière baisse, la libération de mélatonine augmente et déclenche le sommeil. A l’inverse, une lumière forte et plutôt bleutée le soir (télévision, ordinateur…) retardera l’endormissement.
Le deuxième mécanisme implique l’activité sociale qui sert également de synchroniseur des phases de sommeil et de réveil. L’horloge biologique est, par exemple, retardée par des sorties tardives très fréquentes. En parallèle à cette horloge biologique, d’autres mécanismes régulent également le temps de veille et de sommeil.

Quelle est la durée du sommeil en fonction de l'âge ?

La durée idéale d'une nuit de sommeil est donc celle qui donne le sentiment d'être en forme le lendemain matin. Il y a des variations importantes d’un âge à l'autre. Le rythme et les habitudes de sommeil vont bien sûr s'adapter aux diverses obligations (familiales ou scolaires).
La National Sleep Foundation (NSF), l’organisme américain visant à promouvoir l'éducation au sommeil, a déterminé des durées de sommeil idéales en fonction de l'âge, à partir de plus de 300 études publiées :

La National Sleep Foundation recommande donc de dormir :

- Nouveaux-nés (moins de 3 mois) : entre 14 et 17 h par jour

- Nourrissons (entre 4 et 11 mois) : entre 12 et 15 heures

- Bambins (entre 1 et 2 ans) : entre 11 et 14 heures

- Enfants de moins 5 ans : entre 10 et 13 heures

- Ecoliers (entre 6 et 13 ans) : entre 9 et 11 heures

- Adolescents (entre 14 et 17 ans) : entre 8 et 10 heures

- Adultes entre 18 et 25 ans : entre 7 et 9 heures

- Adultes entre 26 et 64 ans : entre 7 et 9 heures

- Seniors de plus de 65 ans : entre 7 et 8 heures

Il s’agit bien sûr de fourchettes moyennes.

Quelles sont les différences de cycle en fonction de l’âge des enfants ?

Le sommeil est indispensable à la maturation du cerveau de l’enfant.
• Les nouveaux-nés dorment en moyenne 16 heures par jour mais, comme chez l’adulte, il existe des variations physiologiques d’un bébé à l’autre : certains ne dorment que 14 heures et d’autres jusqu’à 17 heures. Un cycle de sommeil chez le nouveau-né dure 50 minutes à 1 heure, avec une phase paradoxale et une phase lente plus courte. Le sommeil paradoxal occupe 50 à 60 % de tout le temps durant lequel le bébé dort : le bébé fait des grognements, des bruits de succion de la langue... et donnent parfois l’impression que le nouveau-né est réveillé. Il faut un certain temps pour que le sommeil du nourrisson adopte une cadence plus régulière : vers 1 mois, se met en place un rythme régulier sur 24 heures (nuit et siestes), vers 2 à 3 mois, les phases agitées disparaissent au profit des phases paradoxales et entre 6 et 24 mois, le sommeil se rapproche de sa forme définitive.

  • Vers 3 ans, la durée des siestes quotidiennes se réduit et elles vont disparaître. Cette évolution entraîne une réorganisation du sommeil nocturne : les phases de sommeil lent profond deviennent plus nombreuses en première partie de nuit et la capacité à passer de l’assoupissement à l’état de veille est en cours de maturation. C’est à cause de ces phénomènes que l’enfant peut avoir des « terreurs nocturnes » ou des crises de « somnambulisme ».
  • À partir de 6 ans, le sommeil évolue vers une réduction de la longueur des nuits et un allongement du temps d’endormissement. Les phénomènes de « terreurs nocturnes », de « somnambulisme » et de pertes des urines (« énurésie ») peuvent réapparaître et sont favorisées par l’importance du sommeil lent profond en première partie de nuit.
  • A partir de l’adolescence, le temps de sommeil se réduit du fait d’un coucher plus tardif (le « retard de phase ») qui conduit les adolescents à ne pas dormir assez en semaine par rapport à leurs besoins. Ce déficit de sommeil sera compensé par un lever plus tardif les week-ends et pendant les vacances.

Quels sont les différents types de troubles du sommeil de l’enfant ?

Les troubles du sommeil toucheraient un enfant sur 3 ou sur 4 avant l’âge de 6 ans. Ces troubles peuvent correspondre à des difficultés d’endormissement et des réveils nocturnes (« dyssomnies ») ou à des phénomènes anormaux qui traduisent un état de conscience intermédiaire ou « parasomnies » (somnambulisme, terreurs nocturnes, cauchemars).
• Les dyssomnies sont fréquentes et peuvent correspondre à 2 types de troubles : les difficultés d’endormissement et les réveils nocturnes.
Les « difficultés d’endormissement » sont liées au stade de développement de l’enfant, à sa personnalité et au comportement de ses parents. Il arrive souvent qu’un bébé ait des difficultés d’endormissement lorsque la mère retourne au travail : s’il est bercé dans les bras tous les soirs jusqu’à ce qu’il s’endorme, et si les parents arrêtent de le bercer autant : le bébé a associé l’endormissement au fait d’être bercé et ne peut plus s’endormir.
Les « réveils nocturnes » sont très fréquents et concernent la majorité des enfants entre 9 mois et 3 ans, y compris les bébés qui avaient commencé à « faire leurs nuits » entre 3 et 6 mois. De façon tout à fait normale, les enfants de 1 à 3 ans se réveillent en moyenne trois fois par nuit, le plus souvent entre minuit et 5 heures, puis ils se rendorment seuls. Le problème survient lorsque les bébés n’y parviennent pas. Ils signalent alors leur réveil par des pleurs ou en appelant leurs parents, ce qui concerne un tiers d’entre eux. Ce n’est pas que les bébés aient faim, mais ils ont besoin d’être rassurés en créant une situation d’échange avec leurs parents. L’absence de réponse à cette demande affective engendre chez eux un état d’excitation qui prolongera le temps d’éveil.
• Les parasomnies (cauchemars, terreurs nocturnes, somnambulisme) sont des comportements involontaires qui impliquent des mouvements, émotions et rêves anormaux et inconscients. Ils peuvent survenirlors de l’endormissement, lors du sommeil ou lors de réveils nocturnes.
Chaque enfant fait normalement des « cauchemars » (des rêves qui provoquent la peur). Ceux-ci surviennent plutôt dans la deuxième partie de la nuit, pendant les phases dites de « sommeil paradoxal ». À l’inverse des terreurs nocturnes, un enfant qui fait un cauchemar se réveille, reconnaît ses parents et se souvient d’avoir fait un cauchemar le lendemain. Des cauchemars occasionnels sont un moyen pour l’enfant d’évacuer les tensions de la journée et ne doivent pas inquiéter. Au fur et à mesure qu’il grandira, l’enfant fera des rêves de plus en plus élaborés qui seront un moyen de régler ses angoisses et ses peurs. Des cauchemars intenses et répétés peuvent, en revanche, être le signe d’une anxiété plus profonde, en rapport avec des problèmes familiaux ou avec l’école.
Les « terreurs nocturnes » sont fréquentes chez les enfants et surviennent plutôt en début de nuit (moins de trois heures après l’endormissement) et pendant le sommeil profond. L’enfant semble réveillé, il s’agite, il crie, il est en sueurs, ses fréquences cardiaque et respiratoire sont accélérées, mais en réalité il dort. Ces terreurs nocturnes n’expriment aucune angoisse. Une terreur nocturne ne dure que quelques instants : l’enfant va continuer sa nuit sans se réveiller et il ne s’en souviendra pas. Il ne faut pas le réveiller et ne pas lui en parler le lendemain, sous peine de le perturber. Les terreurs nocturnes apparaissent en général avant 4 ans, et concerneraient environ 40 % des moins de 6 ans.
Le « somnambulisme » est un comportement que l’enfant développe pendant le sommeil profond, en étant partiellement réveillé, mais non conscient de ses actes : il peut marcher dans la maison et même en sortir. Ce trouble, peu fréquent dans la petite enfance, devient plus courant avec l’âge. Il concernerait ainsi 15 % des 4-12 ans.
D’autres troubles sont possibles, mais sont moins spectaculaires : grincements de dents, parler en dormant, mouvements répétitifs lors de l’endormissement…
Dans la majorité des cas, ces parasomnies sont sans gravité et tendent à disparaître avec la croissance, bien qu’elles puissent perturber durablement le sommeil de l’enfant et de sa famille.

Quels sont les risques des troubles du sommeil de l’enfant ?

Le sommeil est indispensable à l’enfant pour se reposer et pour assurer son développement intellectuel.
Des troubles du sommeil trop importants et trop fréquents peuvent être responsables d’une somnolence durant la journée, de troubles du caractère à type d’irritabilité, de difficultés d’apprentissage scolaire (problèmes d’attention et de concentration, problèmes de mémorisation).
À plus long terme, les difficultés d'apprentissage et la baisse de la motivation peuvent conduire au décrochage scolaire. Les troubles du sommeil ont aussi été associés à un risque plus important de développer un surpoids.

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