Le cancer de l’ovaire évolue pendant longtemps sans provoquer beaucoup de signes. Enfouis profondément dans le petit bassin, les ovaires sont difficiles à examiner pour les médecins ce qui complique le diagnostic précoce. Le traitement a évolué sur le plan chirurgical et le traitement peut être adapté en fonction des anomalies génétiques.
Des mots pour les maux
Le cancer de l’ovaire touche principalement les « cellules épithéliales », c’est-à-dire les cellules qui forment la paroi externe de l’ovaire.
L’opération chirurgicale la plus courante consiste à retirer les ovaires (ovariectomie) mais également les trompes de Fallope, le corps de l’utérus et son col, il s’agit d’une « hystérectomie totale avec annexectomie bilatérale ».
L’appareil reproducteur de la femme est constitué de trois types d’organes : le vagin, l’utérus et les ovaires. Les ovaires sont situés symétriquement de part et d’autre de l’utérus, auquel ils sont reliés par les trompes de Fallope.
De la forme d’une amande, les ovaires mesurent environ 3 à 4 cm.
Ils ont une double fonction : la fabrication des ovules et la production des hormones sexuelles féminines, les œstrogènes et la progestérone. A chaque période d’ovulation, un ovule est expulsé vers une trompe et l’utérus pour permettre, s’il est fécondé par un spermatozoïde, la formation d’un embryon. Les hormones, quant à elles, servent à préparer l’utérus à la nidification et à exprimer les caractères sexuels féminins au moment de la puberté et régulent les cycles menstruels.
Trois types de cellules composent la structure de l’ovaire. La couche périphérique est composée de cellules épithéliales qui ont un rôle de protection de l’ovaire. Elle est doublée d’une paroi fine et résistante appelée « la capsule ». Les cellules germinales ou follicules ovariens, situés à l’intérieur de l’ovaire, constituent les réserves d’ovules qui seront libérées tous les mois. Enfin les cellules du stroma, qui constituent le tissu de soutien des ovules et garantissent l’intégrité de l’ovaire.
Les cellules ovariennes subissent parfois des modifications qui les rendent anormales et augmentent leur multiplication. La prolifération rapide de ces cellules cancéreuses va former une masse que l’on appelle la tumeur cancéreuse. Plus de 90 % des cancers de l’ovaire se développent aux dépens des cellules épithéliales, on parle alors de « carcinome épithélial ». Les autres types de cancers sont beaucoup plus rares et peuvent concerner les cellules du stroma ou les follicules ovariens.
Lorsque le cancer évolue sans traitement, il peut s’étendre aux organes voisins et aux ganglions : on parle alors de « dissémination locorégionale ». Si les cellules cancéreuses se détachent et partent ailleurs dans l’organisme, elles pourront développer des cancers dits « secondaires » que l’on appelle les « métastases ». Le cancer de l’ovaire métastase préférentiellement dans le foie et les poumons.
Il n’existe pas de cause formellement identifiée responsable de la survenue de cancer de l’ovaire.
Toutefois la présence de facteurs de risque peut favoriser son développement. Il est important d’avoir à l’esprit que la présence d'un ou plusieurs facteurs de risque n'entraîne pas systématiquement l'apparition d'un cancer. De même, l’absence de facteur de risque reconnu n’empêche pas son apparition. Parmi les facteurs de risque démontrés, on retrouve l’âge, les antécédents personnels et familiaux de cancer, les mutations génétiques, l’hormonothérapie, le tabagisme et l’exposition à l’amiante.
• La moyenne d’âge de survenue du cancer de l’ovaire est autour de 65 ans et il est peu fréquent avant 50 ans.
• Concernant les antécédents personnels, les femmes ayant eu un cancer du sein sont plus à risque de faire un cancer de l’ovaire. Pour les antécédents familiaux, le risque est non négligeable lorsqu’une parente affiliée au 1er degré (mère, sœur, fille) ou une parente affiliée au 2ème degré (tante, grand-mère, nièce) ont eu un diagnostic de cancer de l’ovaire. De plus, la présence d’autres types de cancers dans la famille comme le cancer colorectal, du sein, de l’utérus, ou du pancréas est associée à un risque plus élevé.
• La présence de mutations génétiques au niveau des gènes BRCA1 et BRCA2 est responsable d’une probabilité accrue de faire un cancer de l’ovaire, de la même façon que pour un cancer du sein.
• Les traitements hormonaux substitutifs à base d’œstrogènes prescrits lors de la ménopause pour éviter les petits désagréments comme les bouffées de chaleur, s’ils sont prolongés dans le temps, peuvent augmenter le risque de cancer de l’ovaire.
• Les anomalies de la fertilité, plus que les traitements de fertilité, sont associés à une augmentation du risque
• Le tabagisme augmente le risque d’un type de cancer rare de l’ovaire : la tumeur épithéliale « mucineuse ».
• Enfin, en plus de provoquer des cancers de la plèvre, l’exposition à l’amiante peut causer des cancers de l’ovaire, notamment chez les femmes exposées dans leur travail. Il semblerait que les fibres d’amiantes s’accumuleraient dans les ovaires. Les applications de talc sur le périnée, un temps incriminées, ne semblent pas favoriser ce cancer, s'il n'y a pas de fibres d'amiante dans le talc.
En raison de la localisation profonde des ovaires, lorsque le cancer se développe, les signes cliniques sont très discrets voire inexistants. Par conséquent, le diagnostic de cancer est posé généralement très tardivement, au stade avancé de la maladie.
De plus, les signes qui apparaissent ne sont pas spécifiques du cancer de l’ovaire. Une sensation de lourdeur dans le ventre ou le bas-ventre qui peut être accompagnée de maux de ventre et d’une constipation. Parfois des signes gynécologiques sont présents avec des saignements extériorisés par le vagin en dehors des règles les « métrorragies », ou des douleurs lors des rapports sexuels.
Lorsque la tumeur grossit et vient comprimer des organes voisins ou des nerfs, on peut observer des signes de retentissement sur la vessie avec des besoins d’aller fréquemment uriner (« pollakiurie ») et des envies pressantes (« urgenturies »), mais également des douleurs dans le dos ou les jambes.
Plus tardivement, on observera une altération de l’état général avec une perte d’appétit, un amaigrissement et une sensation de fatigue persistante.
Si le cancer évolue au stade avancé de métastases, d’autres signes sont susceptibles d’apparaître comme une accumulation de liquide dans l’abdomen « l’ascite », une accumulation de liquide autour des poumons, « un épanchement pleural », ou un gonflement des jambes « le lymphœdème ».