Les personnes bilingues ont un cerveau différent des autres. C’est le résultat d’une étude parue dans Cerebral Cortex. Pas de quoi s’inquiéter, bien au contraire : leur volume de matière grise est plus élevé dans les zones cérébrales impliquant le contrôle exécutif. Cette particularité pourrait bien refléter leur capacité à maîtriser deux langues, d’après les auteurs.
Les chercheurs de l’université de Georgetown (Washington DC, Etats-Unis) ont recruté 45 personnes en bonne santé. Certaines ne parlaient qu’une langue, d’autres deux. Un seul impératif pour qu’elles soient incluses dans le protocole : qu’elles aient appris leur deuxième langue avant 6 ans.
Jongler entre les langues
L’imagerie par résonance magnétique (IRM) a mis en évidence des différences substantielles entre les participants qui ne parlent que l’anglais et ceux qui maîtrisent à la fois l’anglais et l’espagnol. Ces derniers ont davantage de matière grise dans les zones frontales et pariétales, impliquées dans le contrôle exécutif.
Selon les auteurs, cet avantage viendrait de l’habitude à gérer deux langues, à sélectionner la bonne et inhiber l’autre quand le besoin s’en fait ressentir. Ce qui expliquerait que, selon divers travaux, les bilingues sont plus efficaces dans les tâches qui sollicitent l’attention, l’inhibition et la mémoire à court terme.
La langue des signes ne joue pas
Le fait d’apprendre une seconde langue n’a pas toujours le même effet. Pour vérifier la constance de l’impact du bilinguisme, les chercheurs ont analysé le cerveau de personnes qui maîtrisent un langage parlé et la langue des signes. Dans ce cas, aucune différence n’émerge avec les participants monolingues.
Alors comment expliquer que les personnes qui parlent deux langues aient un cerveau si différent ? « Les études précédentes qui ont examiné la différence entre les bilingues et les monolingues ont principalement impliqué des bilingues qui ont appris la deuxième langue plus tard, vers l’âge de 6 ans, voire à l’âge adulte », précisent les auteurs. Cela peut affecter l’anatomie du cerveau.
Il a aussi été démontré que la matière grise dans le cerveau évolue selon le vécu de chacun. Pour un chauffeur de taxi par exemple, la matière grise est plus importante dans les aires impliquées dans la navigation spatiale.