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Greffe

Un utérus de mère en fille

Une première mondiale ! Des Suédois ont greffé à deux jeunes femmes l’utérus de leurs mères pour leur permettre d'avoir un enfant. Un espoir pour des milliers de femmes privées d'utérus.

Un utérus de mère en fille Une partie de l\'équipe de chirurgiens suédois qui ont réalisé la greffe d\'utérus (AFP)




Mettre au monde un enfant grâce à l’utérus de sa mère, c’est l’expérience inédite que s’apprêtent à vivre deux jeunes femmes suédoises. Agées d’une trentaine d’années, elles veulent devenir mère mais ne le peuvent pas car elles n’ont pas d’utérus. L’une  s’est fait retirer son utérus parce qu’elle souffrait d’un cancer du col, et l’autre est née sans utérus, victime d’une maladie rare appelée le syndrome de Rokitanski. Pour elles, tous les progrès de la procréation médicalement assistée n’ont rien changé au cours de leur vie. La seule issue pour être mère, c’était l’adoption.

Des chercheurs de l’université de Göteborg viennent de leur donner l’espoir de porter un jour leur enfant. En effet, ces deux jeunes viennent de subir une greffe d’utérus. Et pour la première fois au monde, la donneuse est la mère de la receveuse ! Cet exploit est l’aboutissement de plus de dix ans de recherche. Et pas moins de dix chirurgiens - qui s’entraînent eux aussi depuis plusieurs années - ont pratiqué cette intervention.


Comment s’est déroulée la greffe ? 
Les médecins suédois ont tout d’abord porté un soin tout particulier au choix du « couple » donneuse-receveuse. Ils ont donc évalué l’utérus de la mère afin de savoir s’il était capable d’accueillir un embryon et de favoriser son développement. La qualité des liens entre la mère et la fille a aussi été étudiée. Ensuite, les fécondations in vitro ont été réalisées, et les embryons ont été congelés. Il ne restait plus qu’à prélever l’utérus chez la mère et à l’implanter chez la fille.


Ecoutez le Dr Pascal Piver
, responsable du centre d’Aide médicale à la procréation au CHU de Limoges : « Cette intervention chirurgicale présente des risques pour la donneuse ».



Quelques jours après la greffe, il est donc trop tôt pour parler de réussite. En 2002, une femme avait été opérée en Arabie Saoudite. Trois mois après l’opération, le greffon avait été rejeté. Il va donc encore falloir attendre un an avant de pouvoir implanter les embryons chez les deux jeunes Suédoises greffées et quelques mois encore avant de pouvoir affirmer que la grossesse est un succès. L’une des questions qui se pose est l’impact sur le fœtus des traitements immunosuppresseurs, qui sont inhérents à toute greffe. D’ailleurs, pour exposer le moins possible la receveuse aux effets secondaires de ces traitements, l’utérus sera retiré dès que la femme aura pu donner naissance à un ou deux enfants, selon les souhaits du couple.

En France, une telle intervention est-elle possible ? Pour le moment, nous en sommes au stade de la recherche. Des expérimentations ont été menées chez la brebis par l’équipe du CHU de Limoges, afin d’évaluer la faisabilité du prélèvement de l’utérus. Mais d’ores et déjà, Pascal Pivert n’est pas tout à fait d’accord avec ses confrères suédois qui ont eu recours à des donneuses vivantes.


Ecoutez le Dr Pascal Piver
: "Il est discutable de prélever un organe sur une personne bien portante pour greffer un organe non vital."


Recourir à des prélèvements sur des donneuses décédées est donc la voie privilégiée par les Français. Reste à savoir si après avoir prélevé un cœur, un foie puis des reins, il est techniquement possible de prélever également un utérus.
La question est centrale car le débat éthique n’est pas tout à fait le même lorsqu’il s’agit de donneurs vivants ou décédés. Le recours à un donneur vivant pour une greffe de rein ou de foie paraît plus acceptable puisque la vie du receveur est en jeu. Bien sûr, pour les femmes privées d’utérus, les travaux des médecins suédois représentent un vrai espoir. En France, une fille sur 4500 est touchée par le syndrome de Rokitanski, et vient donc au monde sans utérus. Quant aux hysterectomies, il y en a environ 70 000 par an mais la majorité concerne des femmes qui ne sont plus en âge de procréer.

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