L'agression d'un infirmier dimanche dernier à l'hôpital de la Conception à Marseille (AP-HM) continue de susciter de vives réactions. C'est à présent à la Fédération hospitalière de France, qui rassemble les cadres et les directeurs hospitaliers, de demander un renforcement de la sécurité dans les hôpitaux.
La FHF demande au gouvernement de « prendre toutes les mesures pour que la sécurité des agents soit assurée sur les sites hospitaliers les plus sensibles, par le renforcement des forces de police quand cela s'avère nécessaire. » En outre, la Fédération estime que « la montée de la violence aux urgences et dans les hôpitaux atteint un niveau inacceptable. L'hôpital se doit d'assurer la sécurité de ses agents, mais ne peut dans certains cas le faire seul », conclut-elle.
Cet appel aux pouvoir publics faisait suite au déplacement dans la matinée de Jean-Marc Ayrault, accompagné de cinq ministres dans le service des urgences de La Conception, où a eu lieu l'agression. Le Premier ministre a demandé au directeur général de l'Agence régionale de santé Paca, Paul Castel, d'organiser une réunion mercredi prochain sur le thème de la sécurité. Cette réunion devrait associer des représentants de l'AP-HM, notamment des urgences, de la police, ou encore de la mairie de Marseille. L'objectif est « qu'une solution durable soit trouvée pour assurer la sécurité des patients et du personnel des hôpitaux », a indiqué le chef du gouvernement.
Mais les débats risquent d'être tendus. La réponse à apporter face aux aux violences divise la communauté hospitalière. Deux visions s'affrontent.
Contacté par pourquoidocteur, le Pr Marc Alazia, chef de service aux urgences de l'hôpital de la Conception, propose une solution radicale. Exaspéré par les agressions verbales ou physiques qui se multiplient dans son service, ce médecin demande à la direction générale de son établissement, « la présence aux urgences d'une force de police dissuasive et 24H/24 ».
Cette présence policière dans un univers médical n'est pas du goût de tous les professionnels de santé. Christophe Prudhomme, médecin urgentiste au SAMU de Seine-Saint-Denis, et porte-parole de l'Association des Médecins Urgentistes de France (AMUF), défend des mesures différentes. « Nous pensons que la présence de forces de l'ordre ne va pas améliorer la sécurité aux urgences, bien au contraire, estime-t-il. Face à des individus très excités et souvent alcoolisés, cette présence risque même de faire monter le degré de violence (...). On milite pour une adaptation des locaux, dans laquelle les individus les plus à risque seraient pris en charge via un circuit sécurisé et isolé. Une unité à part qui devra être équipée d'un système de vidéosurveillance. »
Dernière requête de l'association d'urgentistes, la mise en place d'un appel réflexe simplifié à destination des forces de police. « Avec un bouton poussoir on pourrait faire écouter en instantané ce qu'il se passe dans nos locaux. Lorsqu'une situation est suspecte, les policiers pourraient grâce à ce système intervenir au plus vite dès que la situation empire. »