La douleur de l’épaule est fréquente, en particulier après 50 ans, et correspond le plus souvent à une atteinte des tendons des muscles de l’épaule (la « coiffe des rotateurs ») en rapport avec un conflit avec l’acromion, l’os de la partie supérieure de l’épaule : c’est le « conflit sous-acromial ». De nombreuses autres maladies rendent cependant le diagnostic parfois délicat.
En dehors des erreurs diagnostiques qui mettraient en péril la vie des malades (diagnostic tardif d’un infarctus du myocarde, d’une pleurésie, d’une tumeur du sommet du poumon…) et des lésions à la suite d’un traumatisme qui peuvent exposer à un défaut de consolidation, le risque est principalement celui de l’altération progressive des tendons de l’épaule, les exposant à une rupture et à l’apparition d’une arthrose secondaire.
Il est absolument indispensable de consulter en urgence en cas de douleur atypique de l’épaule gauche, peu corrélée aux mouvements du bras, et s’accompagnant d’un malaise ou de palpitation, en particulier si cette douleur s’accompagne d’autres douleurs plus typiques (douleur de la poitrine ou du bras, douleur des mâchoires…) et d’antécédents cardiovasculaires : il s’agit probablement d’un infarctus du myocarde qui nécessite une hospitalisation en extrême urgence pour déboucher l’artère coronaire.
En cas de douleur de l’épaule avec fièvre et gêne respiratoire et douleur majorée lors de la respiration, il peut s’agir une pneumonie du sommet du poumon correspondant ou d’une pleurésie (épanchement de la plèvre) qui nécessite un traitement antibiotique urgent. Une infection bactérienne de l’épaule (ou « arthrite septique ») est déclenchée par les mouvements du bras, limite les mouvements et s’accompagne de fièvre. Elle nécessite un prélèvement de liquide articulaire et un traitement antibiotique urgent.
En cas de douleur de l’épaule après un traumatisme brutal, il faut penser à une fracture ou une luxation et consulter en urgence.
En cas de douleur extrême, qui peut faire évoquer une rupture de calcification, une consultation urgente est nécessaire pour poser le diagnostic, éliminer une infection (arthrite ou bursite septique), et soulager la personne malade avec des médicaments et éventuellement des infiltrations.
Le diagnostic d’une douleur de l’épaule repose sur un interrogatoire sur les circonstances d’apparition de la douleur et les gestes déclenchants, ainsi qu’un examen clinique soigneux testant les différents muscles et tendons concernés, ainsi que les mobilités, et plus généralement l’état du patient.
C’est seulement après cette phase d’examen qu’il sera possible de poser les bonnes indications d’examen complémentaire et de soulager le malade. En effet, les lésions de la coiffe des rotateurs sont assez banales après la quarantaine et le risque est de poser un diagnostic de tendinite par excès.
L'interrogatoire précise le geste qui a déclenché la douleur : geste répétitif sportif ou professionnel ou geste traumatique. La douleur est de rythme mécanique le plus souvent, avec, parfois, la transformation progressive en un rythme mixte (douleur incomplètement soulagée au repos ou douleur nocturne lors de l'appui).
L'examen clinique va rechercher une douleur à l'insertion ou sur le trajet d’un tendon, majorée à la palpation et à l’étirement passif du tendon et une douleur à la contraction du muscle du tendon contre résistance de la part de l’examinateur. En revanche, les mobilités passives de l'articulation qui ne mobilisent pas le tendon sont strictement indolores.
Il s’agit essentiellement d’éliminer la présence de signes inflammatoires qui pourraient faire évoquer une infection, en priorité, puis un rhumatisme inflammatoire ou à microcristaux. Il faut également éliminer une cause iatrogène liée à l'infiltration de corticoïdes, à la prise de corticoïdes ou à la prise d’un antibiotique de type quinolone, qui peut déclencher des tendinopathies (en général plutôt achilléennes).
Un bilan biologique est parfois demandé à la recherche d'un syndrome inflammatoire ainsi que des radiographies standard de la région douloureuse, comparatives, qui permettent de vérifier l'intégrité de l'interligne articulaire et de rechercher l'existence d'une éventuelle tendinopathie calcifiante.
L'échographie peut être utile pour confirmer une atteinte tendineuse, rechercher une bursite ou d’un épanchement de la gaine d’un tendon associée, éliminer une rupture tendineuse et éventuellement guider l'injection sous acromiale ou péri-tendineuse d’un corticoïde.
L'IRM est surtout utile pour confirmer l'origine inflammatoire d'une enthésopathie chronique, ou pour diagnostiquer une algodystrophie, ou pour faire le bilan d’une rupture de coiffe
En cas de fièvre, une ponction de la bursite avec analyse cytobactériologique du liquide de ponction est indispensable pour rechercher un germe. On y recherchera également des microcristaux en lumière polarisée.