Comment faire le diagnostic de brûlures gastriques ?
Une brûlure gastrique traduit généralement une maladie de l’estomac (gastrite, ulcère) ou de l’œsophage reflux gastro-œsophagien, hernie hiatale ou œsophagite), mais elle peut correspondre à des causes plus graves (infarctus du myocarde ou pancréatite) qu’il faut absolument éliminer.
• Une douleur d’origine gastroduodénale siège généralement à l’épigastre et est à type de crampes, de brûlures ou de torsion. Il n’y a pas d’irradiation en cas d’ulcères gastroduodénaux ou de gastrite, mais il peut y avoir une irradiation ascendante en cas d’œsophagite au cours d’un reflux gastro-œsophagien (brûlure ascendante appelée « pyrosis ») avec perception d’un goût acide dans la bouche.
• La douleur ulcéreuse est typiquement une crampe survenant après le repas, c’est-à-dire « postprandiale ». Elle est aussi rythmée par les repas, avec une atténuation par l’absorption des aliments et un réveil lors du début de la digestion : fin du repas pour l’estomac et après le repas pour le duodénum. Sa description est souvent moins typique ainsi que son horaire et sa périodicité. L'examen est le plus souvent normal ou retrouve une douleur provoquée épigastrique. L’endoscopie digestive haute (« fibroscopie gastroduodénale ») retrouve un ulcère duodénal (homme jeune) ou gastrique. Ce dernier doit faire réaliser de multiples biopsies à la recherche d’un cancer ulcéro-végétant.
• La douleur pancréatique siège au niveau de l’épigastre, ou en périombilical, et est typiquement forte et perçue comme une crampe avec une irradiation dorsale qui traverse le corps pour aller dans le dos (« transfixiante »). Le début est souvent brutal, « en coup de poignard » avec une durée sur quelques heures à quelques jours. La douleur peut être déclenchée repas un riche en graisses ou en alcool et est typiquement calmée en position courbée en avant (« prière mahométane ») ou en chien de fusil. La douleur est intense et fréquemment réfractaire aux antalgiques non morphiniques. Elle peut s’accompagner de : malaise, sueurs, vomissements, constipation (« iléus »), diarrhée graisseuse (« stéatorrhée ») et d’un amaigrissement.
Elle correspond généralement à une pancréatite aiguë (alcool, lithiase, médicamenteuse) ou à une poussée aiguë de pancréatite chronique (alcool, héréditaire) ou à un cancer du pancréas.
• Une douleur biliaire (ou colique hépatique) siège dans l’épigastre ou l’hypochondre droit. Elle est forte, à type de torsion ou de crampe, avec une irradiations dans l’épaule ou l’omoplate droite, voire entre les 2 omoplates (interscapulaire). Il n’y a généralement pas de facteurs déclenchant mais elle est aggravée par l’inspiration et la toux (« colique apathique ») et il n’y a pas de position qui calme la douleur (position antalgique). L'irradiation vers l'épaule droite et l'inhibition respiratoire sont évocatrices. Sur un fond douloureux existent des paroxysmes intolérables avec des nausées et des vomissements fréquents en début de crise. Il n'y a pas de signes d'examen en dehors d'une complication, en particulier l'examen abdominal est sans anomalie.
Le traitement antispasmodique peut amener la sédation de la crise qui dure rarement plus de 6 heures. Après une colique hépatique sans lendemain peuvent survenir principalement 2 types de complications : la cholécystite aiguë avec sa fièvre et sa défense de l’hypochondre droit ou l’angiocholite et sa triade douleur, température, jaunisse (« ictère »).
• Une douleur de gastro-entérite est à type de crampe diffuse à tout l’abdomen et sans irradiations. Elle est aggravée par les repas et peut être soulagée par les vomissements et les émissions de selles, mais aussi par les antalgiques simples (paracétamol) et les antispasmodiques. Elle s’accompagne de vomissements, de diarrhée, qui sont au premier plan et, à terme, d’une déshydratation.
Cette douleur correspond en priorité aux gastro-entérites infectieuses et aux intoxications alimentaires, mais aussi à une adénite mésentérique.
• L’infarctus du myocarde et l’angor instable peuvent se révéler par des douleurs épigastriques. Il faut les évoquer en cas de survenue à l’effort, d’oppression, d’irradiation de la douleur vers le thorax, le cou ou au bras gauche, en particulier s’il existe des antécédents ou des facteurs de risque cardio-vasculaires. Un test de régression de la douleur sous dérivés nitrés peut être réalisé (pas très spécifique). Le diagnostic sera confirmé à l’électrocardiogramme et au dosage de la troponine ultra-sensible en unité de soins intensifs de cardiologie (USIC), qui peut éventuellement être répété s’il est initialement normal