Comment faire le diagnostic de syndrome hémolytique et urémique ?
Le SHU peut être très brutal : les enfants ont généralement d’abord des vomissements et une diarrhée, celle-ci étant souvent sanglante, ce qui doit inquiéter les parents.
Les principaux symptômes des complications du SHU sont liés aux caillots sanguins qui se forment dans les reins, entraînant des lésions généralement graves et qui évoluent souvent vers une insuffisance rénale aiguë nécessitant une dialyse. Le SHU ne provoque des symptômes cérébraux que dans un cas sur quatre.
En dehors des examens de sang qui objectivent l’anémie hémolytique et la thrombopénie (NFS-plaquettes et réticulocytes) et l’insuffisance rénale (créatininémie, HLM), ce sont des analyses spécialisées dans les laboratoires de référence qui font le diagnostic, d’où la nécessité d’une hospitalisation.
Une infection à E. coli producteurs de shiga-toxines est, en effet, confirmée par le Centre national de référence (CNR) des E. coli et Shigella ou dans les laboratoires associés au CNR, soit par mise en évidence d’anticorps dans le sang du malade ciblant l’un des huit sérogroupes des EHEC les plus fréquemment rencontrées en France (O157, O103, O26, O145, O91, O111 et O128, O55), soit par isolement de souches EHEC ou par détection par PCR de gènes codant pour les shigatoxines (stx, eae), dans les selles.
Que peut-on faire en cas d’intoxication alimentaire et de SHU ?
La diarrhée et les vomissements entraînent une perte importante d'eau et de sels minéraux. Il faut donc boire beaucoup, mais progressivement, sur la journée, par petites quantités, en alternant de l’eau avec des bouillons, ou un coca dégazéifié, qui apporteront également des sels minéraux.
Il ne faut pas prendre d’anti-diarrhéique sans avis médical car en cas de diarrhée d’origine infectieuse, cela risque de provoquer une persistance des matières fécales infectées dans l’intestin, ce qui peut conduire à l’apparition de complication infectieuses locales potentiellement graves. Il en est de même des antibiotiques, qui en cas de SHU risque d’augmenter la libération de shiga-toxine par destruction des E. coli.
En cas de crampes et de douleurs du ventre, il est possible de prendre un antispasmodique, comme du Spasfon®, ou surtout du Spasfon Lyoc® (qui n’a pas besoin d’être avalé et se dissout dans la bouche), en respectant les doses et les indications marquées sur la notice de la boîte.
En de diarrhée sanglante chez le nourrisson et de suspicion de syndrome hémolytique et urémique, la prise en charge est hospitalière avec des mesures symptomatiques. Les formes sévères peuvent nécessiter un traitement par dialyse et/ou transfusion sanguine au sein d’un service de réanimation.
L’éculizumab est un médicament qui inhibe le complément, un composant du système immunitaire. Il réduit le risque de lésions rénales si une dysrégulation du complément est impliquée, et chez certaines personnes, il peut rapidement restaurer une fonction rénale récemment altérée. Les personnes qui prennent de l’éculizumab ont un risque accru de méningite à méningocoque ce qui doit faire réaliser une vaccination préventive.
Quand faut-il consulter un médecin ?
Lorsqu'une intoxication alimentaire avec une diarrhée importante survient chez un jeune enfant, il faut consulter tout de suite un médecin, en particulier lorsque la diarrhée est sanglante et qu’elle s’accompagne d’un malaise général.
S’il n’est pas possible de se réhydrater avec des boissons (vomissements incoercibles), il peut être nécessaire d’aller à l’hôpital pour des perfusions, mais la plupart du temps, un fractionnement supplémentaire des apports hydriques suffira.
Enfin, la persistance des symptômes au-delà de 2 jours, même s’ils ne sont pas très intenses, doit amener à consulter.
Comment éviter d’avoir une intoxication alimentaire et un SHU ?
Lorsque l’on prépare un repas, il faut se laver les mains, et nettoyer les ustensiles de cuisine et les plans de travail, avant, durant et après la préparation des aliments.
Il faut préparer rapidement les aliments et les servir immédiatement. Au cours de la préparation, il ne faut pas laisser les viandes crues, ni les produits laitiers, à la température de la pièce pendant plus de deux heures.
La chaine du froid doit être respectée. Il ne faut jamais laisser décongeler des aliments à température de la pièce. Les couches extérieures des aliments dégèlent avant l’intérieur.
Ces conditions sont propices à la propagation des bactéries. La décongélation des aliments doit se faire au réfrigérateur : placer les aliments sur la tablette inférieure du réfrigérateur et allouer 10 heures par kilogramme d’aliments, pour la décongélation. Les produits emballés sous vide peuvent toutefois être décongelés sous de l’eau froide.
La viande hachée par le boucher à la demande doit être consommée dans la journée, et les steaks hachés surgelés ne doivent pas avoir subi une rupture de la chaine du froid ou une décongélation. Les viandes doivent être cuites pendant au moins 5 à 6 minutes jusqu’à obtenir une température interne supérieure à 65°C : il faut s’assurer que la viande est cuite au centre et qu’elle n’est plus rosée.
Le lait cru et les fromages à base de lait cru ne doivent pas être consommés par les jeunes enfants et en particulier ceux de moins de 5 ans ; préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, etc.), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé.
D’une manière générale, il faut bien laver les légumes, de même que les herbes aromatiques et il faut cuisiner les aliments jusqu’à obtenir une température interne également supérieure à 65°C.