L’humain est-il un être égoïste par nature, ou est-il animé par l’altruisme ? Cette question agite le monde scientifique depuis des décennies. De nombreux chercheurs mènent des travaux pour démontrer que l’homme n’est pas un loup pour l’homme mais au contraire qu’il agit pour le bien de tous. Une thèse confirmée aujourd’hui par une série d’études publiées Human Brain Mapping.
Des scientifiques de l’université de Californie – Los Angeles (UCLA) ont exploré les différentes zones du cerveau responsables de l’empathie et celles qui s’y opposent. Et ils ont découvert que l’altruisme est inscrit au plus profond de nous.
Un altruisme restreint
Dans une première étude, les neuroscientifiques ont étudié une vingtaine de volontaires. Ils ont examiné leur cerveau grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) en s’intéressant particulièrement à l’activité de l’amygdale, du cortex somatosensoriel et insulaire impliqués dans la perception de la douleur. Ils ont également étudié des régions situées dans le cortex préfrontal qui régule le comportement et l’impulsivité.
En parallèle de ces examens neurologiques, les participants ont été invités à jouer à un jeu d’argent. Les joueurs recevaient une certaine quantité d’argent qu’ils pouvaient garder, ou partager avec les autres. Il apparaît que les participants ayant le moins dépensé lors de la partie sont ceux ayant une activité importante dans le cortex préfrontal. A l’inverse, un tiers des volontaires présentant une activité accrue dans les zones responsables de la perception de la douleur volontaires ont été les moins avares. Pour les auteurs, « la force » poussant les joueurs à la générosité est l’altruisme.
Une piste thérapeutique
A partir de cette découverte, les chercheurs ont voulu comprendre comment le cortex préfrontal pouvait bloquer la tendance naturelle à l’altruisme. Pour une seconde étude parue dans Social Neuroscience, les scientifiques ont étudié 58 volontaires. Ces derniers ont expérimenté la stimulation magnétique transcrânienne pendant 40 secondes. Objectif = moduler l’activité de certains neurones dans des régions cérébrales spécifiques pour « éteindre » leur nature égoïste. Pour pouvoir évaluer l’efficacité de cette technique, les participants ont été divisés en deux groupes afin de former un groupe contrôle.
Selon les résultats, les participants ayant reçu des impulsions magnétiques au niveau du cortex préfrontal étaient 50 % plus généreux que le groupe témoin. « Bloquer cette zone semble développer leur capacité d’empathie et de générosité. Nous pensons qu’en tempérant cette zone nous pourrons révéler l’altruisme. Ceci est potentiellement révolutionnaire », s’enthousiasme Leonardo Christov-Moore, l’un des chercheurs de l’étude et chercheur à l’institut de neuroscience et de comportement humain à UCLA. Le neuroscientifique souligne que cette piste thérapeutique est particulièrement intéressante pour les personnes ayant vécu dans des milieux désensibilisant comme la prison, ou les zones de guerre.