Atteint d'épilepsie sévère, un petit garçon est parvenu à retrouver une vie normale après avoir subi une opération à l'âge de 6 ans et 9 mois, qui consistait en une ablation du tiers de l'hémisphère droit de son cerveau. Trois ans après son opération, l'enfant désigné sous ses initiales U.D. a retrouvé sa plasticité visuelle et cérébrale, estiment les médecins qui l'ont opéré et suivi durant toutes ces années. Leurs recherches ont été publiées dans la revue scientifique Cell.
À l'âge de 4 ans, U.D. souffre de sa première crise d'épilepsie. Aucun médicament ne parvient à soulager et à maîtriser ses crises. Quand les médecins découvrent que l'épilepsie du petit garçon est due à une tumeur cérébrale, ils décident de procéder à une ablation du foyer épileptique.
Des capacités intellectuelles adaptées à son âge
Les parties du cerveau retirées à U.D. contiennent le centre de la vision, situé dans le lobe occipital, et les zones liées à la mémoire, au langage et à l'audition, localisées dans le lobe temporal. Les médecins qui ont suivi le petit après l'opération ont évalué l'impact sur ses capacités cognitives et visuelles après l'ablation.
Au cours des trois années de cette enquête, U.D. a passé 5 IRM et a participé à deux séances distinctes de tests comportementaux. Aujourd'hui âgé de 11 ans, il ne souffre plus d'épilepsie. Outre un déficit visuel situé dans sa vision périphérique gauche (hémianopsie), U.D. ne présente aucun trouble cérébral et est parfaitement capable d'identifier les objets et les formes et présente des capacités intellectuelles et aptitudes au langage "adaptées à son âge", affirment les chercheurs.
Plasticité cérébrale
Les IRM effectuées au cours de l'enquête ont par ailleurs montré que les parties droites du cerveau retirées à U.D. ont été compensées par la partie gauche de son cerveau, demeurée intacte. Un phénomène rendu possible grâce à la plasticité cérébrale, c'est-à-dire la capacité du cerveau à créer de nouvelles connexions et à s'adapter à l'environnement et aux expériences vécues par un individu.
Des opérations qui ont déjà fait leurs preuves
Si une ablation partielle du cerveau pour soigner une épilepsie reste rare (environ 4 à 6% patients), elle présente toutefois un taux de réussite de 70% lorsqu'elle est pratiquée chez les enfants. Plus l'ablation est réalisée jeune, moins les effets secondaires se révèlent importants.
En 2015, l'histoire de Cameron Mott, 14 ans, avait ému le monde entier. Victime de graves crises d'épilepsie depuis de plusieurs années, la jeune fille avait été diagnostiquée du syndrome de Rasmussen, une maladie auto-immune dégénérative qui atteint une seule partie du cerveau et qui conduit peu à peu à une perte de la parole et une paralysie partielle.
Pour les médecins, la seule option pour sauver la petite fille était de retirer l’hémisphère droit malade. Ils ont donc pratiqué une hémisphérectomie sur Cameron Mott, qui n'avait alors que 9 ans. Cinq ans plus tard, Cameron vivait comme toutes les autres adolescentes.