Des mots pour les maux
Une « tendinopathie » correspond à l'atteinte d’un tendon d’un muscle, ce que l’on appelle le plus souvent une « tendinite ». Ce dernier terme n’est pas très exact car il n’existe pas toujours d’inflammation.
Une « ténosynovite » est une atteinte inflammatoire primitive de la gaine synoviale qui entoure certains tendons, comme le long biceps au bras.
Une « ténopériostite », ou « enthésopathie », correspond à une maladie de l'insertion du tendon (ou du ligament) sur l'os.
Une « bursopathie » ou « bursite » correspond à une atteinte d’une bourse séreuse. Ces structures sont de petites poches de glissement entre un tendon (ou un muscle) et un os, afin de réduire les frottements et de protéger la structure la moins résistante. Elles peuvent être le siège d'un problème mécanique, inflammatoire ou infectieux.
Une « scapulalgie » est un terme médical pour parler d’une douleur de l’épaule
Comment s’organise l’articulation de l’épaule ?
L'épaule est une articulation dont la mobilité est sans comparaison dans le corps humain : elle permet, en effet, de déplacer le bras dans presque toutes les directions avec des amplitudes articulaires inégalées.
Ceci s’explique par le fait qu’il n’y a pas qu’une seule articulation concernée, mais qu’il s’agit d’un « complexe articulaire », qui regroupe à la fois des articulations classiques ou « vraies » (entre os et os) et des « fausses » articulations (entre os et muscle).
La première « vraie » articulation est le plus importante, elle siège entre l’os du bras, « l’humérus », et la cavité articulaire de l’omoplate, la « glène » : c’est l’articulation « gléno-humérale » mais elle ne permet d’écarter le bras du corps que pendant les 90 premiers degrés (« abduction »), avec quelques degrés de rotation.
Puis interviennent les autres articulations : une autre « vraie » articulation, celle entre la clavicule et le sternum à l’avant du thorax : c’est la « sterno-claviculaire ». Elle est, au final, la seule vraie articulation qui attache le bras sur le corps.
Il existe ensuite 2 fausses articulations (entre os et muscle). La première, c’est l’articulation « sous-acromiale », entre la face inférieure de l’épaulette osseuse du dessus de l’épaule (« l’acromion ») et la coiffe musculaire qui enveloppe la tête de l’os du bras (« l’humérus »). Cette fausse articulation se fait par l’intermédiaire d’une bourse de glissement, la « bourse sous-acromio-deltoïdienne » qui est concernée au premier chef dans les douleurs de l’épaule. La deuxième fausse articulation est l’articulation entre la face antérieure de l’omoplate (recouverte de muscles) et la face postérieure du thorax ou « articulation scapulo-thoracique ».
Au final, c’est l’ensemble de ce « complexe articulaire » qui autorise cette mobilité extraordinaire du bras sur le corps.
L’inconvénient de cette mobilité est que l’articulation gléno-humérale n’est pas une articulation anatomiquement stable : c’est une articulation avec une cavité articulaire très peu profonde (« peu congruente »), facteur d’instabilité. Il existe bien une sorte de ménisque dans l’articulation (le « bourrelet glénoïdien ») qui est une cale circulaire faisant le tour de l’articulation afin de la rendre un peu plus profonde et plus congruente, mais c’est presque exclusivement l’ensemble des muscles autour de l’articulation gléno-humérale, qui permet un centrage actif et dynamique, permanent, de la tête de l’humérus dans la glène de l’omoplate, et donc la stabilité de l’articulation, quel que soit le mouvement.
La stabilisation musculaire et le centrage actif de la tête humérale dans l’articulation de l’omoplate sont donc assurés par 5 muscles dont les tendons se réunissent pour former une coiffe tendino-musculaire sur la tête humérale (« coiffe des rotateurs »). Celle-ci est située juste sous l’os de l’épaulette de l’épaule (« l’acromion »), à un endroit qui est naturellement très étroit. D’avant en arrière, on trouve : le long biceps, le sus-épineux (« supra-spinatus »), le sous-épineux (« infra-spinatus ») et le petit rond (« teres minor »).
Une « bourse sous-acromio-deltoïdienne » est interposée entre l’os de l’acromion et la coiffe des tendons des muscles rotateurs : elle joue donc un rôle fondamental de protection des structures tendino-musculaires de la coiffe vis-à-vis de l’os de l’acromion en haut (et surtout son extrémité externe ou « bec de l’acromion »). De la même façon, une gaine tendineuse protège le tendon du long biceps de l’os vis-à-vis de l’os de la coracoïde en avant.
La stabilité de l’épaule est donc assurée en permanence par le bon fonctionnement coordonné des muscles et ligaments de la coiffe, mais cette coiffe est vulnérable et fragile : les risques de lésions augmentent au fil du temps et des traumatismes. Ainsi ces lésions sont plus fréquentes dans la deuxième partie de la vie et les personnes âgées, en particulier en cas de travail manuel en élévation des bras, se plaignent souvent d'avoir mal à une épaule, voire aux deux. La perte de coordination des muscles de l’épaule, à cause des lésions et de la douleur, aggrave le risque de récidive de conflit : c’est le « cercle vicieux ».
Qu'est-ce qu’une douleur de l’épaule ?
Les douleurs qui se situent dans la région de l’épaule peuvent être parfois difficiles à analyser car mal localisées ou diffuses, surtout si elles durent depuis quelques semaines : on dit que la douleur fait « tache d’huile », c’est-à-dire qu’elle s’étend au-delà de la zone initiale avec le temps. Surtout, l’épaule peut être le siège de douleurs qui viennent en réalité d’ailleurs.
La connaissance des circonstances de survenue de la douleur est donc essentielle car elle permet souvent d’orienter le diagnostic. Il faut tout d’abord savoir si le début de la douleur est brutal et en contexte traumatique (accident ou chute avec choc direct ou craquement), ou au contraire insidieux et sans notion d’accident.
Il est nécessaire de comprendre quelle est l’influence sur la douleur des mouvements du bras et savoir si cela fait surtout mal surtout lors des mouvements et si la douleur s’estompe au repos.
De la même façon, l’influence sur la douleur des mouvements du cou ou de la respiration seront prises en compte.
Souvent, l’examen de l’aspect de l’épaule ne présente pas d’anomalie notable.
L’examen clinique détaillé, réalisé par le médecin, reposera d’abord sur l’examen de la dynamique passive de l’épaule, lors d’un mouvement d’écartement des bras (« abduction »), puis sur l’existence d’une douleur provoquée lors de contractions précises de certains muscles de l’articulation, en mobilisation passive, ou active, et en contraction contre résistance. Ces manœuvres sont spécifiques des différentes structures articulaires et péri-articulaires à tester.
Qu'est-ce qui n’est pas une douleur de l’épaule ?
Il faut toujours éliminer une douleur extérieure à l’épaule mais qui s’y projette. Elle vient le plus souvent du cou, mais elle peut aussi venir de l’intérieur de la poitrine ou du ventre, ainsi que certaines maladies très particulières.
Une douleur neurologique, en rapport avec une irritation radiculaire au niveau de la colonne vertébrale, peut se manifester comme une douleur de l’épaule (« névralgie cervico-brachiale C5 »). Le diagnostic peut en être fait en analysant l’impact des mouvements de la colonne vertébrale cervicale sur la douleur et les réflexes ostéotendineux.
Une douleur liée à un infarctus du myocarde (ou à une pancréatique aiguë) peut se traduire par une douleur projetée à l’épaule gauche.
Une douleur liée à l’inflammation de l’enveloppe des poumons (la « plèvre »), ou « pleurésie », peut se manifester par une douleur de l’épaule droite ou gauche selon le côté de l’inflammation de la plèvre.
Une douleur en rapport avec une maladie du foie (« colique hépatique ») peut aussi se manifester par une douleur atypique de l’épaule droite.
Une douleur liée à une tumeur d’un des sommets des poumons (syndrome de « Pancoast-Tobias ») se traduit par une douleur de l’épaule où la douleur est généralement permanente, jour et nuit, avec un caractère particulier (sensations de décharges électriques).
Plus rare, une atteinte inflammatoire aiguë d’une racine nerveuse (« radiculonévrite »), dite « syndrome de Parsonage et Turner », avec perte de la force et de la masse musculaire rapide (« amyotrophie ») de l’épaule et du bras, peut donner également une douleur d’épaule. Elle survient de façon caractéristique dans les 15 jours suivant une vaccination ou un épisode infectieux viral aigu, voire un traumatisme.
Plus particulière sont les douleurs du nerf sus-scapulaire chez les sportifs et en particulier ceux qui « smachent » (tennis, volley…) : il s’agit d’une douleur postérieure de l’épaule, avec amyotrophie associée des muscles sus- et sous-épineux. Elle est électivement réveillée à la pression du bord supérieur de l’omoplate. Une atteinte du nerf grand dentelé donne également une douleur vague de la face postérieure de l’épaule et le diagnostic est posé devant un décollement anormal du bord central de l’omoplate (près de la colonne vertébrale) quand on demande à la personne de faire des pompes. Une atteinte du nerf circonflexe se traduit généralement par des douleurs vagues et une diminution de la sensibilité du moignon de l’épaule.