Qui a dit que les cordonniers étaient les plus mal chaussés ? En matière de tabagisme au contraire, une étude publiée aujourd’hui dans la revue médicale JAMA démontre que les professionnels de santé fument moins que leurs patients. En tout cas, aux Etats-Unis.
Près de 3000 médecins, infirmières, pharmaciens et dentistes américains ont été interrogés entre 2010 et 2011 sur leur statut tabagique et 8% ont répondu « actuellement fumeur » contre 16% dans la population générale. Le taux de fumeurs est de 2% parmi les médecins, 3% pour les pharmaciens, 7% pour les dentistes et 11% pour les kinés. Seule les infirmières sont proportionnellement plus fumeuses que les patients eux-mêmes avec un taux de 25% mais les auteurs soulignent qu’il est en baisse par rapport à 2006-2007, signe que les campagnes de réduction du tabagisme portent progressivement leurs fruits.
En France, la situation est assez différente des pays anglo-saxons et la différence n’est pas aussi marquée entre les professionnels de santé et le reste de la population. Les données les plus récentes sont issues du baromètre santé 2010 de l’INPES et portent globalement sur les professionnels de la santé humaine et de l’action sociale. S’ils font partie des secteurs d’activité les moins portés vers la cigarette, avec l’enseignement, l’information/communication et l’administration, la part des fumeurs quotidiens parmi ces professionnels est tout de même de 30% contre 33,5 pour la population générale, 44% dans le secteur de la construction et 45% dans la restauration.
Si le tabagisme des soignants est ainsi scruté, c’est qu’il influence leur action préventive auprès de leurs patients. Une étude menée auprès de 250 médecins généralistes de la Vienne en 2002 et publiée dans la Revue des maladies respiratoires montrait que les médecins fumeurs n’étaient que 33% à demander systématiquement à leur patient, quelque soit son motif de consultation, s’il est fumeur contre 53% parmi les médecins non fumeurs. Ils étaient également moins enclins à interroger les fumeurs sur leur volonté d’arrêt du tabac. Alors que 40% d’entre eux affirmaient que leur tabagisme facilite la communication avec leurs patients sur la cigarette.