Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a décidé, ce jeudi 16 janvier, de maintenir en vie Vincent Lambert, un tétraplégique de 37 ans en état de conscience minimale depuis cinq ans après un accident de la circulation. En se prononçant contre l'euthanasie passive de cette homme, la justice a relancé l'épineuse question de la fin de vie en France. Mais selon Me Jean Paillot, avocat des parents de Vincent, farouchement opposés à l'euthanasie passive de leur fils, les juges n'ont fait qu'appliquer strictement la loi Leonetti sur la fin de vie qui n'admet pas l'euthanasie passive. Lui estime que cette loi ne prévoit que l'abstention thérapeutique. Contacté par pourquoidocteur, il confie : « les condtions prévues par la loi Leonetti pour mettre fin à la vie de Vincent Lambert n'étaient pas requises. »
Vincent Lambert n'est pas atteint d'une maladie incurable
Selon l'avocat des parents de la victime, la loi Leonetti s'applique uniquement lorsque l'acte médical pratiqué par les médecins est inutile, disproportionné, et qu'il n'a pour finalité que de maintenir artificiellement la vie de l'individu. Or, ce juriste explique que Vincent Lambert n'est pas en fin de vie. Il a donc rappelé aux juges que même si Vincent Lambert est très lourdement handicapé, il n'est pas atteint d'une maladie incurable pour laquelle il faudrait mettre fin à ses souffrances. Le tribunal a donc suivi ce raisonnement en jugeant que les traitements devaient se poursuivre. « C'est un respect strict de loi Leonetti qui place au dessus de tout la vie et la dignité de la personne. Arrêter l'alimentation de Vincent Lambert aurait dégradé rapidement l'état de santé de Vincent Lambert, et il serait mort dans l'irrespect de la loi », soutient l'avocat
Ecoutez Me Jean Paillot, avocat des parents de Vincent Lambert : « Leur fils est très lourdement handicapé, mais il n'est pas atteint d'une maladie incurable...»
Aucune preuve de la volonté d'en finir n'a été exprimée
Par ailleurs, la femme de Vincent Lambert a souvent répété que son mari aurait souhaité qu’on interrompe sa vie dans une telle situation. Mais en l'absence de directives anticipées rédigées par Vincent, et à cause de la division de la famille, les juges ont préféré rester prudents. Me Jean Paillot rappelle par ailleurs que la famille et les médecins ont souvent répété avoir eu des preuves de la volonté de Vincent d'arrêter les traitements. « Or, ils ont été incapables de les fournir devant la justice », précise l'avocat. Et ce dernier de rajouter que dans ce contexte, il aurait été surprenant que les magistrats aillent dans le sens inverse de ce qu'avait soutenu le rapporteur public hier.
Ecoutez Me Jean Paillot : « L'hôpital et la famille ont tous deux été incapables d'apporter la preuve que Vincent Lambert voulait en finir...»
Quoi qu'il en soit, selon des sources proches du dossier, l’avocat de François Lambert, neveu de Vincent Lambert favorable à l’euthanasie passive de son oncle, a indiqué qu’il pourrait faire appel devant le Conseil d’Etat. Interrogée sur cette affaire, la ministre de la santé, Marisol Touraine, a déclaré sur Europe 1 : « la loi Leonetti sur la fin de vie ne suffisait à l'évidence pas. Il ne m'appartient pas de commenter une décision de justice, d'autant moins que je crois savoir que l'épouse de Vincent Lambert va introduire un recours devant le Conseil d'Etat et que donc la procédure se poursuit. »