La fatigue est un problème fréquent qui, lorsqu’elle persiste malgré le sommeil et le repos, doit faire rechercher une cause. Souvent d’origine psychique, elle ne dispense pas de rechercher les causes faciles à soigner (médicaments, infections, apnée du sommeil…), certaines maladies ou un syndrome de fatigue chronique.
La personne peut abusivement employer le terme de fatigue pour désigner des malaises ou un essoufflement à l’effort qui doivent faire évoquer une insuffisance cardiaque ou respiratoire, des sensations douloureuses dans la poitrine qui empêchent la poursuite de l’effort et qui doivent faire évoquer une angine de poitrine, une fatigue musculaire qui peut faire évoquer un trouble musculaire…
De la même façon, il faut distinguer la fatigue de la « fatigabilité « qui correspond à l’apparition anormalement précoce de la sensation de fatigue au cours d’un effort.
La « psychasthénie » est une forme spécifique d’asthénie psychogène qui emprunte une partie de son tableau clinique à la « personnalité obsessionnelle.
Toute fatigue qui persiste plus de 3 à 6 mois doit faire consulter un médecin.
De même, toute fatigue qui s’associe à un autre signe physique doit faire consulter un médecin pour un bilan approfondi : douleurs articulaires, faiblesse musculaire, manque d'appétit, nausées, souffle court à l'effort, palpitations, fièvre modérée, sueurs pendant la nuit, perte de poids, pâleur inhabituelle, malaises à répétition…
Il en est de même si la fatigue s’associe à des troubles du sommeil, l’absence de plaisir à accomplir des tâches habituellement plaisantes, des idées noires.
Le plus souvent la fatigue est de cause psychique, mais c’est ce que les médecins appellent un diagnostic d’élimination, sauf s’il existe des signes manifeste d’un trouble anxieux ou d’un syndrome dépressif.
• Classiquement, on oppose l’asthénie de type physique qui prédomine le soir à l’asthénie psychique qui prédomine le matin. Malheureusement, la majorité des malades se plaint d’une asthénie globale, toute la journée.
Un autre élément distinctif est l’étude de l’envie de faire des choses : dans l’asthénie physique, le malade a envie de faire les choses mais il n’en est pas capable, alors que dans l’asthénie psychique, le malade n’a envie de rien faire. Les troubles du sommeil éventuellement associés sont également importants à considérer : dans l’asthénie physique, il n’y a pas de troubles du sommeil, à l’inverse des asthénies psychiques où il existe de nombreux troubles du sommeil : insomnie d’endormissement en cas de troubles anxieux et insomnie de réveil précoce en cas de dépression. Le sommeil est important à caractériser avec le conjoint pour dépister une « apnée du sommeil » (somnolence diurne, ronflement et apnées nocturnes). Enfin, une asthénie très ancienne est probablement psychogène alors qu’une asthénie récente peut être les 2.
• Il est néanmoins important de rechercher dans les antécédents des maladies neurologiques, endocriniennes, cardiaques, respiratoires et psychiatriques.
• Il faut s’intéresser aux médicaments qui peuvent être pris comme les médicaments contre la douleur, les diurétiques, certains anti-arythmiques qui peuvent dérégler le fonctionnement de la thyroïde, des antitussifs… ou les carences d’apports alimentaires.
• Un amaigrissement rapide avec une altération de l’état général est très évocateur d’une asthénie physique (ou « organique »), de même qu’une fièvre, une toux, un essoufflement, des sueurs la nuit, des douleurs articulaires.
• Le médecin réalisera ensuite un examen clinique détaillé chez un malade déshabillé afin de bien examiner la peau. L’examen neurologique sera également détaillé en raison du caractère faiblement expressif des maladies neurologiques qui peuvent se révéler par une fatigue (associée à une hypertonie dans la maladie de Parkinson, à une chute des paupières à l’effort au cours de la myasthénie…). Il existe autant de signes évocateurs que de causes.
• C’est à partir de cet examen clinique que pourront être demandés des examens complémentaires.
Il ne sert à rien de multiplier les examens, par contre le bilan systématique comprendra les éléments de la recherche d’un syndrome inflammatoire (VS, CRP), une anomalie du sang (telle qu’une anémie), sur la NFS, un ionogramme sanguin, une glycémie, une créatininémie, un bilan hépatique et une calcémie pour rechercher les principales causes. De nombreux auteurs recommandent de doser la TSH pour rechercher une maladie de la thyroïde qui est souvent très discrète au début.
Une radiographie du thorax ne sera demandée qu’en cas de terrain à risques de tuberculose ou de contact avéré avec des tuberculeux. Les sérologies du VIH et des hépatites virales en fonction du contexte, ACTH idem.
Le diagnostic de syndrome de fatigue chronique est un diagnostic d’exclusion et il nécessite d’avoir éliminé une cause organique à la fatigue. La majorité des fatigues « inexpliquées » étant liées à un état dépressif, un entretien avec un psychiatre peut être recommandé pour déceler une éventuelle dépression.
Finalement, le diagnostic de syndrome de fatigue chronique est posé lorsque toute maladie et tout trouble psychiatrique ont pu être écartés et que le malade présente une fatigue persistante (six mois consécutifs ou plus) ne disparaissant pas au repos, ainsi qu’au moins quatre des signes suivants :
- Perte de mémoire à court terme ou difficulté de concentration.
- Maux de gorge.
- Douleurs au niveau des ganglions du cou ou des aisselles.
- Douleurs musculaires.
- Douleurs articulaires sans rougeur ou gonflement.
- Maux de tête, de sévérité et de caractéristiques inhabituelles.
- Sommeil non réparateur.
- Malaise persistant plus de 24 heures à la suite d’un exercice ou d’un effort.