La leucémie aiguë lymphoblastique (LAL) est le cancer pédiatrique le plus fréquent (2/3 des leucémies de l’enfant) et elle touche plus souvent les enfants que les adultes. Le traitement a fait des progrès considérables mais le système nerveux peut être souvent touché, ce qui impose d’adapter le traitement.
La leucémie aiguë lymphoblastique est un cancer du sang, ou hémopathie. Elle est liée à la transformation maligne puis à la multiplication incontrôlée d'un clone de cellules lymphoïdes immatures de la moelle osseuse, bloquées à un stade précoce de différenciation, les « lymphoblastes ».
Ceux-ci envahissent la moelle osseuse, puis le sang, et éventuellement d’autres organes comme le système nerveux central (le cerveau et les méninges).
La moelle osseuse est étouffée et ne peut plus fonctionner correctement et, notamment, assurer la production des cellules sanguines normales. On parle alors d’insuffisance médullaire.
La leucémie aiguë lymphoblastique est une maladie très hétérogène et les formes cliniques vont de maladie sans aucun signe (LAL asymptomatiques) à des formes aiguës avec hémorragies mettant en jeu le pronostic vital à très court terme, avec infections ou épisodes de détresse respiratoire.
Le diagnostic est basé sur l’examen du frottis sanguin et de la moelle osseuse. L’évolution technologique de la « cytométrie en flux » révolutionne notre capacité à identifier des sous-clones de lymphoblastes au diagnostic et mesurer la maladie résiduelle (ou MRD), tout ceci afin d’améliorer la prise en charge.
Le pic d'incidence de la leucémie aiguë lymphoblastique survient entre 2 et 5 ans. Les signes de la leucémie aiguë sont liés à la multiplication incontrôlée et aiguë des lymphoblastes dans la moelle osseuse qui « étouffe » la moelle, la conduisant à ne plus fonctionner normalement.
Cette insuffisance médullaire est responsable de l’apparition d’une anémie d’installation rapide (diminution des globules rouges et de l’hémoglobine) : elle entraîne fatigue, pâleur, essoufflement à l’effort et palpitations. En raison de la baisse d’autres globules blancs appelés polynucléaires neutrophiles (« neutropénie »), l’organisme devient plus sensible aux infections, notamment dans le poumon (« pneumonies »), parfois à une infection généralisée grave (« septicémie »). Enfin, la baisse de la production des plaquettes aboutit à leur diminution dans le sang (« thrombopénie »), ce qui peut être à l’origine de saignements, plus particulièrement au niveau des muqueuses (saignements du nez et des gencives) et de la peau (hématomes, ou « bleus », au moindre choc). Le tableau clinique se présente donc souvent comme un enfant anormalement fatigué dont le problème clinique évolue rapidement avec des saignements spontanés qui exposent à des risques.
L’accumulation des lymphoblastes dans la moelle osseuse, mais aussi dans d’autres organes, peut provoquer d’autres problèmes : douleurs osseuses assez fréquentes, avec des douleurs articulaires, augmentation de la taille des ganglions (adénopathies) et de la rate (splénomégalie)...
Plus fréquemment que dans la leucémie aiguë myéloïde, les lymphoblastes peuvent s’accumuler dans des localisations particulières, d’emblée ou au cours de l’évolution. Cela peut être un passage dans les espaces qui contiennent le liquide céphalo-rachidien, autour du cerveau et de la moelle épinière. Ils y provoquent alors une atteinte des nerfs crâniens (surtout les 6e et 7e paires de nerfs crâniens) et une méningite avec une augmentation de la pression intracrânienne et des maux de tête.
L’origine des leucémies aiguës lymphoblastiques est encore inconnue et on n’a pas retrouvé de lien direct avec une éventuelle maladie infectieuse, un problème environnemental ou des événements de la vie (sauf pour les LAL apparaissant secondairement à l’explosion d’une bombe atomique).
La LAL n’est ni contagieuse, ni transmissible, ni héréditaire. Il doit donc s’agir d’interactions complexes et multiples entre plusieurs anomalies génétiques et environnementales. Elle peut survenir à tout âge : chez le nourrisson comme chez la personne âgée.
La plupart des leucémies aiguës lymphoblastiques comportent des anomalies génétiques, se produisant spontanément dans d'importants gènes de régulation de la population de cellules lymphoïdes. La translocation la plus commune, t(12 ;21), semble de pronostic favorable. Les LAL de mauvais pronostic expriment des anomalies génétiques particulières : translocations t(9;22) ou « chromosome Philadelphie, t(1;19) et 11q23 (translocation entre le chromosome 11 et plusieurs autres chromosomes).
Les leucémies secondaires à une chimiothérapie sont plutôt des leucémies myéloïdes aiguës, mais avec l’usage croissant d’inhibiteurs de la topo-isomérase, on voit une augmentation du nombre de leucémies aiguës lymphoblastiques.