Anorexie, boulimie et hyperphagie boulimique : ces 3 affections expriment un rapport à la nourriture perturbé et touchent principalement les adolescentes et les jeunes femmes. Un tiers des anorexiques évoluent vers une dénutrition grave et une dépression sévère et, au final, 10% décèdent.
Sous ce terme est regroupé un ensemble de pathologies ou de conduites excessives d’origine psychiatrique lié aux habitudes alimentaires. Culturellement, il est recommandé de réaliser trois repas équilibrés en proportion par jour plus ou moins une collation. Les personnes souffrant de ces troubles vont perturber cet équilibre. Soit en mangeant très peu voire pas du tout, il s’agit de l’anorexie mentale ; soit en mangeant de façon excessive, il s’agit de la boulimie. Ces deux pathologies peuvent également être réunies en une seule, on parlera alors d’anorexie avec accès boulimiques. Il existe beaucoup d’autres formes de troubles du comportement alimentaire moins connus. Par exemple, l’hyperphagie boulimique aussi connue sous le nom de « binge eating » ou encore la pica où les personnes vont ingérer des substances non comestibles (colle, boue, craie…).
L’anorexie mentale est un refus volontaire de prise de poids associé à la peur intense de devenir gros. Afin d’éviter cela, la personne va arrêter de manger, malgré la sensation de faim, pour maintenir un poids très inférieur au seuil minimal recommandé pour son âge et sa taille.
La boulimie se définit par la répétition de crises boulimiques. Ces crises sont caractérisées par l’absorption irrépressible d’une grande quantité de nourriture en très peu de temps. Elles sont accompagnées d’une exaltation intense qui laisse place rapidement à un sentiment de honte et de culpabilité. Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas une maladie d’obèse. Il n’y a pas de prise de poids associée car la personne va ensuite mettre en place des rituels compensatoires pour éliminer les aliments ingérés (vomissements provoqués, exercice physique intensif…).
L’hyperphagie boulimique se manifeste par une surconsommation d’aliments plusieurs fois par semaine sur une période pouvant atteindre 6 mois. Très proche de la boulimie, cette maladie s’en distingue par l’absence de rituels compensatoires. Les patients vont donc prendre beaucoup de poids et se retrouver dans un état d’obésité important et dangereux pour la santé.
En général, les personnes atteintes d’anorexie ou de boulimie sont des adolescentes ou préadolescentes entre 15 et 18 ans. Près d’une jeune fille sur 100 développera une anorexie, ce qui en fait un vrai problème de santé publique. Néanmoins, cette pathologie peut toucher tous les âges de la vie. En effet des cas ont été répertoriés chez des petites filles de 10 à 12 ans, et des femmes de 50 ans. La prédominance féminine est indéniable avec 9 femmes touchées pour 1 homme. Dans la plupart des cas, rien ne pouvait laisser prévoir l’apparition de ces troubles. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées avec une prédominance pour les milieux aisés. Il est souvent retrouvé associé un passage à la puberté mal vécu, une non acceptation du corps changeant, une séparation douloureuse ou un traumatisme quelconque.
L’anorexie mentale est une pathologie qui, si elle n’est pas prise en charge, peut conduire à la mort. Il est donc important de ne pas négliger ce qui peut ne paraître, au premier abord, qu’un caprice d’adolescent. L’anorexie constitue un signe d’alerte qui doit amener à consulter rapidement son médecin traitant. Le malaise psychique d’un anorexique est très intense, il ne se sent pas bien dans son corps, n’arrive pas à trouver de solutions pour s’en sortir, et peut même avoir des idées suicidaires. Cet appel à l’aide ne doit donc pas être pris à tort comme un refus de l’autorité parentale. De même que la boulimie ne doit pas être prise à tort pour un excès de gourmandise.
La dénutrition va entraîner des complications plus ou moins graves au niveau de tous les organes. Les troubles hormonaux sont les plus fréquents. Ils vont se traduire par une baisse de la fertilité, et une ostéoporose. Le déficit en protéines va faire fondre les muscles qui nous font bouger mais aussi ceux du cœur, des vaisseaux sanguins, et du tube digestif. Cela va se traduire, entre autres, par une faiblesse musculaire, des troubles du rythme du cœur, une baisse de la tension, un reflux gastrique, et une constipation. Un apport faible en glucides va toucher principalement le cerveau car ce dernier ne se nourrit que de sucre. On constatera alors un ralentissement psychique, des pertes de mémoire et d’attention. Les carences en nutriments se manifestent par une peau et des cheveux moins beaux, par une anémie révélée par une fatigue, et par des crises d’hypoglycémie. Cet état de dénutrition va jouer indirectement sur le moral par des sautes d’humeur et une irritabilité.
A court et long terme, le risque principal est l’atteinte du squelette. C’est le bon développement des os qui définit la taille de l’âge adulte. Pour bien grandir, un os a besoin de calcium et d’une stimulation hormonale. Le calcium est apporté par l’alimentation et les hormones sont synthétisées par notre corps. Or ces deux éléments essentiels vont être mis à mal dans l’anorexie. En manque de matière première et de stimulation, les os vont être de mauvaise qualité et s’arrêter de grandir. Pourront apparaître une boiterie, des fractures, des problèmes de colonne vertébrale, qui handicaperont les enfants et futurs adultes dans leur vie quotidienne. Mais surtout, ils ne réussiront pas à atteindre leur taille définitive attendue.
Un vomissement n’est pas anodin, surtout s’il est répété. En effet, il consiste en la remontée du contenu acide de l’estomac par l’œsophage pour être expulsé par la bouche. Cet acide puissant, secrété pour digérer nos aliments, va abimer les muqueuses lorsqu’il va sortir de l’estomac. Le patient va souffrir alors de brûlures de l’œsophage avec parfois des saignements. Dans la bouche, l’émail des dents ainsi que les gencives seront altérés. Les poumons pourront également être abimés si un peu de cet acide descend dans la trachée. On retrouve également fréquemment sur les mains entre le pouce et index, des callosités qui apparaissent lorsque la personne s’essuie la bouche.
Oui, et ce risque n’est pas négligeable. L’état de détresse émotionnelle des personnes souffrant d’anorexie ou de boulimie est en cause. Elles vont se retrouver face à un corps qu’elles n’aiment pas, et qu’elles trouveront trop gros quoi qu’il arrive. Elles voient leurs rituels compensatoires inefficaces aggravant le sentiment d’échec, et la baisse d’estime de soi. De plus, l’isolement social et le renfermement n’aident pas ces personnes à éliminer leurs idées noires. Petit à petit, un cercle vicieux va s’installer entre la dépression et le trouble alimentaire qui vont s’amplifier mutuellement. La prise en charge thérapeutique devient alors nécessaire pour éviter toute tentative de suicide, sachant que 22% des anorexiques ont déjà eu des pensées suicidaires. Il est important de souligner que l’entourage du patient lui même peut également être sujet à la dépression, surtout les parents qui se sentent impuissants face au désarroi de leur enfant.