La fièvre chez l’adulte est une élévation de la température du corps au-delà de 38°C et s’accompagne souvent de signes dus à la maladie qui la provoque. C'est une réaction normale de l'organisme pour l'aider à lutter contre une infection.
La fièvre est le plus souvent le signal qui indique que l'organisme se défend contre une infection virale, bactérienne ou parasitaire. Elle est fréquente dans beaucoup de maladies infectieuses banales (rhinopharyngite, bronchite, angine, otite aiguë...) et c’est même la première cause. Elle y est très utile car elle aide l’organisme à lutter contre les infections virales.
La fièvre aiguë peut avoir d’autres causes infectieuses :
• Infections virales gastro-intestinales (gastro-entérite), bénignes
• Infections virales graves (méningo-encéphalite, myocardite)
• Infections bactériennes des enveloppes du cerveau, les « méninges » (« méningite »), du poumon (« pneumonie » = 50 %), du système digestif (appendicite, cholécystite, colite = 25 %),du rein (« pyélonéphrite » = 5 %), de la peau (« érysipèle », « cellulite ») ou un abcès dentaire
• Infection parasitaire = paludisme (à évoquer devant toute fièvre au retour d’un voyage en pays tropical)
• Infection fongique : aspergillose, candidose invasive (à évoquer devant toute fièvre chez l’immunodéprimé)
• Infection généralisée avec bactéries dans le sang (« septicémie »)
• Infection d’une plaie après intervention chirurgicale, après traumatisme ou après une brûlure grave
La fièvre aiguë de l’adulte peut aussi avoir des causes non-infectieuses :
• Coup de soleil
• Coup de chaleur ou insolation
• Déshydratation extrême
• Cause vasculaire : phlébite, thrombose veineuse profonde, embolie pulmonaire
• Infarctus du myocarde
• Maladies rhumatismales et maladies auto-immunes (lupus, Crohn, rectocolite, polyarthrite rhumatoïde…)
• Tumeurs malignes solides (syndrome paranéoplasique) et cancers du sang
• Hyperthyroïdie
• Réaction à certains médicaments ou à un vaccin, comme celui de la fièvre jaune (syndrome post-vaccinal).
En cas de retour d’un voyage en pays d’endémie, il faut toujours évoquer un paludisme qui peut se révéler comme une simple gastroentérite fébrile.
La fièvre peut être d’origine indéterminée, sans infection, même après des explorations extensives.
Les causes peuvent être variables.
• Causes liées au traitement : défaut d’observance (en particulier en traitement à la maison = traitement « ambulatoire »), antibiothérapie non adaptée au germe (erreur de spectre) ou germe résistant ou de sensibilité diminuée à l’antibiotique, voie d’administration non adaptée au foyer (erreur d’administration avec mauvaise diffusion), dose insuffisante ou interaction médicamenteuse (inducteur enzymatique qui favorise la dégradation prématurée de l’antibiotique).
• Causes liées au foyer infectieux : foyer secondaire à distance ou foyer profond (abcès) ou non accessible (os, cerveau), porte d’entrée non-traitée ou infection associée sur cathéter ou sur chambre implantable pour les perfusions.
• Fièvre non-infectieuse : cause thromboembolique, allergie à un antibiotique, fièvre inflammatoire ou néoplasique.
La fièvre chez l’adulteest considérée comme prolongée quand elle dure plus de 3 semaines : il doit s’agit d’une fièvre quotidienne, sans « intervalle libre », et différente des fièvres à répétition qui sont séparées par des périodes sans fièvres (« intervalles libres »).
• Les infections causent 25 à 40 % des fièvres persistantes :
- Infections bactériennes : endocardite, méningite décapitée, abcès profond (abcès dentaire…), infection urinaire sur malformation ou lithiase, tuberculose, pneumopathie atypique, maladie de Lyme, tuberculose, maladie des griffes du chat, typhoïde, brucellose, fièvre Q, rickettsiose, maladie de Whipple, syphilis…
- Infections virales : Epstein-Barr virus, hépatite virale B, CMV, herpès virus, VIH…
- Parasitoses : autochtone (toxoplasmose, leishmaniose viscérale du sud de la France) ou « d’importation », appelées parfois parasitoses « exotiques » (paludisme, Kala Azar, Larva migrans, amibiase hépatique…).
- Mycoses profondes : candidose sur cathéter, aspergillose ou cryptococcose chez la personne immunodéprimée…
• Les maladies inflammatoires et auto-immunes qui causeraient 10 % des fièvres prolongées : maladie de Horton (fièvre d’origine inflammatoire la plus fréquente au-delà de 60 ans), lupus érythémateux disséminé (femme jeune), périartérite noueuse (arthromyalgies, multinévrite), maladie de Still (polynucléose, hyperferritinémie), maladie périodique (caractère familial), syndrome d’hyper-IgD, arthropathies microcristallines (goutte, chondrocalcinose) avec des atteintes le plus souvent polyarticulaires symptomatiques et une fièvre récidivante, maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI).
• Les tumeurs malignes solides (rein, ovaire, estomac, foie, pancréas, colon, thyroïde) ou hématologiques (lymphomes, leucémies) sont à l’origine de 10 à 20 % des fièvres prolongées.
• Viennent ensuite : les thromboses veineuses profondes (dont le myxome de l’oreillette), les fièvres de cause endocrinienne (hyperthyroïdie), les hématomes profonds (surtout en cas de traitement anticoagulant), les fièvres factices (« thermopathomimie » ou prise de température falsifiée, et syndrome de Münschhausen ou auto-injection de substances diverses).
• A part, les fièvres médicamenteuses (1 à 2 %), la fièvre survient en général entre 7 et 28 jours après l’introduction d’un nouveau traitement, mais peut survenir jusqu’à 6 mois après l’introduction du médicament. Tous les aspects de courbe thermique sont possibles, du fébricule à la « fièvre hectique », élevée, d’allure infectieuse. Une hyperéosinophilie n’est présente que dans 20 % des cas. Les médicaments principalement en cause sont les antibiotiques, les antiépileptiques, les anti-arythmiques... Il s’agit le plus souvent d’un diagnostic d’élimination et la normalisation de la courbe thermique après interruption du traitement suspecté confirme le diagnostic.
Il existe une forme particulière, le « DRESS syndrome » (Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms), particulièrement grave et imposant un diagnostic rapide pour interrompre le médicament en cause, sous peine d’une évolution possible vers la défaillance multiviscérale et le décès. Le DRESS syndrome régresse en général en plusieurs semaines après l’arrêt du médicament incriminé.
• Dans 15 à 30 % des cas selon les séries de la littérature, la fièvre reste inexpliquée même au terme d’une enquête exhaustive, avec altération possible de l’état général.