La pollution de l’air, et en particulier celle aux particules fines, n’est pas sans conséquences sur la santé de nos enfants. Plusieurs études l’avaient déjà démontré. De nouveaux travaux, menés par le centre Intermountain Healthcare, l’Université Brigham Young et l’Université de l’Utah, vont aussi dans ce sens en mettant en lumière l’impact de la pollution atmosphérique sur les maladies infectieuses pulmonaires des enfants.
Publiée dans l’American Journal of Respiratory and Critical Care Medicine, la revue de l’American Thoracic Society, l’étude s’intéresse particulièrement aux particules fines en suspension dans l’air appelées PM 2,5 (PM pour "Particulate Matter"). Ces particules polluantes, représentant environ 3% du diamètre d’un cheveu humain, sont en constante augmentation dans l’air et sont, d’après les chercheurs, associées au développement d’infections aiguës des voies respiratoires chez l’enfant (ALRI) : la bronchiolite et la bronchite aiguë et, dans certains cas d’exarcerbations de BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive), la grippe et la pneumonie.
"Le résultat le plus important de cette étude est que les processus infectieux des maladies respiratoires peuvent être influencés par la pollution particulaire à divers niveaux", explique le Dr Benjamin Horne, directeur de l'épidémiologie cardiovasculaire et génétique à l'Institut de cardiologie Intermountain Medical Center de Salt Lake City, dans l’Utah.
Les tout-petits particulièrement vulnérables
Avant de parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont étudié 146 397 patients traités pour infection aiguë des voies respiratoires inférieures entre 1999 et 2016 dans les établissements Intermountain Healthcare de la région de Wasatch Front, dans l'Utah. Ils ont alors découvert que ces infections étaient associées à des niveaux élevés de particules PM 2,5 chez les enfants et les adultes. Les nouveau-nés et les tout-petits jusqu’à l’âge de 2 ans semblent particulièrement vulnérables, puisqu’ils représentent 77% des patients.
Les résultats mis en lumière par les chercheurs sont d’autant plus inquiétants qu’ils concernent la région montagneuse de Wasatch Front, où les niveaux moyens de PM 2,5 sont inférieurs à ceux de grandes villes comme Los Angeles ou New York. Toutefois, précisent les scientifiques, la topographie de cette région de l’Utah peut impliquer que la pollution de l’air reste piégée dans les vallées de haute, ce qui peut expliquer cette forte concentration de particules PM 2,5, à des niveaux considérés comme malsains (> 35 microgrammes par m3, et parfois proche de 100 ug / m3).
Mais la région de Wasatch Front n’est pas la seule à être concernée par cette forte pollution atmosphérique. Selon les chercheurs, près de 60% des enfants américains vivent dans des comtés où les concentrations de particules PM 2,5 dépassent les normes de qualité de l’air.
17 décès chez les enfants de moins de 2 ans
Selon les chercheurs, la bronchiolite, est la forme la plus commune d'infection aiguë des voies respiratoires inférieures chez les enfants. Elle se caractérise par une inflammation des bronchioles, les petits conduits respiratoires des poumons, due à un virus qui provoque une obstruction de ces bronchioles
"Dans l'ensemble, il a fallu environ 2 à 3 semaines pour que les hospitalisations ou les visites à la clinique pour une infection aiguë des voies respiratoires inférieures se produisent dans cette étude après que l'augmentation rapide des PM2,5 ait été observée", a déclaré le Dr Horne.
Pour les chercheurs, il y a urgence à prendre des mesures afin de prévenir le développement de ces infections qui peuvent, dans certains cas, être mortelles. Dans une analyse des taux de mortalité au sein de la population étudiée, 17 enfants âgés de 0 à 2 ans, 9 enfants âgés de 3 à 17 ans et 81 adultes sont morts dans les 30 jours suivant le diagnostic d'infection aiguë des voies respiratoires inférieures.
La première des mesures à mettre en place, explique le Dr Horne, est de réduire son exposition à la pollution de l’air. "Une élévation substantielle des PM 2,5 peut aussi servir de rappel ou d'alerte pour éviter les zones et les activités où d'autres personnes peuvent partager une infection avec elles. Il faut aussi rappeler qu’il ne faut pas se toucher le visage avec des mains sales, se laver les mains quand cela est raisonnablement possible ou prudent et adopter d'autres comportements préventifs connus pour réduire le risque d'infection."