La fièvre est une élévation de la température du corps au-delà de 38°C. C'est une réaction normale de l'organisme pour l'aider à lutter contre une infection. Le plus souvent sans gravité, la fièvre ne nécessite un traitement que lorsqu'elle dépasse 38°5 C chez le nourrisson ou qu'elle est mal supportée.
Les parents peuvent s’apercevoir que l’enfant a de la fièvre avant même de la mesurer : les signes caractéristiques sont la fatigue et un abattement, des yeux brillants, une peau sèche et chaude surtout sur le visage et le dos la peau est plutôt humide et légèrement froide sur les jambes et les bras), une respiration accélérée et une soif intense.
La meilleure façon de mesurer la température d’un enfant est d’utiliser un thermomètre électronique par voie rectale (par l’anus). L’utilisation d’un thermomètre électronique dans la bouche demande plus de temps et la température mesurée doit être corrigée, la bouche étant moins chaude que le corps.
Les thermomètres infrarouges à utiliser dans l’oreille sont rapides (une seconde) mais exigent une bonne technique pour viser le tympan avec l’appareil.
Les bandelettes à poser sur le front sont réservées à certaines circonstances.
La fièvre peut avoir des effets délétères chez le nourrisson et chez le jeune enfant. Ce sont essentiellement les « convulsions hyperthermiques » et la déshydratation, mais aussi de façon très exceptionnelle (mais très grave), le « syndrome fièvre-hyperthermie » ou « hyperthermie majeure du nourrisson ».
• Les « convulsions hyperthermiques » sont fréquentes (environ 3 % des enfants de moins de 5 ans). Ce sont des crises convulsives occasionnelles survenant à l’occasion d'une élévation thermique et ne s'accompagnant pas de signes d’infection du système nerveux central. Elles peuvent avoir un caractère de prédisposition familiale.
Les convulsions fébriles dites « simples » sont les plus fréquentes et leur pronostic est bon. Elles surviennent chez les enfants entre 9 mois et 5 ans (maximum dans la 2ème année) et sont généralisées : le corps de l’enfant se raidit brusquement, il roule des yeux et a des spasmes des bras et des jambes, parfois du corps tout entier. Ces convulsions ne durent guère plus de quelques minutes (moins de 15 minutes), mais elles nécessitent la consultation d’un médecin. L’examen neurologique au décours de la crise est normal.
• Chez les bébés qui ne boivent pas suffisamment, une forte fièvre peut entraîner une déshydratation du fait de l’augmentation des pertes d'eau par sudation et perspiration si ces pertes ne sont pas compensées. Le risque de déshydratation est particulièrement important si l'enfant a en plus des troubles digestifs (diarrhée, vomissements).
• Le « syndrome fièvre hyperthermie » ou « hyperthermie majeure » se voit surtout avant un an et sa cause est inconnue. Il associe une fièvre très élevée, une chute de la pression artérielle (« collapsus »), une atteinte de plusieurs organes (« multiviscérale »), notamment du cerveau avec coma et convulsions, et un trouble de la coagulation (« coagulation intravasculaire disséminée »). Le décès touche un enfant sur deux et, chez les survivants, il existe très fréquemment des séquelles neurologiques.
Dans de nombreux cas, les poussées de fièvre sont bénignes et disparaissent en moins de trois jours.
En cas de fièvre modérée et si l’enfant la supporte bien, (il joue, mange et boit), il n'est pas en danger, il est donc inutile de traiter la fièvre.
À l'inverse, il faut traiter la fièvre :
• Si elle persiste plus de deux jours,
• Si elle dépasse 38°5 C,
• Si l’enfant a moins de trois mois,
• Si l’enfant supporte mal la fièvre : il est irritable, il mange moins, il ne joue plus...,
• S’il souffre également d'un problème de santé associé.
La fièvre aiguë justifie une consultation en urgence quel que soit l’âge de l’enfant en cas de :
• Convulsions.
• Somnolence ou agitation anormale.
• Perte de connaissance (l’enfant ne se réveille pas ou ne répond pas aux questions).
• Maux de tête ou douleurs de la nuque.
• Difficultés à respirer, coloration bleue des lèvres ou de la peau.
• Taches rouges sur le corps.
• Toux rauque.
• Pleurs incontrôlables.
• Enfant qui souffre d’une maladie chronique (drépanocytose, déficit immunitaire, malnutrition…).
Chez les nourrissons de moins de deux ans, une consultation en urgence est également nécessaire en cas de :
• Baisse du tonus musculaire (l’enfant est « tout mou »).
• Température supérieure à 38°9 C chez un enfant de moins de six mois.
• Température supérieure à 40°5 C chez un enfant de plus de deux ans.
De plus, une consultation dans la journée est nécessaire :
• Pour les enfants de moins de trois mois, quels que soient les signes associés.
• Si l’enfant pleure en urinant ou présente du sang dans les urines.
• Si l’enfant refuse de manger, vomit, souffre de diarrhée ou de maux de ventre.
• Si l’enfant revient d’un voyage dans un pays exotique.
• Si l’enfant boite.
Un seul signe parmi les suivants suffit pour évoquer un haut risque « d’infection potentiellement sévère » (ou « IPS »).
• Troubles de la vigilance et/ou du tonus.
• Anomalies de l’hémodynamique.
• Anomalies de la coloration.
• Signes de détresse respiratoire.
• Signes de déshydratation.
• Signes en faveur d’une infection des parties molles ou du squelette.
• Purpura.
• Troubles du comportement.
• Anomalies du cri.
• Anomalies de la réactivité (à la parole de l’entourage familier ou au sourire, irritabilité ou pleurs inconsolables).
• Difficultés d’alimentation.
Dans le cadre d’une fièvre aiguë (survenue dans les 48 heures le plus souvent, en tout cas depuis moins de 5 jours), l’interrogatoire du médecin précisera :
• Le type de fièvre :
- Circonstances d’apparition : antécédents de griffure de chat, notion d’infection familiale, voyage à l’étranger, état des vaccinations.
- Intensité de la fièvre (au-delà de 39°C, il semble exister un risque de passage dans le sang de la bactérie (« bactériémie »).
• Les signes d’accompagnement : ORL, respiratoires, digestifs, neurologiques, cutanés, autres...
• D'éventuelles modifications du comportement : modification du cri, de la réactivité à la parole, au sourire de l’entourage familier, pleurs incontrôlables, l'enfant « n’est pas comme d’habitude ».
• Le ou les traitements déjà administrés : nature, posologie et voie, réponse au médicament antipyrétique, évolution de la fièvre.
Le médecin réalisera un examen clinique complet, chez un enfant entièrement nu et l’impression d’ensemble, même si elle est subjective, est fondamentale : il faut tenir compte des signes en faveur d’une infection potentiellement grave (teint grisâtre, enfant paraissant fatigué, douloureux, économisant ses mouvements).
Pour les enfants de moins d’un mois, la fréquence des infections bactériennes et leurs risques dans cette tranche d’âge imposent d’hospitaliser ces nouveau-nés en observation jusqu’au résultat des examens obligatoires (cultures du sang, des urines et éventuellement du LCR).
Une antibiothérapie sera débutée dès les prélèvements fait chaque fois qu’il existe un signe de haut risque « d’infection potentiellement sévère » (ou « IPS ») ou en cas d’anomalie biologique.
Chez les enfants de 1 à 3 mois, la fièvre ne doit jamais être considérée comme un signe banal et le risque d’infection bactérienne invasive est plus important que chez l’enfant plus âgé. Les difficultés diagnostiques à cet âge tiennent au caractère non spécifique et souvent peu symptomatique à leur début, des infections potentiellement sévères (IPS). Les signes sont d’autant moins spécifiques que l’enfant est plus jeune.
• Plus des 2/3 de ces enfants ont une infection virale.
• Dans 20 à 25 % des cas, les infections sont d’origine bactérienne.
• Dans 5 à 10 %, ces nourrissons fébriles ont une bactériémie avec ses risques de complications.
L’infection bactérienne la plus fréquente dans cette tranche d'âge est la pyélonéphrite aiguë.
Chez les enfants de 3 mois à 3 ans, la fièvre est un signe très fréquent et les virus sont les premiers responsables (virus respiratoire en saison froide, entérovirus en été), mais le risque d’infections bactériennes sévères n’est pas négligeable.
Depuis la généralisation du vaccin anti-Haemophilus B, Streptococcus pneumoniae est de loin la bactérie le plus fréquemment en cause. Neisseria Meningitidis est celle qui comporte le plus grand risque de méningite.