Les nouveaux anticoagulants (AOD = anticoagulants oraux directs) ne sont pas plus à risque d’hémorragies que les anti-vitamine K mais ils sont beaucoup plus faciles à manier. Comme tous les anticoagulants, ils exposent à un risque de saignement. Ils sont le reflet d'un compromis efficacité/tolérance validé dans des études rigoureuses.
Par le Dr Damien Amouyel
Comment bien suivre son traitement par AVK ?
Que faire en cas d’oubli d’une prise ?
Y a-t-il des modifications à faire dans son mode de vie ?
Faut-il changer son alimentation ?
Peut-on prendre d’autres médicaments sans en parler à son médecin ?
Comment bien suivre son traitement par AVK ?
Premièrement, il faut toujours avoir sur soi la « carte AVK » : placée à proximité de la carte d’identité ou de la carte vitale, la carte AVK permettra, en cas d’urgence, de signaler au personnel de santé la prise de ce médicament.
Deuxièmement, il faut garder à jour le carnet de suivi des INR : rigoureusement complété après chaque prise de sang, il rend compte de l’historique des bilans biologiques. En analysant les variations de l’INR, tout médecin pourra adapter de façon optimale la posologie du traitement.
Troisièmement, l’utilisation d’un pilulier est vivement conseillée pour éviter les erreurs. Il est généralement constitué de plusieurs compartiments répartis par jours de la semaine et heures de la journée. Remplir systématiquement son pilulier en début de semaine permet d’éviter de prendre plusieurs fois le même comprimé par erreur.
Enfin, la prise du médicament doit se faire chaque jour à la même heure, de préférence celle qui convient le mieux.
Que faire en cas d’oubli d’une prise ?
Tout d’abord ne pas paniquer pour éviter de faire pire que mieux. Dans tous les cas, prévenez votre médecin et consignez cet oubli dans votre carnet de suivi des INR. Si vous vous en rendez compte dans un délai de moins de 8 heures après votre heure habituelle de prise, prenez la dose oubliée. En revanche, si le délai est supérieur à 8 heures, ne la prenez pas. Le lendemain, continuez votre traitement à la dose et à l’heure habituelle.
Il est formellement interdit de doubler la dose pour compenser l’oubli de la veille. En effet, cela augmenterait le risque d’hémorragies.
Y a-t-il des modifications à faire dans son mode de vie ?
Etre sous traitement AVK nécessite plusieurs aménagements dans son mode de vie afin d’éviter des situations à risque de complications hémorragiques. Cela tombe sous le sens, mais les « activités violentes » sont à bannir. Les sports de combats comme le judo, la boxe, le karaté sont susceptibles d’entraîner des hématomes et des blessures. Pour les personnes âgées, il est vivement conseillé d’adapter le domicile pour éviter au maximum les risques de chutes : retirer des tapis trop encombrants, faire installer un monte-escalier, aménager une chambre au rez-de-chaussée, ou augmenter la luminosité des pièces. Pour aider son patient au mieux, le médecin traitant pourra éventuellement faire appel à un ergothérapeute.
Faut-il changer son alimentation ?
Sous AVK, il est conseillé de ne pas abuser d’aliments contenant naturellement de la vitamine K. En effet, un apport important en vitamine K agirait contre le médicament en fournissant aux facteurs de la coagulation, l’élément nécessaire à leur activation. Les aliments les plus riches en vitamine K sont les légumes verts comme les choux, les épinards, ou les haricots verts. On en trouve également dans les margarines et les huiles végétales. Leur consommation doit être modérée et régulière mais ne doit pas tomber dans l’excès. Ni trop, ni trop peu. Certaines études ont montré qu’une modification excessive de l’alimentation, dans un sens ou dans un autre, pouvait majorer le risque de déséquilibre du traitement chez des patients instables.
Peut-on prendre d’autres médicaments sans en parler à son médecin ?
Non, il faut toujours consulter son médecin avant de prendre un médicament quand on est sous anticoagulant. De toute façon, que ce soit sous AVK ou sous n’importe quel autre traitement, l’automédication est à proscrire car elle peut être très dangereuse. L’inconvénient majeur des AVK est leur grande liste d’interactions médicamenteuses et alimentaires. Plus d’une cinquantaine de molécules peuvent modifier l’action anticoagulante des AVK, en la diminuant ou en l’augmentant. L’introduction d’un nouveau médicament devra être scrupuleusement étudiée et réfléchie par le médecin lui-même. Prendre de soi-même un médicament de son armoire à pharmacie sans l’avis préalable d’un médecin peut avoir des conséquences gravissimes.